Voeux d’Eric ALAUZET : « Des vœux de paix et de concorde. Et donc de fraternité. »

 

Éric Alauzet a présenté ses vœux samedi dernier à la circonscription.

Retrouvez son discours lu à Geneuille devant une assistance venue en nombre, près de 300 personnes.

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Après quelques mots d’accueil chaleureux de M. Petitjean, Maire de Geneuille, Michèle De Wilde, députée suppléante, a redit la fierté de l’équipe parlementaire d’accompagner Éric Alauzet dans son action à l’Assemblée nationale et en circonscription.

Le député, au cours de la Cérémonie, a tenu à avoir une pensée à M. Gaudard, 1er Adjoint au maire de Venise, qui est décédé à la sortie du conseil communautaire du Grand Besançon jeudi soir.

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Mesdames et Messieurs les élus et chers collègues,

Mesdames et Messieurs les représentants des corps constitués,

Mesdames et Messieurs les représentants institutionnels, associatifs, religieux,

Mesdames, Messieurs,

Chers-es amis-es,

Merci de votre présence.

Accueil à Geneuille.

Merci à M. le Maire, cher Jean Claude, d’avoir bien voulu m’accueillir, nous accueillir dans votre bonne cité de Geneuille.

La commune de Geneuille a fait son entrée dans l’agglomération depuis le premier janvier – accompagnée de quelques autres communes du secteur qui ont vécu ce jeudi soir leur premier conseil d’agglomération avec un sujet très important à l’ordre du jour, celui du PLUI, sujet qui traduit la volonté de la Communauté de s’inscrire dans un destin commun en décidant ensemble comment occuper l’espace.

C’est une des raisons qui m’a conduit à choisir Geneuille ce matin. Après Saône en 2013, Novillars en 2014, Nancray en 2015 et Tarcenay en 2016, j’aurai année après année fait le tour de  deuxième circonscription du Doubs.

J’en profite donc pour saluer particulièrement l’ensemble des élus des communes et des communautés (de la CAGB, de Baume les Dames et Loue Lison) et bien entendu vous tous, représentants des collectivités, des administrations et de l’Etat, des associations, des entreprises et des indépendants.

Je suis très heureux de vous retrouver une fois encore à l’occasion de cette nouvelle année 2017.

Une nouvelle fois mais aussi la dernière fois… de ce mandat, je vous rassure. Je rassure en tout cas celles et ceux qui sont présents à Geneuille ce matin.

Je veux vous dire combien ce moment est important pour moi. C’est une occasion unique qui m’est donnée et de m’adresser à vous en direct pour tenter de partager avec vous mes convictions profondes.

Et comme les années précédentes, je vais prendre le temps pour le faire : j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur car je sens cette nécessité.

Des vœux personnels.

Je veux commencer par souhaiter à chacune et chacun d’entre vous,  un parfait accomplissement personnel et la réalisation de vos projets.

Mieux, je NOUS souhaite la réalisation de NOS projets.

Si je dis « NOUS » et « NOS » projets, c’est pour deux raisons : d’abord parce qu’il est bien rare que les projets  que nous menons ne résultent que de notre seul talent. Ensuite parce que c’est bien d’une action collective dont nous avons besoin pour trouver l’issue à nos crises d’aujourd’hui et inventer la société de demain.

En temps normal j’aurais commencé par vous souhaiter d’abord une bonne santé sur le mode : « quand la santé va, tout va ». Je le fais, bien entendu. C’est vrai que sans la santé, il est difficile d’entreprendre et de conduire des projets. Donc, la santé est la condition nécessaire mais elle n’est pas la condition suffisante.

Pour relever les défis, pour passer à l’action, créer, inventer et mener  à bien nos projets, il nous faut aussi de l’envie, de la confiance et de la bonne humeur. Chaque fois que c’est possible. Donc bonne santé et bonne humeur.

J’adresse aussi des vœux à notre pays et à la communauté humaine et universelle. Des vœux de paix et de concorde Et donc de fraternité.

Et j’ajoute un dernier vœu : Que nous soyons en mesure de protéger notre environnement ainsi que notre unique et petite planète !

Pour permettre l’accomplissement de ces vœux, il nous faut, ici comme partout ailleurs, être à l’écoute, bienveillants, solides, créatifs et engagés.

 

 

L’unité et la cohésion sont notre force.

En 2016, comme en 2015, nous avons côtoyé l’horreur.

La France et les Français ont été précipités dans l’effroi et profondément choqués par de nouveaux actes terroristes. Cette horreur qui traverse notre époque se déploie partout dans le monde. Les guerres, les actes terroristes, l‘oppression. En France et en Europe, mais aussi au Moyen-Orient, en Afrique et à travers le monde. A  Nice, à Saint Etienne du Rouvray, à Berlin récemment ou encore en Belgique, en Turquie.

Aussi je veux avoir une pensée pour l’ensemble des victimes, des blessés et de leurs familles qui resteront marqués à jamais.

C’est l’occasion pour moi d’adresser toute notre reconnaissance à l’ensemble des forces de police, de gendarmerie, à l’armée, à la sécurité civile, aux pompiers, aux professionnels du monde sanitaire, qui se sont mobilisés pour protéger, soigner et accompagner les victimes et leurs familles et qui assurent notre sécurité au quotidien.

Je veux rendre hommage plus largement à toutes celles et tous ceux qui sont engagés pour apporter leur pierre au vivre ensemble dans les associations, les entreprises et l’administration.

C’est ce travail de fond qui cimente notre société et qui nous a permis de rester unis face à l’adversité. C’est une grande satisfaction

Bien entendu, nous restons vulnérables. C’est le propre des démocraties de rester à la merci d’actes isolés.

Nous savons que nous pouvons être touchés n’importe où, n’importe quand, n’importe comment. C’est pourquoi nous devons faire bloc, comme le peuple français a toujours su le faire au cours des évènements dramatiques qui ont émaillé son histoire.

L’unité et la cohésion sont notre force.

Et pour faire face, nous devons garder une seule ligne : tenir bon sur nos valeurs.

Ces valeurs nous permettent d’aborder les problèmes de face, sans tabou car elles nous protègent contre les excès. Ainsi nous pouvons poser des mots sur les problèmes car il faut nommer les choses. Pour appliquer un bon traitement, il faut affronter le diagnostic. C’est la responsabilité des forces démocratiques de poser ce diagnostic.

Au risque, si elles l’esquivaient, d’abandonner les remèdes à des charlatans !

Ainsi, nous pouvons dire tranquillement que l’islamisme radical n’est pas un problème de religion mais un problème de pouvoir et d’argent, une entreprise de domination menée par une minorité dont l’objectif est de maîtriser, à son seul profit, l’exploitation des ressources naturelles et des matières premières, du pétrole et du gaz au Moyen Orient. Leur référence à l’islam n’est en réalité qu’un voile pudique destiné à habiller et à couvrir le terrorisme et le totalitarisme dans le seul objectif de l’aveugler pour l’entrainer dans une aventure folle.

Le peuple, les peuples restent trop souvent à la merci du simplisme et du populisme toujours fasciné par des épopées de pacotille ou par l’homme providentiel qu’il soit prédicateur, va-t’en guerre ou simplement antisystème. C’est une triste et banale réalité.

Face au terrorisme, la responsabilité politique est d’agir avec sang-froid, lucidité,  justesse et fermeté, pour être efficace

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite vous éclairer sur mon engagement politique.

Mon engagement politique : humaniste et écologiste.

L’engagement politique de chacun est toujours une histoire singulière. Le mien a commencé vers 17 ans avec la révélation des philosophes des lumières : Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Diderot et les valeurs humanistes, ainsi que mes premières discussions souvent interminables avec quelques amis fascinés par le marxisme. Cet éveil à l’humanisme n’a fait que confirmer mon choix professionnel, celui de la médecine, précisément au carrefour de la science et de l’humanisme Mon parcours médical m’a aussi ouvert les yeux sur l’importance des facteurs d’environnement sur la santé humaine, et sur la nécessité d’agir sur ces facteurs d’environnement.

C’est au moment le plus fort de cette prise de conscience, à la fin de mes études médicales et au début de mon activité professionnelle, que mon engagement politique s’est naturellement orienté vers l’écologie politique.

Si bien que je me définis aujourd’hui très simplement comme humaniste et écologiste.

Je dois intégrer aux fondements de mon engagement politique une troisième dimension. Elle imprègne chacun d’entre nous, au plus profond et je dois dire qu’elle a pris chez moi une dimension renouvelée depuis le 7 janvier 2015, je parle bien entendu de la République.

Nos valeurs. La Fraternité.

Maintenant, je veux tenter de partager avec vous deux messages.

D’abord et avant tout celui de la fraternité. Une valeur qui s’est indéniablement abîmée depuis quelques décennies. Parallèlement à la montée des égoïsmes et de l’individualisme.

Ce mouvement ne date pas d’hier. Les prémices politiques de cette régression remontent à l’époque de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher. Progressivement, insidieusement, depuis les années 1980, au fur et à mesure que le libéralisme progressait, partout dans le monde et que nos pays s’endettaient.

Cette régression vient malheureusement de trouver son apogée aux Etats-Unis avec le discours d’investiture prononcée hier par Donald Trum et sa promesse « Only America first ».

Certes, la nature humaine pousse chacune et chacun d’entre nous  vers un premier élan individualiste, comme un réflexe. Ce n’est pas pour autant que cet élan mérite d’être théorisé comme une référence, comme un modèle, voire servir de projet politique, inspiré du darwinisme social et de la sélection naturelle.

Chacun observe cet individualisme dans sa vie quotidienne. Mais il prend parfois des formes beaucoup plus sévères et néfastes.

Au plan politique, c’est le cas du nationalisme : c’est-à-dire de l’égoïsme d’un Etat et d’un peuple qui se referme sur lui-même et qui considère l’extérieur et l’étranger comme un danger.

Au plan social également, il en va ainsi du communautarisme. Une autre forme de repli et de confinement qui peut nourrir le rejet de l’autre et nier l’altérité.

Au plan économique, il s’agit tout simplement du néo libéralisme et l’ultralibéralisme.

Le résultat de tout cela, chacun ici le connaît : des abus de pouvoir et de richesse.

Le nationalisme et le communautarisme conduisent à l’intolérance et à l’oppression. L’ultralibéralisme mène tout droit à l’injustice et à l’exclusion, et toujours, à l’épuisement de l’homme et de la nature

Ainsi, nombre de nos concitoyens ressentent une menace croissante. Sur leur avenir et celui de leurs enfants, sur l’avenir de notre pays, la sécurité, l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics ou encore notre culture et notre identité, le climat et la biodiversité.

Cette inquiétude résonne avec la perte de pouvoir des Etats ; face aux multinationales des affaires et à l’internationale du crime qui accaparent les richesses créées. Tous ces prédateurs fragilisent la cohésion sociale, et menacent la démocratie en faisant le lit des extrêmes.

La fraternité constitue le rempart le plus efficace pour contenir ces phénomènes en agissant sur leur origine, l’individualisme et l’égoïsme, qui dominent partout et au cœur même de l’Union européenne.

Alors, l’Union Européenne sera demain en mesure de faire front face aux dictatures et aux nationalismes pour réguler la mondialisation, à la seule condition de réanimer cette valeur de fraternité.

Nous le savons, nous devons faire face aux nationalismes au sein même de l’Union. Ça se passe plutôt à l’Est, comme les évolutions ultra libérales de nombre de nos partenaires. A l’Est encore mais aussi à l’Ouest, il faut comprendre les difficultés de l’action politique en relation avec cette situation : le dire n’est pas l’accepter comme je l’entends trop souvent. Le dire, c’est regarder la réalité en face pour appliquer un bon traitement.

Il faut préalable que le diagnostic soit pertinent. Et encore cet état des lieux est-il amplifié à l’échelle du monde, avec les ultralibéraux et les nationalistes en Amérique du Nord et en Asie, en Russie et dans l’ancien bloc communiste.

Je me répète : regarder la réalité en face, c’est reconnaître l’ampleur de la tâche et s’armer de détermination et de patience pour espérer en venir à bout par une entente et une convergence de vue au sein de l’Union Européenne.

La tâche est immense et périlleuse mais jamais il ne faut abdiquer. Pas plus qu’il ne faut laisser croire qu’un pays comme la France pourrait, seul, renverser la table. Pas plus que la Grèce. Cette bataille pour la régulation, je l’ai menée à ma façon et vous connaissez mon engagement résolu et constant pour la lutte contre l’évasion fiscale.

Faisons vivre la fraternité et gageons que l’Union Européenne saura retrouver cette valeur et faire vivre l’humanisme et l’écologie pour ressusciter l’idée originelle de l’Europe.

L’individualisme ne ressort que d’un premier réflexe, presque « animal ». Une sorte d’instinct de survie, parfois utile voire salutaire. Heureusement, nos réflexions et nos débats, notre histoire ainsi que notre culture et notre éducation, nous permettent de nous élever et de dépasser ce premier élan primaire.

En regardant vers l’autre, en donnant la priorité à l’éducation et à la culture. A la pensée et à la raison, à l’émotion et au sensible. Nous cultivons notre humanisme.

C’est quoi l’humanisme ?

L’écoute, l’attention, la bienveillance, la tolérance, l’humilité, le respect mutuel…

Jusqu’à réaliser qu’à l’instinct de survie nous pouvons substituer un projet de survie et de réussite collectif.

Je sais qu’il apparaît souvent naïf de préférer la coopération à la compétition et de prétendre qu’elle peut s’y substituer. C’est un combat. Mais n’est-il pas tout aussi naïf de considérer que notre avenir ne repose que sur la compétition ?

Au musée du Prado à Madrid est exposée une toile de Goya qui illustre à merveille mon propos : Elle s’intitule « duel au gourdin » ou « rixe ». On y observe deux jeunes hommes qui combattent à coup de gourdin. Cette scène, bien que statique et saisissant un instantané du duel que se livre les protagonistes, nous laisse imaginer assez facilement le déroulement du combat, où tantôt l’un semble l’emporter avant que l’autre ne riposte pour prendre le dessus à son tour. Ainsi, le combat peut durer sans que l’un ou l’autre ne l’emporte vraiment. On en conclut que le combat va rester indécis, jusqu’au moment où notre regard va se porter sur la partie inférieure de la toile. Une partie plus sombre que le reste et qui a pu échapper à l’observation. Et là, que voit-on ? Que les deux jeunes hommes sont enfoncés dans les marais jusqu’au genou. On comprend alors qu’en se rendant coup pour coup, ils vont être engloutis par la terre sans même s’en rendre compte. Il n’est pas nécessaire de plus décrypter la parabole pour comprendre ce qui peut advenir de l’humanité.

Pourtant, nous devons  garder confiance dans la capacité de l’homme à faire émerger le meilleur pour faire société, cela suppose un effort permanent pour cultiver notre humanisme car il n’est ni donné, ni acquis d’avance. Voilà pourquoi il convient de rester vigilant et de travailler dans ce sens ; de saisir le renfort que l’écologie apporte sur ce sujet par la notion de responsabilité vis-à-vis des générations futures ; de permettre à la fraternité et la solidarité de traverser les générations.

La Liberté.

Le combat pour la régulation de la mondialisation est donc prioritaire Il prendra du temps et sera difficile. C’est pourquoi je veux aussi insister sur la chance qui s’offre à nous, ici et maintenant sur nos territoires, de rependre notre destin en main, pour contourner la mondialisation… en attendant de la réguler !

Cette opportunité s’appuie sur la valeur de liberté sur laquelle je veux terminer.

En réalité, il y a comme des vases communicants entre la liberté et la fraternité : c’est bien au nom de la liberté que l’on abime la fraternité, que certains prétendent qu’il faudrait encore et encore supprimer des règles et des protections pour libérer, ou plutôt libéraliser l’économie au risque d’épuiser les hommes et la nature.

Comme si la liberté des uns ne devait en aucune façon être entravée par celle des autres.

On connaît bien le processus de l’économie néo libérale  qui a une fâcheuse tendance à privatiser les profits sans limite, et à mutualiser les dettes, là encore sans limite. Par exemple en se délestant sur la société des coûts externes qu’elle génère, c’est-à-dire des coûts sociaux, environnementaux ou sanitaires.

Mais ne jetons surtout pas le bébé avec l’eau du bain.

Quand liberté rime avec épanouissement, émancipation, créativité et autonomie, alors nous devons la faire prospérer.

Il existe dans notre société une aspiration croissante à la liberté, une envie d’entreprendre, de créer, de reprendre la main sur son avenir. Nous devons saisir cette occasion pour construire le monde de demain.

Le contournement de la mondialisation : nos territoires engagés.

Le contournement de la mondialisation se joue ici et maintenant. Il dépend en grande partie de nous pour des applications concrètes et immédiates.

Se nourrir grâce à nos paysans, se loger grâce à nos artisans, produire notre énergie pour se chauffer et s’éclairer, valoriser les ressources et les matériaux locaux, placer ici notre épargne, etc…

Relocaliser l’économie pour nos besoins essentiels permettra à la fois de conserver l’activité, de créer des emplois, de protéger l’environnement (pollution, climat) et de dynamiser nos territoires et nos entreprises vers la transition énergétique.

Valoriser au mieux nos ressources naturelles, humaines et financières pour contourner la mondialisation en reprenant la main sur nos vies, notre santé et notre avenir, pour nous et pour les générations futures.

Ça se joue sur nos territoires : on peut agir ici et maintenant, sur nos territoires.

Sachons observer, susciter, encourager, saisir, soutenir, reproduire, toutes ces initiatives qui germent et émergent sur nos territoires.

Qu’elles viennent des citoyens, des consommateurs, des familles, de associations, des entrepreneurs, des paysans, des communes ou encore des intercommunalités. Le pessimisme du constat doit faire place à l’optimisme de l’action. Reprenons confiance et mettons en valeur toutes celles et ceux qui entreprennent : entrepreneurs économiques, sociaux, culturels…

Je vais illustrer mon propos comme je le fais très souvent avec l’exemple des paysans.

Au début de la chaine économique, le paysan produit. Au bout de la chaine, il y a le consommateur qui consomme. L’un est l’autre sont relativement isolés au-delà des GAEC et autres associations de consommateurs. Entre les deux, de grands consortiums et les multinationales s’occupent de tout : de l’achat des matières premières à la vente de produits finis, en passant par le transport, la transformation, la commercialisation, de la distribution et même la facturation. Et bien oui, figurez-vous que les factures ne sont pas réalisées par le paysan vendeur mais par l’acheteur !

Cela concerne les graines, les amendements et autres engrais, les pesticides, etc… Ces groupes accaparent la valeur au bénéfice d’une minorité, à travers des rémunérations excessives des dirigeants et des actionnaires ou encore de l’optimisation fiscale « agressive », comme il est dit pudiquement.

Les paysans qui achètent ou vendent sur les marchés mondiaux sont pris en étaux et sont complètement écrasés et prisonniers de ces logiques libérales.

Mêmes ceux qui se hasardent dans le jeu spéculatif en organisant la rétention de leurs productions en attendant la remontée des cours, finissent par vendre à perte.

S’ils persistent dans cette logique, ils n’auront et nous n’aurons d’autres perspectives que les « fermes usines » qui seront de toute façon accaparées par des fonds capitalistiques.

Alors, comment s’en sortir ? Comment certains paysans arrivent-ils à s’en sortir ? Il y a plusieurs solutions possibles. Il en est une que nous connaissons bien, celle des AOC, AOP et autres appellations géographiques qui garantissent un prix correct aux paysans, c’est le cas du Comté, du Morbier du Mont d’Or ou autre saucisse de Morteau.

Encore faut-il exploiter dans la zone concernée. Mais en dehors de ces zones, je pense en particulier aux paysans de la vallée et de la plaine et de la vallée sur cette circonscription, pas de prix garanti. Là, il faut explorer les pistes d’autonomisation. Je dis autonomisation ou autosuffisance car le but est bien de se dégager de l’emprise des grands groupes et des marchés mondiaux.

Ainsi, la diversification, les circuits courts, la transformation, la vente directe, la conversion bio et bien d’autres solutions encore sont autant de pistes pour trouver une issue qui sera différente d’une exploitation à une autre.

Vous me direz qu’on ne peut pas tout produire localement, de tout faire entrer dans l’économie circulaire et collaborative. Certes, mais faisons ce qu’il est possible de faire et il se trouve que les domaines où cela est possible correspondent comme par hasard à nos besoins essentiels : se nourrir, avoir un toit, se chauffer et s’éclairer….

Ces mêmes paysans peuvent être demain des acteurs majeurs de la transition énergétique :

–       avec leurs grandes surfaces de toits pour produire de l’électricité photovoltaïque,

–       leurs forêts pour fabriquer du bois plaquettes, des granulés ou des bûches

–       les déjections animales pour alimenter un méthaniseur qui produira de l’électricité et du gaz, soit pour les exploiter soit pour les réinjecter dans les réseaux électriques ou de gaz,

–       leurs champs pour produire des bio-carburants… mais pas trop…

Concernant la production d’énergie et la recherche de l’autonomie énergétique des territoires, les solutions sont effectivement multiples, sachant qu’aucune des ENR n’est sans inconvénient et qu’il nous les faudra toutes.

Un mot au sujet des éoliennes : qui mériteraient de vrais débats constructifs sur les territoires concernés. Organisons-nous vite pour que le financement de ces projets se réalise avec notre argent et pas avec les fonds de pensions qui viennent capter la valeur produite.

Ainsi la valeur ajoutée créée localement restera sur le territoire au bénéfice des acteurs locaux, des collectivités locales, de nos caisses de protection sociale et de l’emploi.

Prenons l’exemple d’un autre projet dont le point de départ se trouve à Mérey-sous-Montrond : cela concerne l’entreprise de travaux publics Bonnefoy confrontée à la baisse de la commande publique. Cette entreprise a fait le choix de se diversifier en réalisant une usine de production d’énergie aujourd’hui en fonctionnement partiel.

A partir des déchets du bâtiment qui étaient jusque-là acheminés en centre d’enfouissement et perdus, il est désormais possible de :

–         valoriser 30% de la matière qui présente un potentiel énergétique (bois, plastique),

–         moins dépendre de l’énergie fossile pour son activité de carrière et de fabrication de matériaux routiers,

–         réinjecter le surplus d’électricité dans le réseau ErDF,

–         proposer de la chaleur à des entreprises qui viendraient s’installer sur le site.

J’espère ainsi que l’on verra bientôt s’installer une entreprise de séchage de luzerne produite par les paysans du secteur qui pourront ainsi nourrir leur bétail avec des protéagineux locaux plutôt que d’importer des tourteaux de soja qui auront traversé les mers depuis le Brésil.

Un bel exemple d’économie circulaire et collaborative où les déchets des uns deviennent la matière première des autres, et où la production d’énergie est relocalisée en apportant l’autosuffisance et la sécurisation d’approvisionnement aux exploitations agricoles. Le tout avec un bilan carbone extrêmement avantageux.

Je poursuis avec la cogénération de la papeterie de Novillars  qui va propulser une entreprise du XIXème siècle directement dans le XXIième, en mobilisant la ressource bois pour le fonctionnement du « process industriel » très gourmand en énergie. Au total on aura un modèle économique et écologique performant. Avec la création de 20 emplois sur le site 50 emplois indirects dans la filière bois dans un rayon de 100 kms – Je ne vous rappelle pas d’où venait le fioul ! – de la chaleur renouvelable pour l’usine mais aussi pour l’hôpital et peut-être pour les logements publics d’Habitat 25.

Je signale au passage qu’une bonne partie de la matière provient du SYBERT.

Et puisque j’évoquais l’économie collaborative, je veux rappeler les économies importantes que réalisent les ménages qui peuvent bénéficier du covoiturage, c’est plusieurs dizaines d’euros par ans.

Il y a encore le chantier colossal de la rénovation thermique des logements, des bâtiments publics, des logements sociaux, qui va générer de nombreux emplois locaux et contribuer à maitriser la facture énergétique des ménages. Pour nos artisans, c’est une perspective vivifiante, sous réserve du règlement de la question des travailleurs détachés qui représentent dans notre pays entre 300 et 400 000 emplois.

La production décentralisée d’énergie est un enjeu majeur alors que le prix des énergies fossiles et de l’électricité va augmenter sensiblement dans les prochaines années.

Pour les énergies fossiles, si ce n’est pas le marché qui fait monter les prix, ce sera la taxe carbone qui va se généraliser partout dans le monde.

Pour l’électricité d’origine nucléaire, la seule mise aux normes des centrales après Fukushima représente une dépense égale à celle qui a été nécessaire pour les construire, soit 2 milliards par réacteur nucléaire.

Et là, nous avons une belle occasion de mieux utiliser notre épargne que de la confiner dans les assurances vie pour des usages incertains et un rendement inexorablement à la baisse, quand l’investissement dans les éoliennes propose un rendement 2 à 3 fois supérieure. Et puis, on ne va pas laisser la poule aux œufs d’or aux fonds de pension nord-américain, australien ou saoudien. L’argent aussi ça se relocalise, comme l’activité économique. C’est un changement culturel pour chacun d’entre nous

Les possibilités sont infinies sur nos territoires. Il faut le faire en anticipant les enjeux futurs .Nous mangerons moins de viande mais plus de protéines végétales. L’économie domestique va prendre de l’ampleur autour du vieillissement ou de l’autoproduction énergétique. La proximité va redonner du sens la communauté, à l’économie collaborative, aux circuits courts, à l’économie sociale et solidaire, à l’économie circulaire pour produire et consommer, pour partager, pour inclure, pour développer notre identité, les solidarités, la créativité, l’accueil.

Ici et maintenant, sur nos territoires, nous avons des raisons d’agir et d’espérer.

Ce message d’espérance, nous devons l’adresser à nos jeunes.

Alors, relevons nos manches, et n’ayons pas peur des défis qui nous attendent !

Bonne année à toutes et tous.

Éric ALAUZET

Député du Doubs

Un commentaire pour “Voeux d’Eric ALAUZET : « Des vœux de paix et de concorde. Et donc de fraternité. »”

  1. Bonsoir Eric tous nos vœux à toi et ta famille .Sante et bonne chance pour 2017. Félicitations pour ton engagement en espérant te voir cette année moi qui ne travaille plus m’adonne à l’otium et un peu de bénévolat. Nous vous embrassons Jean Loup

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