Transport routier : toujours plus ?
8 décembre 2012
Un décret autorisant la circulation des poids lourds de 44 tonnes avec 5 essieux à partir du 1er janvier 2013 est paru jeudi dernier au Journal Officiel. Il vient confirmer une orientation largement tracée par la précédente majorité gouvernementale qui, sous la pression de la Fédération Nationale des Transporteurs Routiers, en avait déjà acté le principe dans le cadre de la loi WARSMANN du 1er mars 2012.
A l’évidence, cette mesure va nuire au nécessaire report modal du transport de marchandises. Augmenter la charge des poids lourds revient en effet à accroître la rentabilité du transport routier et ce au détriment des modes alternatifs comme le fret ferroviaire. Une fois de plus, le transport routier améliore sa “compétitivité” en externalisant ses coûts sociaux et environnementaux.
Alors que s’ouvre un grand débat national sur la transition énergétique, favoriser ainsi le fret par voie routière, très dépendant du pétrole et gros émetteur de gaz à effet de serre, est pour le moins inquiétant.
De surcroît, augmenter la charge à l’essieu n’est pas sans conséquence sur les chaussées, comme l’a démontré un rapport du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) daté du 13 octobre 2011 : “le bilan socioéconomique de l’autorisation des 44 tonnes est globalement négatif dans l’hypothèse du maintien des véhicules à 5 essieux car les coûts de l’impact sur les chaussées dépassent largement l’avantage économique lié à l’amélioration de la productivité du secteur des transports”.
Cette décision pose enfin un vrai problème de sécurité : l’augmentation de la distance de freinage va multiplier le risque d’accidents et du fait de la masse des camions, ces accidents risquent d’être plus graves.
Jean Delavergne,
Président du groupe EELV au Conseil régional du Centre
Charles Fournier,
Représentant du groupe EELV à la commission « transport » du Conseil régional du Centre