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Stratégie régionale de tourisme durable

Portrait Charles Fournier

Intervention de Charles Fournier


Nous nous apprêtons à voter la stratégie régionale pour le tourisme durable qui nous conduit à fixer des priorités d’intervention jusqu’en 2015. Je ne reprendrais pas ce qui a été dit par Jean-Philippe Grand sur l’intérêt d’une telle démarche et sur la pertinence globale des objectifs fixés et des actions envisagées.

Nul doute que ce document d’orientations, à la fois précis et ouvert, pourra répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés. La part importante accordée dans cette stratégie au lien entre tourisme et nature, ainsi que la présentation simultanée devant notre assemblée d’une autre stratégie celle pour la biodiversité, indique clairement notre volonté de penser le développement non pas en opposition avec la préservation de la nature, mais en la considérant comme une ressource pour le tourisme. Cette compatibilité entre biodiversité et tourisme en appelle néanmoins à l’éthique des acteurs du tourisme et à celle des touristes eux-mêmes. 

D’ailleurs, l’engouement réel  pour d’autres formes de tourisme (tourisme de nature mais aussi pour une certaine manière d’être touriste :  le tourisme solidaire et équitable, l’éthique du voyageur) indique clairement que la majeure partie de nos concitoyens sont conscients des enjeux et prêt à contribuer à ce que l’activité humaine s’accorde avec l’exigence de notre planète, sans pour autant qu’ils sentent privés de tous plaisirs et ramenés à l’âge de pierre,  comme certains cherchent parfois à caricaturer la pensée écologiste ! La nature est une ressource vitale, elle est aussi une ressource pour notre économie mais pas à n’importe quel prix.

Mon propos portera donc essentiellement sur un des piliers du développement durable à savoir les progrès sociaux que nous devons réaliser à côté des progrès environnementaux et économiques.
La stratégie qui nous est présentée ici intègre à la fois dans le diagnostic et dans les actions, cette dimension, tant dans la volonté de s’ouvrir à d’autres publics de touristes que dans la structuration d’une offre d’un tourisme pour tous. Cet aspect est davantage présent que dans la précédente stratégie et c’est un point auquel les écologistes sont attachés : il ne saurait être question de penser durable sans penser l’accès de tous aux loisirs et aux vacances, sans penser l’accès de tous à la connaissance de notre patrimoine naturel et culturel. Ce n’est pas un luxe, c’est un droit que nous devons pouvoir faire progresser.
Le tourisme est  un facteur de socialisation tout comme il est un facteur de développement local, en particulier dans nos espaces ruraux et j’aimerai développer ces deux points en soulignant le rôle joué par les acteurs du tourisme que l’on appelle le tourisme associatif à vocation sociale. Ils sont sans nul doute, ceux dont l’objet est plus directement centré sur cette double ambition de socialisation et de participation au développement local. L’UNAT qui représente l’essentiel de ces acteurs est à ce titre directement nommée dans cette stratégie. 

Le tourisme peut être et doit être aussi social. Rappelons avant qu’en 2010, 47 % de la population n’est pas partie en vacances. Il y a donc là aussi des segments de populations exclus de l’offre, que notre stratégie doit prendre en compte. Nul ne contestera ici que le tourisme peut aussi exclure en ce sens qu’il repose sur les capacités financières des citoyens et qu’il n’y a pas égalité dans l’accès à l’offre touristique dans notre région comme ailleurs. Le profil du touriste de notre région en atteste assez clairement : plutôt âgé, plutôt actif et j’irai même jusqu’à dire plutôt aisé au regard de la moyenne dépensée par jour par ce touriste moyen.

Le TAVS ( tourisme associatif à vocation sociale) a pour objectif de permettre à chacun de partir en vacances et d’aller à la rencontre d’horizons et de personnes différentes. Porteur d’un réel brassage social, il met en place au-delà de l’activité à proprement parler économique, des actions particulières auprès de publics en fragilité. Il accorde une attention particulière à l’accueil de toutes les composantes de notre société : les familles, les enfants et les jeunes, les seniors ou bien encore les personnes handicapées, les exclus.
En région Centre, ce secteur dispose d’atouts non négligeable mais a besoin d’un soutien de la collectivité et surtout de s’inscrire dans les perspectives du développement touristique. Il représente pas loin de 50 établissements implantés dans tous les départements de la région et répartis en villages de vacances, maison familiale de vacances, centres d’accueil de jeunes, centre sportifs et autres hébergements. Ces hébergements totalisent près de 6500 lits soit 5% de l’offre d’hébergement marchand régionale (en 2008), pas loin 500000 nuitées et 650 emplois permanents.
Ces structures proposent un accueil pour les jeunes (auberge de jeunesse notamment), pour les scolaires, pour les personnes en situation de handicap, pour des groupes de personnes faisant face à des difficultés. Elles contribuent à l’ouverture de notre région à tous les segments de la population, notre patrimoine culturel et naturel ayant une vocation
universelle.

Les auberges de jeunesse, les centre de séjours, les CRJS... accueille des touristes mais aussi des groupes scolaires, des séminaires, des réunions locales, des jeunes travailleurs ou des jeunes en stage : le brassage social est réel et la contribution à la vie locale tout autant.
Par exemple, Le CRJS de Blois qui depuis qu’il n’est plus un établissement directement placé sous la responsabilité du Ministère JS, a développé une activité en direction des touristes en direction des jeunes, avec l’accueil de groupes de jeunes dans le cadre de projets internationaux...Demain suite  à la probable fermeture de l’auberge de jeunesse de Blois, obsolète et pour laquelle la fédération qui la gère envisage de jeter l’éponge, se porte candidat pour reprendre ce label et tout ce qu’il porte : le voyage comme constitutif de la formation des jeunes, le développement des relations d’amitiés entre des jeunes de tous les pays et de toute horizon social...Ce type d’équipement doit bien évidemment continuer à trouver sa place dans nos territoires.

C’est aussi un atout pour le développement local : Michelle Rivet aurait pu vous dire le lien qu’elle entrevoit entre développement rural et tourisme social et comment les acteurs touristiques ancrés dans les territoires ruraux peuvent être porteurs d’initiatives à soutenir demain dans ID en campagne.
Au niveau national plus de 40 % des équipements du tourisme associatif sont situés en milieu rural, ce à quoi n’échappe évidemment pas notre région (35 %). Ces implantations se font le plus souvent dans des territoires isolés et peu habités et leur présence constitue un facteur de développement incontestable et incontesté.
Ils se caractérisent aussi par leur potentiel à recevoir des groupes dans des communes faiblement dotées d’hébergements touristiques : 35% des établissements sont implantés dans des communes rurales, de moins de 2000 habitants.
Ils proposent une activité annuelle avec une ouverture approchant en moyenne les 11 mois par an ! 
Ils développent le plus souvent des services qui contribuent à améliorer les conditions de vie des populations locales et à animer les territoires. Parfois même, ils vont plus loin et contribuent au maintien de services publics locaux (transports et restaurations scolaire par exemple) ou bien au maintien de commerces de proximité, etc. La prise en compte de ces besoins par les équipements touristiques a certainement contribué au « mieux vivre » des populations locales et à freiner l’exode rural et le déclin de certains territoires...

Ils sont en capacité de répondre aux besoins du tourisme de groupe qui est un atout dans le développement d’un tourisme tout au long de l’année, d’un tourisme de nature : classes transplantées comme par exemple les classes vertes, les échanges internationaux de jeunes, les clubs du troisième âge, les séminaires d’entreprises... C’est évidemment une opportunité économique pour les territoires qui bénéficient de la présence d’un tel établissement. 

Pour toutes ses raisons et parce que la clientèle type de la région mérite d’évoluer, parce que nous devons prendre en compte de nouvelles cibles, il nous semble nécessaire d’engager une réflexion spécifique et sans doute poursuivre le soutien à l’activité de ce tourisme, lui aussi touché par la crise et par les difficultés économiques.

Le regard global porté sur la stratégie telle qu’elle se définit aujourd’hui rencontre donc vous l’aurez compris notre pleine approbation, d’autant plus que l’approche durable cherche à prendre en compte tous les aspects y compris le volet social.
Concernant la question spécifique du tourisme associatif à vocation sociale, notamment des organisations regroupées au sein de l’UNAT, la stratégie explicite clairement  qu’il sera soutenu, notamment au travers  des Cap’hébergement structurant en rénovant qualitativement ces hébergements du secteur du « tourisme pour tous » : Villages-Vacances, Auberges de Jeunesse, Centres Régionaux Jeunesse et Sports, centre d’accueil de jeunes et à la montée en qualité...Nous approuvons totalement.

Je souhaiterai savoir en complément, de quelle manière le soutien à ce secteur, notamment quant aux actions qu’ils portent au-delà de son activité classique, pourrait constituer demain une action à part entière dans cette stratégie. Ainsi, pourriez-vous apporter des précisions sur le plan d’action nommé dans le document, qui pourrait être mis en place entre le CRT et l’UNAT.

Soutenir ce secteur, c’est l’inviter à poursuivre dans la voie de l’innovation touristique et même au-delà et, c’est l’inviter à maintenir son implication dans le développement local, mais c’est aussi contribuer à l’accès de toutes et tous aux loisirs et aux vacances, c’est contribuer au brassage social dans nos territoires et à la cohésion sociale. 

 

Session des 20 et 21 Octobre 2011
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Rapport : Stratégie régionale du tourisme durable

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