Plan de gestion du Val de Loire
Intervention de Christophe Rossignol
Monsieur le Président, chers collègues, ce plan de gestion couvre de nombreuses thématiques liées à la préservation et au développement du val de Loire, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco dans la catégorie des « paysages culturels vivants ». Je souhaite tout d'abord m'associer aux interventions précédentes qui ont souligné l’intérêt et la qualité de ce projet, qui s'inscrit dans la valorisation de ce patrimoine culturel et environnemental exceptionnel.
En revanche, tout comme de nombreux acteurs, je ne peux que regretter la trop faible place consacrée à la biodiversité alors que les enjeux sont essentiels dans le Val de Loire, rappelons que l'ensemble du site est sous la réglementation Natura 2000. Il conviendrait donc d'étoffer ce plan en ce sens , c'est d'autant plus nécessaire que certains aménagements, tels que les ponts ou les routes, voire des autoroutes ont un impact négatif considérable sur la nature.
Si on ne peut qu' approuver la proposition de préserver le foncier agricole de la pression périurbaine en soutenant en particulier les filières agricoles en difficulté, on ne peut que regretter la faiblesse des observations et préconisations concernant l'utilisation de pesticides. Ce plan de gestion devrait au contraire inciter tous les acteurs à ne plus utiliser de pesticides et inciter toutes les collectivités impliquées dans la mise en oeuvre du plan de gestion, en particulier les régions à conditionner leurs aides à la suppression des pesticides. Les pesticides posent, nous le savons, un véritable problème de santé publique et détruisent la biodiversité.
Il conviendrait également d'avoir une action plus énergique concernant les agressions publicitaires qui nuisent fortement aux paysages mais également au bien être de la population.
Enfin comment ne pas réagir au terme de «menace» qui est utilisé concernant les énergies éoliennes et solaires ? Comment comprendre que l'on puisse comparer l'impact d'une route, d'une autoroute, d'un pont avec l'impact de panneaux photovoltaïques ou d'une éolienne ? Ce document fait totalement l'impasse sur les centrales nucléaires, qu'il faudra pourtant démonter, mais utilise le vocable de «menaces» sans doute sous la pression de quelques associations qui pourfendent les énergies renouvelables mais se garde bien de combattre le nucléaire et même souvent combattent les éoliennes pour mieux protéger le nucléaire.
Il est ainsi navrant de constater l'avis de la Fédération patrimoine Environnement présidée par un anti-éolien primaire ayant pour slogan « Pays Ventu, Pays Foutu » tandis que France Nature Environnement, qui a une réelle légitimité, n'est pas sur une ligne de rejet des éoliennes et que les associations locales n'ont pas eu le temps de formuler un avis.
Face aux offensives du lobby anti-éolien, la région Centre avait voté le 30 octobre 2008, à l'initiative des élus Verts, un vœu pour la défense et la promotion des énergies renouvelables. Force est de constater que ses lobbies continuent leurs nuisances ! Rappelons que si la meilleure énergie est celle que nous ne consommons pas, l'objectif du Grenelle de l'environnement est de porter à 23% minimum la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique nationale d'ici 2020. En France il y a 3000 mats d’éoliennes. Avec les objectifs du Grenelle, ça fera 9 000 en 2020. C’est à comparer avec 150 000 poteaux électriques et 50 000 châteaux d’eau !
Rappelons que Le décret d'application de la loi Grenelle 2 encadrant les éoliennes terrestres dans le régime des installations classées pour l'environnement (ICPE) est paru au JO le 25 août dernier. En clair, construire une ferme éolienne terrestre nécessite dorénavant de respecter un cahier des charges équivalent à celui qu'il faut produire pour une installation industrielle dangereuse pour l'environnement comme une usine de produits chimiques par exemple.
D'après le Syndicat des Énergies renouvelables « la réglementation ICPE s’ajoute à l’empilement des procédures auxquelles la filière éolienne est déjà soumise. L’empilement de ces procédures a conduit à des délais de mise en œuvre des parcs qui peuvent atteindre jusqu’à 8 ans, contre 4,5 ans dans le reste de l’Europe. »
Pourtant s'il ne s'agit pas de mettre des éoliennes partout est n'importe comment, l'énergie éolienne apporte une contribution très importante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, permet de créer des emplois et de fournir une production d'énergie sûre et renouvelable en Europe. S'il convient donc de ne pas dénaturer le paysage du Val de Loire, n'oublions pas que le paysage est une construction humaine, et que sous réserve d'une bonne 'insertion paysagère, des éoliennes à proximité de la Loire ne vont pas dénaturer ce paysage.
Il est également essentiel de ne pas empêcher les particuliers de s'équiper de panneaux photovoltaïques, il faut au contraire investir plutôt que de freiner le développement des énergies renouvelables.
Pour finir, je souhaite insister sur la nécessité d'amplifier la mobilisation des acteurs locaux à ce plan de gestion, gageons alors que la question des centrales nucléaires ne sera plus taboue et que l'on cessera, selon l'adage, de voir la paille dans l'oeil de son voisin mais pas la poutre dans le sien. Au lieu de se focaliser sur la paille (l' éolienne) dans le champ visuel nous regarderons la poutre : les centrales nucléaires.
Session du 29 Septembre 2011 | |
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