La Loire : un fleuve à respecter, un atout à valoriser
Intervention de Gilles Deguet
Monsieur le Président, chers collègues, j'aimerais d'abord saluer l'initiative de présenter cet ensemble de dispositifs dans un même rapport qui permet d'en dégager la cohérence, et dire l'accord du groupe EELV sur les ajustements à mi-parcours du 3ème Plan Loire et du Programme Opérationnel FEDER Loire.
Ces ajustements ne comportent pas de réductions des sommes par plate-forme, et il nous semble que c'est à juste titre, même quand les engagements sont restés faibles.
Pour la plate-forme « eaux, espaces, espèces », je souligne l'émergence d'une politique « anguilles ». Je sais que la mesure précise de repeuplement en larves d'anguilles (ou civelles) ne fait pas l'unanimité et pose des problèmes de mise en oeuvre, mais le simple fait qu'une telle mesure ait été rajoutée à mi-parcours du plan Loire illustre la gravité de ce qui commence à ressembler à une crise d'extinction.
Pour ce qui concerne les deux plate-formes inondation, je souscris à l'inquiétude du CESER, que je cite: « La question de la culture du risque garde toute son importance pour qu'elle soit encore mieux partagée en profondeur, que ce soit en termes de constructions en zones inondables ou pour les activités à risque comme l'industrie électro-nucléaire. »
Sur la question des constructions en zones inondables, je note que cette préoccupation est quasiment absente des nombreux forums SRADDT auxquels il m'a été donné de participer. Un grand nombre des villes principales de notre région sont en partie construites en zones inondables, et c'est en particulier le cas de celles qui sont riveraines de la Loire. Il n'est plus possible de continuer à concentrer des habitants et des activités dans des zones à risque. Pourtant la nécessité de limiter l'urbanisation dans ces zones, voire de récupérer des zones d'expansion n'a pas fait jusqu'ici l'objet de réflexions dans le cadre de notre Sraddt. L'établissement public foncier que nous proposons comme le fait aussi le CESER, pourrait être un outil de cette récupération de zones d'expansion.
Sur la question des centrales nucléaires, je voudrais d'abord souligner ici à quel point les prélèvements en eau du secteur électro-nucléaire constituent déjà une atteinte grave à l'éco-système. La plus grande partie des 692 millions de m3 prélevés chaque année dans la Loire pour l'industrie, le sont par les centrales nucléaires. On peut estimer à plus de 20 m3/s les prélèvements moyens du nucléaire. Encore faut-il ajouter que contrairement par exemple aux prélèvements pour l'eau potable, une grande partie de cette eau prélevée ne revient pas à la rivière puisqu'elle est évaporée. Les 4 centrales nucléaires de notre région font donc baisser le débit de la Loire de 10m3/s que je vous demande de comparer avec le débit d'étiage de la Loire qui peut descendre jusqu'à 50 m3/s.
Ce qui nous amène à la question des risques. Comme vous le savez, l'activité nucléaire est en elle-même une activité à risques. Elle a cette particularité que l'arrêt d'une centrale ne dispense pas de maintenir des mesures de sécurité active, en particulier de refroidissement du cœur. C'est pourquoi le risque nucléaire doit être obligatoirement croisé avec tous les autres risques. Le long de la Loire on pense en particulier aux risques de sécheresse et d'inondation. La Loire est en effet un fleuve extrêmement irrégulier, ce qui fait d'ailleurs une partie de son charme, et tout porte à croire que les changements climatiques aggraveront à la fois les sécheresses et les crues. C'est dire qu'en effet il convient de cultiver la culture du risque pour l'industrie électro nucléaire … aussi longtemps que nous ne serons pas sortis du nucléaire. Mais ceci anticipe sans doute le débat que nous aurons tout à l'heure à l'occasion du vœu que notre groupe a déposé.
Session du 14 Avril 2011 | |
Rapport : La Loire, un fleuve à respecter, un atout à valoriser Annexe : La Loire, un fleuve à respecter, un atout à valoriser |