Un budget supplémentaire sous le signe de la crise.

Christophe DOUGÉ, conseiller régional. Membre de la Commission de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

Alors que le Conseil Régional vient de voter le budget supplémentaire pour 2010, Christophe Dougé, président du groupe EE a rappelé la nécessité de trouver un nouveau modèle économique mais s’est réjoui de voir intégrées quelques priorités d’EE 

 

Monsieur le Président, cher‐e‐s collègues,

 

Voici la première séance plénière de travail du Conseil Régional de cette nouvelle mandature. C’est le budget supplémentaire, la continuité donc du budget 2010, voté lors du précédent mandat. Ce Budget Supplémentaire reste cependant marqué par la crise sociale, environnementale et économique que nous traversons depuis maintenant de 2 ans.

 

D’ailleurs, devons‐nous donc toujours employer le terme de crise, pour un événement qui dure depuis 2 ans et dont les signes avant‐coureurs sont encore plus anciens et l’issue pas encore visible ? Devons‐nous toujours croire que le bout du tunnel n’est plus très loin alors même que la Cour des comptes continue de nous alerter sur le déficit sans cesse grandissant de notre pays ? Alors que, face à la précarisation montante, la réponse de l’Etat est d’instaurer, entre autres, une retraite par capitalisation au détriment de la solidarité, d’une plus juste répartition, au détriment de l’accès des jeunes à l’emploi ?

 

Quel mépris face aux combats menés par des générations de travailleurs, quel autisme face à plus d’un million de personnes qui défilaient jeudi dernier dans la rue !! Nous devons trouver un autre modèle, instaurer un nouveau contrat social, repenser le travail, repenser notre rapport aux ressources naturelles, aux modes de consommation et de déplacements. Nous pouvons toujours investir via l’emprunt, si nous ne repensons pas notre modèle de croissance, nous ne faisons que reculer pour mieux « plonger ».

 

Malgré une réforme territoriale annoncée qui ne fait que brider l’action des collectivités tout en leur faisant supporter la dette creusée par une politique nationale à court de bonnes idées, les régions comme l’ensemble des institutions territoriales restent de formidables leviers pour changer la donne et proposer un autre contrat : plus solidaire, plus responsable et prenant en compte les enjeux économiques, sociaux et environnementaux aux quels nous devons faire face.

 

La participation de toutes et de tous, à tous les niveaux, entreprises, artisans, agriculteurs, établissements éducatifs, associations, partenaires sociaux, collectivités locales… est indispensable. La tache n’est pas simple dans un contexte où l’État n’apporte pas un franc soutien quand ce ne sont pas des freins !

 

Prenez ces derniers quinze jours : STX est toujours dans l’attente d’une garantie de commande pour maintenir son outil de travail et garder ses savoir‐faire, dans le même temps le projet de parc éolien au large de la Vendée est menacé alors qu’il apporterait énergie renouvelable et pérennité d’emploi. Que fait l’État ? Il autorise la ligne THT Cotentin‐Maine et on commence à parler d’une nouvelle ligne THT pour la Vendée. Cherchez l’erreur mes chers collègues.

 

J’aurais pu également parler du label du Parc naturel régional du Marais Poitevin qui n’a pas été réaccordé alors qu’une partie sera en « Grand site national » ou encore l’établissement public foncier régional que nous appelons de nos voeux et qui est toujours refusé par l’État.

 

Seule satisfaction et nous nous en félicitons, les volontés de construire de nouveaux lycées dont celui de Beaupréau. Ce dernier, attendu par une population nouvelle et les élus des Mauges dont je fais partie, sera j’en suis certain un outil structurant du Pays des Mauges, territoire en quête de renouveau. Cet établissement pluriel, qui je l’espère, aura tout du lycée de demain, exemplaire, innovant et créatif.

 

Alors à Europe‐Écologie, nous nous réjouissons que ce Budget Supplémentaire intègre déjà nos nouvelles priorités, basé sur trois axes principaux 1) le renforcement de l’action engagée en matière de lutte contre la crise 2) les solidarités au coeur de nos politiques publiques 3) et l’orientation de notre politique économique dans le sens de la transformation écologique de l’économie.

 

La revisite de nos politique publiques devra se concentrer également sur ces trois axes principaux et permettre d’intégrer des mesures d’urgence, sobriété et anticipation sur l’avenir. Premiers pas vers la transformation écologique de l’économie via l’aide au développement des éco‐filières, par la réflexion engagée sur de nouveaux indicateurs dans le cadre de l’Agenda 21, le soutien aux projets de Développement Durable et aux économies d’énergie dans les établissements éducatifs… Ce sont ces premiers pas qui marquent, je l’espère, la volonté commune de réorienter les investissements publics au cours de ce mandat. Nous nous réjouissons également que ce Budget Supplémentaire soit marqué par l’expression de la solidarité et les prémices du programme de la nouvelle majorité.

 

Je soulignerai :

• la solidarité envers nos concitoyens, communes et entreprises qui ont subi de plein fouet la tempête Xynthia. Je note à ce propos les 10 millions d’euros d’investissement pour la gestion du trait de côte. C’est bien évidemment l’occasion d’entrer dans une démarche d’aménagement du territoire plus globale, dans une autre logique de réflexion. L’ampleur de l’effort, 10 M €, est l’occasion d’inscrire dans le contrat de territoire une nouvelle approche des problématiques. Mais nous y reviendrons.

• la Solidarité envers nos concitoyens haïtiens

• la Solidarité avec les jeunes et les premières mesures pour le pack autonomie que nous avons proposé aux ligériens lors de la campagne, une action qui est très attendue.

• la Lutte contre les discriminations avec la préfiguration de la haute autorité. Ce sont là les premiers jalons du programme de la majorité, les signes également que nous pouvons changer les choses ensemble et décider de progresser vers un autre modèle.

 

Nous, Europe‐Écologie, ne le répéterons jamais assez. Nous sommes convaincus que l’urgence sociale économique et environnementale ne passera que par une autre manière de travailler et de produire. Durant tout le mandat, nous serons extrêmement vigilants sur l’attention portée aux métiers de demain, à la recherche et l’innovation, tant technologique que sociale, à la formation et la création de nouvelles filières, à l’attention portée à l’économie de proximité, sociale et solidaire, créatrice d’emplois durables et ancrés sur l’ensemble du territoire régional.

 

Nous serons vigilants à ce que les choix pris par la région aillent dans le sens d’une redéfinition de notre modèle de vie. Il n’est plus temps d’attendre une croissance qui ne reviendra pas mais d’engager ensemble la transformation écologique en investissant dans des secteurs à fort potentiel et dans la reconversion des activités qui répondent aux enjeux climatiques : énergies renouvelables (STX, Néopolia), économies d’énergie, logement, transports collectifs, agriculture, mais aussi en ne participant plus à la spéculation financière et en s’appuyant sur des modes de financement éthiques et solidaires, en s’appuyant bien sûr sur des outils à portée de main, nos compétences régionales : formation, bâti, projets de territoires, conditionnalités des aides, exemplarité, lutte contre les discriminations…

 

Les défis auxquels nous devons faire face peuvent dérouter et apparaissent comme un genre nouveau, mais appellent des solutions elles aussi nouvelles. Personne n’a encore toutes les réponses mais nous avons le devoir de sortir résolument des sentiers battus. Les conseils régionaux ont donc la responsabilité de participer à ce combat contre l’injustice sociale et économique, de proposer et d’expérimenter de nouvelles propositions, de soutenir le nécessaire changement de nos modes de vie, de produire et de consommer.

 

Si ce Budget supplémentaire répond bien évidemment aux urgences, il est marqué par des premières orientations nouvelles annonçant je l’espère un virage pour un nouveau contrat social économique et environnemental. Le groupe Europe‐Écologie que je préside votera donc l’ensemble des rapports proposés lors de cette session.

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