Retour sur les Etats généraux du logement – Accompagner le bien vieillir en Pays de la Loire

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Le 11 décembre dernier s’est tenue la 4ème édition des États généraux du logement en Pays de la Loire, sur le thème « Bien vieillir et habiter en Pays-de-la-Loire », en lien avec l’Union Régionale des PACT des Pays de la Loire, l’USH et ses partenaires régionaux de l’habitat. Quand on sait qu’une personne sur trois aura plus de soixante ans en 2030 dans notre région, la question de l’accompagnement de cette transition démographique se révèle cruciale. Quels sont les leviers qui permettent de développer des solutions de logements, de services et d’accompagnement répondant aux enjeux de la longévité sur les territoires ? Comment répondre à tous les besoins dans leur diversité ? Ce sont là ces questions que les participants ont tenté de répondre.

Bien vieillir, c’est accompagner le bien vivre

Bien vieillir c’est avant tout bien vivre : continuer à vivre le plus longtemps possible, dans la dignité, dans un environnement sécurisant, dans une dynamique de projet. C’est continuer à nourrir une vie sociale, citoyenne, associative. C’est être entendu, considéré, entouré, avoir le sentiment d’être utile à la société. La prépondérance des retraités dans la sphère associative révèle bien cette quête de liens sociaux et de sens, qui ont pu être insatisfaisants au cours de la vie active.

Bien vieillir, c’est bien vivre-ensemble car nous sommes tous dépendants les uns des autres. Il s’agit de repenser la place des personnes âgées dans notre société et de changer notre regard sur le vieillissement. Cela demande de combattre les clichés sur le grand âge, très négatifs, et intensifier les campagnes d’information et de sensibilisation pour faire sauter les verrous culturels ou psychologiques. Oui, la longévité est une chance ! Nous sommes tous plus vieux et plus jeunes que quelqu’un d’autre. Notre rapport à l’âge est compliqué : toute notre histoire est un rapport de forces, or vieillir c’est être plus faible donc pose culturellement un problème. Le vieillissement est vu comme une charge, un coût.

Appuyer la diversité de l’offre pour répondre à la diversité des besoins

En Pays de la Loire, le public est particulièrement différencié. Un tiers des plus de 55 ans ont un logement inadapté à leur vie.

Cela montre combien il est important de prendre en compte la diversité des besoins physiologiques et sociaux, les souhaits, les désirs, les attentes de nos concitoyens, de prendre en compte chaque parcours de vie en veillant à ce que l’offre de logements soit la plus diversifiée possible.

« Fort heureusement, on commence à sortir de la logique binaire maison de retraire / maintien à domicile, remarque Vincent DULONG, conseiller régional en charge du logement. De nouvelles formes d’habitat se développent depuis très récemment : maisons seniors, village retraites, habitat intergénérationnel… Des enquêtes sur les besoins en logement montrent le souhait de rester chez soi le plus longtemps possible tout en restant à proximité des services et en bénéficiant d’un accompagnement, ce à quoi peuvent répondre ces nouvelles formes d’habitat. »

« L’accès au logement social est également un enjeu particulièrement important, dans un contexte de gel des pensions de retraites et de diminution du pouvoir d’achat des seniors » ajoute-t-il.

 

Anticiper, prévoir et adapter les politiques publiques au vieillissement

La question du bien vieillir est complexe : elle englobe non seulement l’enjeu du logement mais aussi ceux de la mobilité, de la santé, des liens sociaux, de la solidarité…

Elle exige la conjugaison des logiques de court et long terme : il s’agit d’adapter dès à présent notre parc de logements au vieillissement et se forger une vision de long terme sur comment bien vivre ensemble quel que soit notre âge.

« Nous, les politiques, devons accompagner les projets locaux de construction de l’habitat pour qu’ils prennent en compte la problématique du vieillissement, mais aussi veiller à rénover l’existant en adaptant le fonctionnel » témoigne l’élu.

Parvenir à se projeter dans le très long terme n’est pas chose difficile, car les personnes âgées d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier ni celles de demain. Quelle vision les politiques ont de la personne âgée dans la société de demain ? Ainsi, il y a quinze ans, la vague politique sur la dépendance a multiplié les constructions d’EPHAD tout en écrasant les initiatives intermédiaires. Aujourd’hui, il semble essentiel de prendre en compte l’évolution de l’âge dans toutes ses composantes et sans caricature, en intégrant cette question à l’ensemble des politiques publiques.

« Bien souvent, lorsqu’on adapte la vie aux plus fragiles ou aux personnes avec les besoins les plus spécifiques, ça arrange tout le monde et ça favorise non seulement le bien vieillir mais aussi le bien vivre tout court, explique Vincent DULONG. « Par exemple, si vous aménagez des bancs « arrêt-debout » dans l’espace public en pensant aux seniors, vous facilitez potentiellement la vie à l’ensemble de la population qui pourraient en avoir besoin».

Adapter les politiques publiques au vieillissement, ce n’est donc pas dépenser plus, mais peut-être investir et construire différemment. C’est aussi une opportunité de créer de nouveaux emplois, de générer de nouvelles activités. Cela demande aussi un effort particulier de formation des promoteurs immobiliers et architectes souvent peu ou pas formés à l’accompagnement du grand âge.

La co-construction : une exigence

Parce que le vieillissement nous concerne tous, il est primordial d’associer tous les acteurs dans la co-construction d’une politique globale et transversale du vieillissement, à commencer par les personnes âgées elles-mêmes.

Que souhaitent-t-elles ? Quels sont leurs besoins, leurs désirs, leurs attentes ?

Le défi du bien vieillir et habiter dépendra de notre capacité collective à l’adaptation et à l’innovation, de notre capacité à décloisonner, à faire et porter ensemble.

Ce changement de gouvernance demande d’introduire de la souplesse et de la bienveillance, selon le sociologue Serge GUERIN. Cela tombe bien, « la bienveillance est constitutive de l’humus ligérien » !

 

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