« Rentrée 2010 : Les 4 erreurs de M. Chatel », par Matthieu Orphelin.

Matthieu ORPHELIN, 15ème vice-président du Conseil Régional. Président de la commission Education - apprentissage.

Voilà le temps de la rentrée scolaire, marronnier habituel de l’automne approchant. Pourtant celle-ci est bien particulière, tant le gouvernement et son ministre de l’éducation concrétisent des choix politiques que Matthieu Orphelin, président de la Commission Education, voit comme de véritables erreurs.


 

Voilà le temps de la rentrée scolaire, marronnier habituel de l’automne approchant. Pourtant cette rentrée 2010 est bien particulière, tant le gouvernement et son ministre de l’éducation concrétisent des choix politiques qui me paraissent de véritables erreurs. J’en vois au moins quatre.

 

La première erreur, c’est de considérer l’éducation et la formation comme un coût plutôt que comme un investissement pour l’avenir. Le non-remplacement d’un professeur sur deux, application aveugle de la RGPP, aura un effet infinitésimal sur la réduction du déficit public mais des conséquences importantes sur la qualité de l’enseignement donné à nos jeunes. Encore 16 000 postes supprimés cette année, ce sera moins de professeurs remplaçants, une augmentation des effectifs par classe, moins de temps disponible pour les élèves en décrochage… Ne sacrifions pas la dette éducative, sociale et écologique au seul profit de la dette financière.

 

La deuxième erreur, c’est de privilégier la défiance plutôt que la concertation.

La mise en œuvre à marche forcée de la réforme du lycée, qui commence par celle de la classe de seconde cette année, en est un parfait exemple. Défiance envers les élèves, qui, fait historique, commencerons l’année sans leurs manuels scolaires. Défiance envers les conseils régionaux, qui devront financer les manuels adaptés au nouveau programme au moment même où l’Etat assèche les finances des collectivités territoriales. Pour la région des Pays de la Loire, c’est un effort supplémentaire de 2 millions d’euros pour cette rentrée.

 

La troisième erreur, c’est de choisir l’obsession répressive plutôt qu’un soutien aux familles en difficulté.

Il est plus facile d’occuper les médias en proposant la suppression des allocations familiales pour les familles des élèves absentéistes, mesure injuste et inefficace, qu’en proposant des solutions concrètes pour aider ces familles à sortir la tête de l’eau. De même qu’on ne lutte plus contre le chômage, mais contre les chômeurs (suspects de ne pas chercher du travail et de profiter de l’aide sociale), on ne luttera plus contre le décrochage scolaire, la démobilisation des élèves, les difficultés des familles, mais contre la prétendue “démission” de parents qui, selon toutes les enquêtes et les recherches, s’avèrent plutôt “démunis” que “démissionnaires”. On sanctionne les personnes quand il faudrait s’attaquer aux causes, se demander pourquoi les élèves sont absents de l’école et pourquoi les familles ne peuvent ou ne veulent pas exercer leur autorité pour les amener à y aller.

 

La quatrième erreur, c’est de renoncer à donner aux enseignants les moyens suffisants pour exercer correctement leur mission.

Les professionnels de l’éducation sont inquiets et désabusés ; ils oscillent entre rébellion et dépression. Il faut leur redonner la fierté du service public si essentiel qu’est l’éducation, l’autonomie et les moyens suffisants pour y réussir. Le temps nécessaire à la formation au métier d’enseignant est une brique essentielle pour relever ce défi. Les professeurs stagiaires seront dorénavant immédiatement en permanence face aux élèves sans temps de formation suffisant, comme si la formation au métier d’enseignant était un luxe dont on pouvait se passer.

 

Facile de critiquer Mr Chatel, me direz-vous… Mais comment agir et faire de la « résistance positive »?

 

J’oriente pour ma part mes actions sur deux axes.

 

D’abord territorialement, en tant que vice-président de la Région des Pays de la Loire et président de sa commission éducation et apprentissage, région qui, sous l’impulsion de Jacques Auxiette, place l’éducation haut dans son projet politique. Notre projet est ambitieux. Il permettra d’aider encore plus les jeunes qui en ont besoin. Nous lancerons par exemple dès janvier 2010 une expérimentation pour leur permettre d’avoir accès à un ordinateur personnel et donc de réduire la fracture numérique. Plus globalement, nous optimiserons nos aides aux lycéens et aux apprentis pour que les difficultés financières ne soient jamais un frein à la réussite.

Le projet accorde par ailleurs une place importante aux enjeux qui nous sont chers : plus d’une trentaine de lycées se lancera dès la rentrée dans une action pour permettre une restauration scolaire accordant une place majeure aux produits issus de l’agriculture de qualité, le thème des luttes contre les discriminations a été ajouté aux actions éducatives menées par la région, un plan de rénovation des lycées sera lancé…

 

Ensuite nationalement, en préparant l’alternance nationale pour 2012. Je coordonne, avec l’aide de mes collègues Philippe Meirieu, pédagogue plus que reconnu et Vice Président de la Région Rhône Alpes et Yann Forestier pour la commission éducation des verts, la partie éducation et formation du projet 2012 d’Europe Ecologie. Les 5 forums consacrés à ces thématiques lors des journées d’été des écologistes qui viennent de se dérouler à Nantes ont montré que nos idées sont nombreuses et innovantes pour ré-inventer l’école, réduire les inégalités d’accès à la formation et la marchandisation du savoir, créer les conditions d’une véritable formation tout au long de la vie. A nous de partager ces idées et de les faire murir afin de préparer au mieux leur mise en œuvre.

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