Projet de directive OGM : en Pays de la Loire c’est toujours non !
Les député-e-s écologistes ont pris part ce mardi 15 avril à l’adoption d’une loi de « sauvegarde » qui évitera les semis de MON 810 pour cette année. Les élus EELV de la région Pays de la Loire se félicitent d’une telle avancée, même s’ils regrettent que les amendements écologistes qui visaient à étendre l’interdiction de culture à toutes les plantes OGM (et pas seulement au maïs) n’aient pas été retenus.
Limiter les OGM aux seuls maïs modifiés par transgenèse, c’est en effet occulter les « OGM cachés », actuellement en plein développement. On pense par exemple au tournesol ou au colza, plantes rendues tolérantes aux herbicides et donc potentiellement toxiques pour le consommateur et dangereuses pour l’environnement (du fait de la dissémination des herbicides et du croisement avec des plantes non GM).
Mais il y a plus grave. La commission européenne profite des élections européennes pour tenter d’imposer un texte qui permettra aux multinationales des OGM d’assouplir les procédures d’homologations – déjà insuffisantes – au niveau européen tout en leur proposant de négocier avec chaque pays le droit de cultiver des OGM. Cette directive, dite des « OGM à la carte », constitue un véritable chantage antidémocratique d’une commission européenne en bout de course…
Avec une telle mesure, « les aliments OGM pourraient librement circuler sur le territoire européen », prévient Sophie Bringuy. Ce risque apparait d’autant plus grand que, dans l’état actuel des négociations relatives au Traité transatlantique – TAFTA – l’Europe ne pourrait plus interdire les importations massives de produits américains génétiquement modifiés.
D’autant qu’« il existe des alternatives agrobiologiques, respectueuses des écosystèmes, qui redonnent du gout à nos aliments, et dont les rendements pourraient être aujourd’hui équivalents à ceux de l’agriculture conventionnelle si on s’en donnait les moyens » précise Jacques Cochy.
Ce sont ces solutions alternatives à un modèle intensif à bout de souffle que les élus EELV ont souhaité porter en Pays de la Loire, 2ème région de France en surfaces biologiques. « Nous avons été une des premières régions à signer la Charte de Florence pour s’engager résolument contre les OGM », rappelle Christophe Dougé. « Via une Charte et des appels à projets, nous avons soutenu les filières de qualité et les circuits de proximité qui misent sur une reconnexion de la demande et de l’offre alimentaire de nos territoires et sur l’accès des ligériens à des produits sains ».
Par ailleurs, l’agriculture biologique, locale et sans OGM a été introduite au menu de certains restaurants collectifs de la région, tout comme des politiques de maitrise des déchets. Ainsi, « le lycée agricole de Laval a réussi à réduire de 50 % ses pertes pour le pain et de 20 à 30 % sa perte assiette, soit 60 gr, alors que la moyenne nationale est de 160 gr ! », explique Joëlle Remoissenet.
Outre les enjeux sanitaire et gustatif, le bénéfice pour les habitants ligériens est aussi économique. L’approvisionnement auprès des producteurs locaux permet à la fois de maintenir et de développer une activité économique non-délocalisable et de créer du lien social sur les territoires.
Autre avantage, dans une perspective d’explosion des prix de l’énergie, ces circuits de proximité (qui ne sont pas dépendants de la grande distribution et des transports), sont les garants de la durabilité de nos systèmes agricoles et alimentaires locaux. L’alimentation de proximité est donc aussi un moyen pour les citoyens de lutter à l’échelle de leur territoire contre l’épuisement des ressources et le réchauffement climatique.
Au final, ces solutions qui touchent au quotidien des ligériens sont bien la preuve qu’il existe un autre chemin pour faire rentrer l’agriculture ligérienne dans le XXI° siècle. « Ce n’est pas d’OGM dont notre région a besoin aujourd’hui pour développer son économie et nourrir ses habitants, mais plutôt d’une transition alimentaire et agricole ambitieuse vers des pratiques biologiques et de proximité ainsi que de maitrise des déchets qui prennent en compte la qualité des aliments et le respect de l’environnement », conclut Claudie Boileau.