Plus que jamais, mobilisé-e-s pour la transition écologique et énergétique et pour l’emploi durable

MO ok

Intervention générale de Matthieu Orphelin – BS 2013

 Monsieur le Président, chers collègues,

Malgré un discours offensif sur l’inversion de la courbe du chômage, rien n’y fait. L’apparente stabilité du mois de mai ne doit pas cacher l’augmentation continue des chiffres depuis déjà 60 mois, chiffres qui frôlent aujourd’hui un record historique. Notre région n’est pas épargnée, même si nous conservons une situation plus enviable qu’ailleurs.

C’est particulièrement difficile pour ceux qui sont les plus exposés. Je pense notamment aux jeunes qui accèdent au marché du travail, et qui sont dans certaines de nos communes ou quartiers près de 40 % à ne pas trouver de premier emploi. Je pense également aux PME et TPE, aux sous-traitants, aux intérimaires, qui sont aujourd’hui les premiers touchés par la crise.

Il ne nous faut en rien nous résigner mais au contraire redoubler d’efforts et de volonté politique. La politique ne pourrait plus rien faire ? Les écologistes sont persuadés du contraire.

Une semaine après la conférence sociale, nous partageons le constat dressé par certains des participants : «  Si l’on veut lutter contre le chômage, il faut une autre politique économique ». Les vieilles réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui.

 

C’est en priorité par la transition énergétique et écologique que nous rendrons possible la redynamisation de nos activités et la ré-industrialisation de nos territoires. Les études s’empilent pour dire combien les effets macro-économiques et micro-économiques de la transition énergétique sont positifs à court et moyen termes. Pourquoi hésiter encore ? Nous avons, en Pays de la Loire, construit un scénario en concertation pour faire de la transition énergétique un levier de développement et de bien-être sur notre territoire. Nous pouvons en développant les énergies renouvelables, en isolant nos bâtiments et nos habitations, relancer nos industries et le bâtiment, préserver nos savoirs-faire, créer de l’emploi non-délocalisables dans nos territoires, redonner de la qualité de vie, du pouvoir d’achat aux citoyen-nes, de la compétitivité à nos entreprises.

C’est tout le sens du plan d’urgence pour les filières du bâtiment durable qui est présenté à ce BS, et sur lesquels les élu-e-s écologistes se sont fortement engagés. Le BTP est  en crise mais il présente un fort potentiel, lié notamment à la question énergétique.  Il faut donc défendre la filière et lui donner les leviers nécessaires pour résister, se consolider, mieux se structurer et évoluer. Cela est fait grâce à des crédits à court terme ou encore le soutien à la création/reprises d’entreprises en SCOP par les salariés. Mais également à aller de l’avant en formant aux nouvelles pratiques liées à la transition énergétique comme l’isolation des logements, le raccordement de panneaux photovoltaïque sur le réseau électrique…etc. Aujourd’hui, le bâtiment  est le premier secteur pour les apprentis et les demandeurs d’emplois en formation, il faut en faire vecteur de la transition. L’innovation doit être un levier majeur, c’est tout le sens de Novabuild et de PRI comme Echobat.

Par ailleurs, nous prenons nos responsabilités de maître d’ouvrage public, en investissant près de 1 million d’euros par jour dans le secteur du BTP. Nous renforçons encore cette volonté politique sur ce budget supplémentaire, en approuvant 31 M€ s pour des travaux dans les lycées et CFA.

9 marchés sur 10 sont attribués à des entreprises de la Région. Mais, au delà ce chiffre très positif, la situation économique complique, pour certaines entreprises, dont les plus petites, la réponse aux marchés publics. Pour y remédier, j’ai lancé fin 2012 un travail avec les fédérations professionnelles du bâtiment qui se concrétise aujourd’hui avec la « charte pour faciliter l’accès des entreprises du BTP à la commande publique régionale » Le CESER, comme les organisations professionnelles et notamment la CAPEB, la FFB et Novabuild, ont souligné l’intérêt de cette démarche qui est une première en France.

Cette charte, qui porte 16 engagements très concrets, nous permettra aussi de lutter contre les entreprises « low cost » qui sont aujourd’hui un danger, et malheureusement une réalité, dans le secteur du bâtiment. Il faut lutter contre ce dumping. Dumping social : les salariés détachés sont employés dans d’autres pays européens où les charges (et les protections sociales !) sont beaucoup moins importantes qu’ici. Ils vivent ici dans des conditions inacceptables, logés /entassés dans des bungalows avec des coûts qui leur sont déduits de leur salaire !). Dumping environnemental également : les salariés concernés ne sont pas formés aux nouvelles exigences du bâtiment notamment sur les aspects environnementaux.

Nous souhaitons porter une autre politique économique. C’est également le sens des interrogations que nous avons exprimées sur le schéma recherche. L’innovation, les solutions technologiques sont essentielles à la transition, mais elles ne suffiront pas. Le changement de modèle est surtout une aventure sociétale et organisationnelle. Et c’est cette aventure qui doit être au cœur de notre stratégie recherche, ce sont ces questions de fond qui doivent irriguer nos actions, à côté des aspects techniques. Voilà pourquoi les écologistes ont souhaité, jusqu’aux commissions sectorielles, des améliorations sur le texte présentant cette stratégie.

Une autre politique économique, et donc des choix différents et affirmés. La nécessité de changement de modèle de société, surtout en cette période de restrictions budgétaires nous oblige à faire des choix :

–          Faire des choix sur les transports, il nous faut favoriser les déplacements du quotidien et les alternatives à la voiture. Etre cohérent et responsable, en ces temps contraints, c’est donc d’arrêter de soutenir des projets qui ne vont pas dans ce sens. C’est d’ailleurs ce travail qui a été engagé par le gouvernement à travers la commission « Mobilité 21 » qui rend son rapport aujourd’hui.  Cohérence, oui, à repousser aux calanques grecques, après 2050, des projets datant d’un autre temps comme l’A831. Cohérent ce serait également de renoncer à construire un aéroport inutile à Notre Dame des Landes, dont la desserte ferroviaire en est repoussée au  mieux à 2030 !!.

 

–          Faire des choix en matière d’agriculture et d’alimentation. Comme celles des branches industrielles qui campent sur une société du passé, les industries agro-alimentaires subissent de plein fouet la déconfiture de notre système économique.  A trop vouloir déconnecter les producteurs des consommateurs, certains oublient à quel point une agriculture et un secteur alimentaire plus respectueux de l’environnement sont aussi plus riches en emplois, en développement des territoires, en qualité, en traçabilité et moins coûteux au final pour la collectivité. Nous devons refuser l’agro-alimentaire basse qualité et être vigilants sur l’utilisation des moyens accordés aux IAA.

 

–          Faire des choix encore de critérisation ; savoir où vont les financements publics et évaluer  leur efficacité sociale et environnementale. Le bien-être de nos territoires ne dépend pas seulement du monocritère croissance ; le rapport développement durable l’illustre  et bien qu’il soit mésestimé, ce type de document est révélateur de la capacité de dynamiser les territoires via d’autres moteurs que la croissance ou la compétitivité.

 

Etre responsable, c’est faire des choix donc, c’est aussi préparer l’avenir maintenant :

La rigueur ou l’austérité, peu importe le terme, n’est pas la solution. La crainte de la dette bride l’imagination, la préparation de l’avenir.  L’investissement public a été divisé par deux en Europe en 10 ans. C’est un drame. Il faut investir ! Et c’est ce que nous faisons en Pays de la Loire. Les chiffres du compte administratif régional 2012, + 16% d’investissements par rapport à 2011 sont excellents. Nous félicitons la discipline gestionnaire de la région et son intelligence quant à l’approche plurielle de ses outils de financements. Cependant, nous écologistes, pensons que l’investissement public pourrait être encore un peu plus offensif et nous pensons  que nous pourrions augmenter un peu notre capacité de désendettement. 3,3 années en effet c’est une bonne gestion… mais une gestion peut être trop prudente,  qui ne prend pas de risque alors même que la situation exige que nous nous engagions fort. La transition énergétique possède un potentiel d’activité et d’emploi particulièrement important. Au final, c’est autour de 700 000 emplois supplémentaires à l’échelle nationale d’ici 2030… mais il faut s’y mettre maintenant car une partie d’entre eux nécessite des investissements publics initiaux importants !

Alors, quand on regarde ces chiffres, on se dit qu’il est vain de continuer à opposer économie et écologie. D’ailleurs, seuls quelques dinosaures continuent à oser le faire. Et l’histoire sait comment finissent les dinosaures !

Vous l’aurez donc compris, nous, écologistes, sommes plus que jamais acteurs de ce budget supplémentaire et de ses déclinaisons opérationnelles. Nous sommes, plus que jamais, au service des ligériens et des territoires. Nous sommes, plus que jamais, mobilisés pour la transition écologique et énergétique et pour l’emploi durable.

Laissez un commentaire

Remonter