« Notre-Dame-des-Landes : la force tranquille des milliers d’opposants », par Geneviève Lebouteux.
Depuis plus de 10 ans que je suis investie sur le dossier de Notre-Dame-des-Landes, je ne connaissais du lieu que quelques endroits de réunion et les grands champs des rassemblements estivaux. Depuis le démarrage de l’opération « César », j’ai découvert des endroits superbes, malgré la boue, comme la magnifique forêt de Rohanne (qui serait destinée à devenir un parking de 7500 places). Je connaissais aussi quelques uns des nouveaux habitants venus habiter cette Zone d’Agriculture Durable (ZAD) depuis deux ans. Les événements récents m’ont conduite à passer déjà quatre journées là-bas : celle du 17 novembre bien sûr, témoignage d’une force tranquille émanant des milliers de personnes rassemblées, convaincues que ce projet doit s’arrêter car il n’a aucun sens. Et puis trois autres journées au cours desquelles j’ai rencontré, échangé, œuvré, avec beaucoup de monde. Quelques souvenirs en vrac :
– Nous étions environ 200 devant les forces de police, à empêcher le passage de trois machines de chantier aux abords de la forêt, tous pacifiques, de tous âges, dans le calme, avec comme seules armes nos paroles et nos chants ;
– Nous étions une cinquantaine, désarmés, dans la propriété privée d’un agriculteur, devant d’autres policiers, à chercher à rejoindre des cabanes nouvellement construites devant lesquelles des engins abattaient un grand nombre d’arbres (pour faciliter le passage de machines de chantier ultérieurement sans doute). Nous avons été repoussés et attaqués au gaz lacrymogène (45 euros la capsule, plusieurs dizaines de jetées pendant le temps que j’y ai passé) ;
– Les phrases entendues de la bouche des CRS : « trop vieux pour ce genre de conneries », « on ne nous demande pas de réfléchir, on applique les ordres » ;
– Une dizaine de paysans dans un champ, le soir, en train de soigner à l’eau chaude une vache pleine, victime d’une sciatique. Au service des forces de vie, coûte que coûte…
