L’urgence ? c’est déjà fait ! L’impossible ? c’est en cours ! Pour les miracles ? il faut prévoir un délai !
Lors de la session plénière du Conseil régional des Pays de la Loire consacrée à la Décision modificative 2 (DM2), Jean-Philippe Magnen, président du groupe EELV a réaffirmer la nécessité d’enclencher dès à présent la transformation écologique de notre territoire.
Monsieur le Président, cher-e-s collègues,
J’ai envie de commencer mon intervention par une courte citation, que vous reconnaîtrez sans aucun doute.
L’urgence ? c’est déjà fait !
L’impossible ? c’est en cours !
Pour les miracles ? il faut prévoir un délai !
Eh bien je crois que cette citation peut s’appliquer à nos délibérations d’aujourd’hui. Même si je suis persuadé qu’il faut revoir en profondeur nos concepts d’urgence, d’impossible, et même – et surtout – de miracle…
1 L’URGENCE
Notre urgence, c’est la crise et surtout les réponses que nous savons construire pour protéger l’emploi, pour contribuer à créer de l’activité et des emplois.
Région responsabilité particulière pour répondre à la crise.
Région responsabilité particulière de par ses compétences :
- Régions compétences clés au cœur du défi auquel nous sommes confrontés : emploi/formation et développement économique. François Hollande vient de confirmer le rôle de chef de file des régions dans ces domaines, fléchant 2 instruments pour faire face à la crise : la BPI et les fonds structurels européens.
- Moi je suis sans réserve par rapport au soutien que nous devons apporté à ces deux outils
Ainsi, dans le cadre de la DM2 :
Nous renforçons les outils mis en place à travers nos schémas et différents plans : plan de lutte contre la crise, SREED, plan des mutations et les plans sans doute à venir
Concrètement, ce sont :
- 50 M € Fond d’Investissement Pays de la Loire
- 15 M € supplémentaire Fonds régional de garantie OSEO
- 10 M € supplémentaire mis en place d’outils qui préfigurent à la mise en place de la BPI notamment le Prêt régional de redéploiement Industriel
- 5M€ supplémentaires pour outils de financement défensifs comme les avances remboursables en direction PME.
- 2M € sur 500 projets de développement économique
- relance de l’emprunt obligataire ( 100 M € supplémentaire espéré, …) avec fléchage important pour l’emploi et le développement économique
Et pour la formation professionnelle : 8 Millions pour former les demandeurs d’emploi, les personnes qui aujourd’hui en ont le plus besoin.
2 L’IMPOSSIBLE
Nous avons le devoir de tenir nos engagements, l’impossible c’est ça dans le contexte très contraint dans lequel nous travaillons.
La crise que nous vivons est d’une ampleur sans précédent.
Face à elle, nous assumons toute notre responsabilité de gestion :
- malgré des recettes en berne, nous tenons une vraie maitrise des dépenses de fonctionnement à +1,6%
- nous faisons progresser l’épargne régionale de 483 769 euros et réduisons l’emprunt d’équilibre à 8,8 M €
- enfin nous préservons un haut niveau d’épargne (240 M à l’horizon 2016) qui permet d’envisager investissements importants
en tout cela, nous visons un « juste équilibre », pour que rigueur dans la gestion des comptes publics ne rime pas avec austérité sur notre territoire
c’est un équilibre délicat, difficile, mais nous prouvons par cette DM2 que ce n’est pas un équilibre impossible.
3 LE MIRACLE
Il reste le miracle, mais ce ne sera pas un miracle, je vous l’assure.
Oui le contexte est difficile
Oui la croissance ne cesse d’être revue à la baisse, le chômage et le déficit à la hausse
Ce qui reste nul ce sont les projections de croissance…
La crise s’installe, voire s’aggrave, peut-être s’approfondit… et nous sommes tous, ici comme au plan national, en train de continuer à accompagner cette crise, à seulement tenter de l’atténuer, de réduire ses impacts…
Disons-nous le , les modèles traditionnels ont échoué, les anciennes réponses ne suffisent plus.
Il nous faut inventer de nouvelles solutions.
Car la crise est trop grave pour que les vielles recettes de l’accompagnement infléchissent la courbe du chômage. Cela fait 30 ans.
Car continuer à subventionner sans perspective durable, sans donner un horizon et du sens à long terme à nos interventions, c’est prendre le risque d’apaiser aujourd’hui pour laisser mourir demain, c’est prendre le risque de perdre durablement des emplois et des compétences plutôt que de les aider et de les transformer, c’est gâcher les fonds publics.
Le miracle qu’il faut enclencher aujourd’hui, c’est préparer les mutations et reconvertir nos compétences et savoir-faire.
Combien de temps subirons-nous les mauvaises nouvelles qui s’accumulent comme une fatalité ?
- La liquidation annoncée de Thomson Angers cette semaine
- Le secteur de l’agro-alimentaire avec Doux en Mayenne
- STX à Saint Nazaire
- Le secteur de l’automobile notamment en Sarthe
- Plysorol en Vendée
Il faut engager concrètement la transition énergétique et la conversion écologique de l’économie sur nos territoires :
- Tous les outils et instruments régionaux doivent se mettre au service de la transformation de notre économie (fléchage d’une partie de notre emprunt obligataire, crédits BPI, Fonds de garantie OSEO, soutien à l’ESS…etc.)
- Il faut continuer à engager la transition par les leviers forts de l’éducation et de la formation – le grand débat « refondons l’école » prépare l’avenir, et pourra y contribuer
- Il faut plus que jamais veiller à un développement économique en harmonie avec et entre les territoires comme l’illustrent les 10 M€ pour la stratégie régionale d’aménagement numérique ( lutte contre fracture numérique et raccordement l’Ile D’Yeu)
mais ce développement éco doit être aussi respectueux de notre environnement : il n’est pas contraire à l’écologie – ça passe notamment par mettre fin à des pratiques de pollutions par des entreprises comme Approchim en Mayenne
22 milliards minimum en France aujourd’hui sur toutes les pollutions. Les recettes sont aussi là.
Cette majorité a engagé ce chemin. On en trouve de nombreux exemples dans cette DM2 ; comme les 36 M € supplémentaire sur le transport ferroviaire ou l’accélération des investissements dans la performance énergétique de nos lycées et CFA: tout cela sera créateur d’emplois sur nos territoires, et déclenche la transition énergétique de manière concrète…
Mais il faut continuer, approfondir, démultiplier ces actions, pour créer une dynamique d’envergure, en souhaitant ardemment que notre nouveau gouvernement, à son tour, aille dans le même sens.
Ainsi, le Conseil d’analyse stratégique estime à 783 000 le nombre d’emplois nets créés en France d’ici 2020 dans l’économie verte. Il prévoit même une baisse du chômage si nous réussissons la transition écologique et énergétique, avec un taux de chômage à moins de 7%.
L’écologie c’est l’urgence.
Le progrès, le développement, le refus de la casse sociale, ce n’est pas impossible.
Le miracle de la sortie de la crise, de la croissance sélective et durable, de l’emploi et du bien-vivre, il ne tient qu’à nous d’en faire un objectif mobilisateur et partagé.