Les tunisiens veillent sur leur fragile démocratie

Hédia Manaï-Bauchet, conseillère régionale EELV des Pays de la Loire en charge de la coopération avec la Tunisie

La Tunisie vit une étape cruciale dans le processus démocratique engagé depuis la révolution et la chute de la dictature. La crise tunisienne qui était économique et sociale devient politique.

Avec l’ignoble assassinat de Chokri Belaïd, figure de l’opposition, c’est toute la société tunisienne que l’on veut déstabiliser par la violence. Chokri Belaïd était un symbole par son engagement. En 2008, il défendait déjà les travailleurs en lutte du bassin minier de Gafsa, berceau de la révolution.  Il était impliqué dans tous les combats visant à défendre les droits essentiels des personnes et à créer les conditions d’un large rassemblement des forces démocratiques.

La forte réaction citoyenne du peuple tunisien à la suite de cet assassinat témoigne avec force de l’aspiration du peuple tunisien à la démocratie et à la justice. Les tunisiens ont le sentiment que les idéaux de la révolution, liberté et dignité, ont été confisqués par le pouvoir issu des urnes en octobre 2011.

Les choix économiques de ce gouvernement sont toujours ultra-libéraux et ne répondent en rien à l’espoir de plus de justice sociale du peuple tunisien. Le pouvoir en place montre son incapacité à répondre aux attentes légitimes du peuple et notamment des milieux populaires qui souffrent au quotidien.

Dans ce contexte inquiétant pour l’avenir, notre solidarité est plus que jamais nécessaire pour soutenir sans relâche la construction du processus démocratique et les initiatives citoyennes. Il faut refuser l’isolement de la Tunisie et développer des résistances constructives pour répondre à ces attentes.

Car il ne faut pas diaboliser excessivement la crise tunisienne. Gardons en mémoire la forte volonté de résistance citoyenne exprimée  par de très nombreux tunisiens à la suite de ce drame. Refusons de tomber dans la fatalité d’une démocratie impossible car depuis la révolution et bien avant, les tunisiens s’engagent et s’affirment pour construire – avec beaucoup de maturité  – un autre avenir pour le pays.. C’est avec l’ensemble des composantes de la société tunisienne qui accepte les règles de la démocratie qu’il faut rechercher un consensus national face à l’urgence de la crise.

N’oublions pas que c’est ce même peuple qui a fait tomber la terrible dictature de Ben Ali. Personne n’aurait jamais osé l’imaginer.

Ne cédons pas au fatalisme et manifestons notre soutien et notre solidarité avec les démocrates et progressistes. Restons confiants et lucides pour que le peuple tunisien nous étonne encore !

 

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