La mixité dans la formation professionnelle, un atout indispendable
La première remise de prix a eu lieu jeudi dernier à l’Hôtel de Région, lors d’une cérémonie conviviale présidée par Matthieu Orphelin, en présence de Joëlle Remoissenet. Le président de la commission Éducation et apprentissage s’est d’abord adressé aux jeunes : « Votre investissement et ce prix auront certainement un impact positif sur les générations à venir. Vous leur montrez l’exemple : il faut choisir un métier dans lequel on s’épanouira. »
L’enjeu majeur du prix régional de la mixité est de permettre aux jeunes d’accéder à la formation choisie, en vue d’exercer l’emploi qui les motive réellement. Interrogés sur les difficultés rencontrées, 29% des 45 jeunes candidats au prix de la mixité témoignent des réticences liées à leur entourage. Un tiers des jeunes a connu une intégration contraignante dans un groupe du sexe opposé, et ont du faire face aux préjugés sur la condition physique notamment.
En proposant cette nouvelle action éducative, le Conseil régional encourage la diversification des parcours et invite les jeunes à être de véritables acteurs du développement de la mixité dans les filières traditionnellement masculines ou féminines.
« A travers ce prix nous souhaitons féliciter les jeunes pour leur parcours, parfois compliqué, et valoriser leur investissement. La somme de 1000€ qui leur est attribuée sera un soutien financier non négligeable pour ces années d’études » souligne Matthieu Orphelin, président de la commission Éducation et apprentissage. Il ajoute : « Les difficultés exprimées par les jeunes lors de cette rencontre existent véritablement et doivent être entendues. C’est à nous, collectivement, de casser les préjugés pour que chacun et chacune puisse faire ses choix sereinement et se réaliser professionnellement. »
33 candidatures ont été retenues. 12 apprenti-e-s et 21 lycéen-ne-s ont vu leur parcours reconnu par ce prix et ont reçu la somme de 1000 €. Récompensés pour les actions qu’ils ont entreprises, les lycéen-e-s/apprenti-e-s et les établissements présents ont également relaté leur expérience.
Mathilde GUERETIN, 18 ans, lycéenne en Bac Professionnel Maintenance des véhicules automobiles, au LPO Le Mans Sud.
« Ma motivation pour ce métier vient de ma passion pour l’automobile, non seulement d’un point de vue mécanique, mais également d’un point de vue esthétique et de performance. Native du Mans, les 24h font partie intégrante de ma culture automobile et m’ont certainement influencée dans mon projet professionnel. »
Un reportage sur le parcours de la jeune fille est projeté. Un de ses amis témoigne : « C’est drôle quand on la voit avec son vernis et ses talons d’imaginer ce qu’elle fait. C’est cool de pouvoir parler automobile et moto avec une copine ! »
Cyrielle ROSSOL, 18 ans, lycéenne en Bac Professionnel Chaudronnerie, au LP Eric Tabarly à Olonne-sur-Mer.
« Ma passion pour les métiers manuels depuis toujours m’a poussée à aller vers ces métiers, bien qu’ils soient presque tout le temps exercés par des hommes. Les femmes sont-elles forcées à apprendre des métiers dits féminins (coiffeuse, secrétaire…) ? »
Cyrielle a témoigné des difficultés importantes qu’elle rencontre encore aujourd’hui : « C’est pas toujours facile avec les professeurs et mes camarades. Quand je suis malade, ils ne me passent pas toujours les cours. Avec mes parents on se bat contre ça. »
Un témoignage qui a suscité une vive réaction de la salle et confirme l’impact de l’entourage sur les choix d’orientation professionnelle.
Clément BARITEAU, 22 ans, apprenti en CAP Esthétique Cosmétique Parfumerie, au CFA de la Coiffure et de l’Esthétique de Nantes.
« Ce qui me motive et me captive dans ce métier, c’est la notion d’échange, et ceci même au-delà du dialogue. On rentre vraiment dans un rapport intime de confiance avec sa clientèle. »
Dans le reportage qui lui était consacré, les formatrices et formateurs de Clément n’ont pas caché qu’au départ ils avaient une légère appréhension concernant l’intégration de Clément dans les cours : « On ne savait pas comment cela allait se passer, comment ses camarades allaient réagir ou quelles adaptations nous allions devoir mettre en place, des vestiaires séparés par exemple. Et puis finalement tout s’est fait naturellement. »
« Cette première remise de prix n’est qu’un début et le chemin vers la diversification de toutes les filières de formation professionnelle initiale, mais aussi générale est encore long », affirme Joëlle Remoissenet, conseillère régionale en charge de la lutte contre les discriminations au sein de la commission Éducation et apprentissage. Elle précise : « Parmi les jeunes qui ont candidaté, il y avait à peine 14% de garçons. Or la mixité ne concerne pas de façon exclusive l’insertion de filles dans des formations dites masculines. Tout le sens de notre action est là : faire en sorte que demain un garçon puisse devenir puériculteur et une fille plâtrier staffeur. En citant ces deux exemples on voit là aussi la nécessité de faire évoluer la langue française pour adapter les noms des métiers. »
Aménagement paysager, électricité, électronique, habillement… les secteurs professionnels choisis par ces jeunes sont divers et certains comme ceux du bâtiment ou de la mécanique sont en tension. L’intérêt d’encourager les jeunes dans ces filières pourvoyeuses d’emplois est donc double : il s’agit de les soutenir et les accompagner vers un emploi durable et de participer au développement de l’économie régionale et des compétences dans la diversité.
Investissement, engagement et talent étaient donc à l’honneur de cette première remise du « Prix de la mixité dans les parcours de formation professionnelle initiale ». Les interludes de la fanfare du lycée Aristide Briand d’Angers ont accompagné les remises de prix, dans une ambiance conviviale et festive.