Et si la ré industrialisation passait par l’écologie ?
Emmanuelle Bouchaud, Vice-présidente du Conseil régional déléguée à l’énergie, était présente le 25 avril dernier à l’Assemblée Nationale pour le colloque Et si la ré industrialisation passait par l’écologie ?
Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, Yannick Jadot eurodéputé, Karine Berger députée socialiste ou François-Michel Lambert député écologiste, ont respectivement pu exposer leurs idées, parfois convergentes…
Il ressort de ce colloque et cela de manière unanime, que la mutation de notre outil industriel se fera autour de la transition écologique et particulièrement énergétique. Trois exemples dans le domaine du transport en témoignent:
– Le TGV de l’avenir, consommant 15% d’énergie en moins tout en transportant plus de passagers.
– Le navire écologique, naviguant avec deux fois moins d’énergie
– Renault Nissan, leader mondial du véhicule électrique.
Il est indéniable que cette Mutation doit reposer en partie sur des innovations technologiques. Celles-ci permettent une augmentation de la valeur ajoutée, qui par la même assure une croissance économique reposant alors d’avantage sur du qualitatif que du quantitatif.
Si l’innovation technologique a donc sa part dans la mutation écologique de l’industrie, il est également indispensable de développer d’autres formes d’économies, comme l’économie circulaire et l’économie de fonctionnalité : mieux gérer le cycle de vie d’un produit ou acheter un service plutôt qu’un bien, contribue en effet à la transition écologique et permet de créer de nouvelles activités.
Pour impulser, accompagner et favoriser la transition écologique de l’économie, l’état et les collectivités doivent inévitablement actionner des leviers, comme :
– La BPI, qui a le mérite de pouvoir accompagner les entreprises sur du long terme (10 ans).
– Le crédit d’impôt compétitivité emploi qui, malgré son absence de conditions, peut aider à ce genre de conversion.
– La fiscalité. Mais là-dessus les points de vue divergent…
Pour nous, la fiscalité écologique est le levier primordial à actionner pour accompagner la mutation industrielle. « La France occupe une place peu flatteuse en termes de fiscalité écologique. Elle se situe au 21e rang européen au regard du poids de sa fiscalité écologique dans le PIB, et au 26e rang si on compare son poids à la totalité des recettes fiscales. Cette situation retarde la reconversion écologique de l’économie. Les collectivités territoriales ne disposent pas de fiscalité dynamique. Les Régions sont compétentes sur le développement économique, mais ne perçoivent aucune fiscalité en lien avec les politiques qu’elles pourraient mener sur les territoires pour renforcer les PME et développer l’innovation »*. Idée difficilement entendable chez nos partenaires socialistes qui considère la fiscalité écologique comme une atteinte au pouvoir d’achat des français ; vision passablement court-termiste …
Enfin, la politique industrielle française ne peut être abordée sans parler de l’Europe. Et force est de constater que le manque de politique industrielle européenne met à mal notre propre politique nationale. Ainsi, les écologistes demandent que des conditionnalités environnementales et sociales soient établies dans les échanges entre l’Europe et le reste du monde et, revendiquent une Europe plus forte, plus présente, qui non seulement fixe des orientations politiques en matière de conversion de l’outil industriel européen mais qui puisse également travailler sur la gestion des matières premières à l’échelle européenne.
« La stratégie industrielle que nous proposons est au croisement des enjeux européens et internationaux, de la particularité économique et sociale française et des objectifs politiques que nous nous fixons : une industrie au service d’une revitalisation de l’économie, créatrice d’emplois, porteuse de progrès social et démocratique, et qui répond à des objectifs environnementaux majeurs »*.
* citations extraites du «livre vert de l’industrie avril 2013 »