Concertation « Refondons l’école » : la Région des Pays de la Loire force de propositions

J’ai la chance, avec Jacques Auxiette, de représenter la Région à la concertation nationale « Refondons l’école » lancée par le Ministère de l’éducation Vincent Peillon. Les réunions associent l’ensemble des acteurs et se déroulent de manière constructive. On sent que le temps de l’échange, de la construction commune, est revenu. D’un sujet à l’autre, les consensus sont plus ou moins simples à obtenir, les propositions plus ou moins innovantes. Quelques enseignements à mi-parcours :

Sur le rôle renforcé des collectivités locales, certains sujets semblent acquis comme le positionnement de la Région en tant que chef de file du service public régional d’orientation. Reste à convaincre aussi que les Régions doivent avoir aussi le pilotage global de la carte des formations, ce qui contribuerait à sortir de l’absurdité actuelle : par exemple, le Rectorat décide des ouvertures en lycée, la Région décide des ouvertures en apprentissage ! Une plus grande régionalisation ne veut pas dire une perte de l’égalité territoriale comme certains veulent le faire croire. J’espère que l’acte III de la décentralisation ira loin dans la redéfinition des missions des uns et des autres.

Sur l’ambition pour le numérique, le groupe a pris conscience que le numérique doit/va changer radicalement le rapport entre l’enseignant et les élèves, le contenu même de ce que l’on doit apprendre. Les travaux vont converger vers des propositions claires et intéressantes sur la gouvernance et la coordination des actions (aux échelles régionale et nationale), la co-élaboration Etat – Collectivités, le lancement d’un ou des observatoires pour faciliter la mutualisation des expériences, la meilleure répartition des compétences, les moyens d’arriver à une équité territoriale. Là encore, les Pays de la Loire sont en avance avec le dispositif Ordipass, ou encore l’espace numérique de travail unique qui a été mis en place par le Rectorat, le Conseil Régional et les 5 Conseils départementaux, toutes couleurs politiques confondues.

Sur la valorisation de l’enseignement professionnel, j’ai été frappé par les prises de position assez dogmatiques de certains intervenants, par exemple sur l’apprentissage qui est encore semble-t-il pour certains un repoussoir. Loin de ces postures idéologiques, j’ai mis en avant l’originalité des Pays de la Loire (équilibre et complémentarité lycées professionnels / apprentissage) et les actions que nous mettons en œuvre (sur le décrochage, la lutte contre l’illettrisme, les actions éducatives, l’individualisation des parcours en CFA, la bonification de l’aide pour les séjours à l’étranger pour les lycées professionnels…).

Sur la volonté de faire une école attentive à la santé des élèves, la réflexion est très axée d’une part, sur les rythmes scolaires et, d’autre part, sur les moyens accrus nécessaires pour la médecine scolaire au sens large et pour le repérage, 1ère étape indispensable avant même le diagnostic. J’ai porté pour ma part des problématiques étrangement absentes des échanges. D’abord la relation alimentation/santé, sujet complètement oublié dans ce débat et la nécessité pour cela de se donner des objectifs très forts sur la restauration scolaire durable. Ensuite, la nécessité de soutenir les actions de prévention santé, notamment celles portées par les élèves ou par les équipes éducatives. Enfin, la nécessité de mieux partager ce qui existe, les réussites, les échecs et les évaluations, avec l’exemple du pass santé contraception.

Enfin, l’atelier « une vie scolaire qui promeut la citoyenneté » fait à mon avis fausse route. L’intitulé initial de cet atelier, qui était « la vie scolaire et l’éducation à la citoyenneté » était meilleur et plus large. Il posait la vraie question : comment accompagne-t-on le jeune à devenir citoyen, à se préparer à être acteur de la société et à s’ouvrir au monde extérieur. Le groupe a choisi de travailler sur un sujet beaucoup plus fermé et centré sur la vie scolaire, les instances, les règlements intérieurs, l’ordre scolaire et les sanctions… Pas à la hauteur de l’enjeu et surtout, à mon avis, un peu à côté de la plaque.

Place maintenant à la concertation locale, avec des débats décentralisés dans chaque région et chaque département, puis à la future grande loi qui sera présentée par le ministre avant la fin 2012.

 

Matthieu ORPHELIN,
Président de la commission Éducation et apprentissage du Conseil régional des Pays de la Loire

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