Compte-rendu de mission sur l’éolien au Danemark et en Allemagne.

Emmanuelle BOUCHAUD, 6ème vice-présidente du Conseil régional. Membre de la Commission du développement et des activités économiques, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Du 6 au 10 juin 2010, une délégation d’industriels, de sociétés d’ingénierie, de développeurs éoliens, d’institutionnels, s’est rendue au Danemark et en Allemagne pour visiter des sites de production d’éoliennes. Emmanuelle Bouchaud, vice-présidente déléguée à l’énergie, en faisait partie.

Cette visite à nos voisins nordiques a permis de prendre connaissance de la réalité de l’industrie éolienne. Qu’il s’agisse de construction de fondations, de mâts, de pâles, ou de nacelles, tout est dimensionné à l’échelle industrielle sur des sites aussi gigantesques les uns que les autres.

Il faut dire que l’énergie éolienne n’est pas une nouveauté chez eux. Chez Siemens, ensemblier situé à Brande au Danemark, la production a commencé dès 1975 avec un doublement de la production tous les 4 ans et une augmentation encore plus importante depuis 2003.

Forts de leur savoir faire et de leur avance technologique, logistique, commerciale, ces constructeurs ont su s’imposer sur le marché de l’éolien. Ils implantent régulièrement des usines un peu partout dans le monde : USA, Chine, Pologne…C’est le cas notamment de Multibrid, autre ensemblier situé à Bremerhaven en Allemagne, qui prévoit éventuellement l’implantation d’une usine d’assemblage en France.

Une usine d’assemblage d’éoliennes, ce sont de vastes hangars où toutes les pièces d’éoliennes fabriquées par les sous traitants sont stockées puis assemblées les unes aux autres : les turbines sont montées puis installées dans les nacelles auxquelles sont reliées les pâles. Le tout sort en série : 35 éoliennes par semaine pour Siemens. Le système est le même que pour la production automobile à la différence que tout est plus gros, plus haut, plus lourd. Une nacelle d’éolienne off-shore de 5 MW pourrait héberger un studio. Un tripode (un des nombreux systèmes de fondation d’éolienne) pèse 750 tonnes. Un mât d’éolienne off-shore mesure 90 mètres.

Tout est donc démesuré, à la hauteur des enjeux certes, et ces grands joujoux demandent donc de l’espace. La production nécessite des infrastructures portuaires adaptées avec des quais suffisamment solides, une logistique importante, sachant que tout cet environnement représente 50 % de l’activité globale.

Le bassin nazairien est fortement intéressé pour accueillir ce genre d’activité. STX réfléchit à la production de mâts et à la construction de navires pour l’installation et l’entretien d’éoliennes. Néopolia, association d’entreprises nazairiennes, travaille sur la structuration d’offre en matière de sous-traitance. Le Conseil régional soutient cette dynamique car elle représente une véritable opportunité pour la diversification d’activité, la création d’emplois et le respect des objectifs de développement des énergies renouvelables.

Mais il est un point de passage obligé : il faut que les deux zones d’éolien off shore identifiées par la préfecture, représentant une puissance d’environ 1 000 mégawatts au total, soient acceptées par le gouvernement. Or aujourd’hui celui-ci n’a sélectionné que la zone nord (banc de Guérande au large du Croisic), considérant que la zone sud (au large de l’Ile d’Yeu et de Noirmoutier), n’est pas pertinente. Pour des raisons politiciennes, une

nouvelle filière industrielle régionale, pour une fois compatible avec des objectifs écologiques, serait ainsi menacée et tuée dans l’oeuf.

C’est pourquoi politiques, industriels, CCI, comité des pêches, se mobilisent afin de convaincre M. Fillon de ne pas céder aux sirènes de M. de Villiers, opposant notoire à la zone sud. Nous demandons au Premier Ministre de considérer avant tout que tout un territoire régional porte ce projet, de manière fortement majoritaire, et ne comprend pas cette décision arbitraire et irrationnelle.

L’avis final devrait être pris rapidement car les appels d’offres de l’État pour la réalisation des parcs off-shore doivent être lancés en septembre 2010. Il est bon de rappeler que l’Etat français s’est donné un objectif de 6 000 MW de puissance éolienne à atteindre pour 2020. Chiche a-t-on envie de lui répondre. Nous, en Pays-de-la-Loire, nous sommes partants. Reste à savoir si lui-même est en capacité d’y mettre les conditions ad hoc.

Emmanuelle BOUCHAUD

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