Budget Supplémentaire 2012 : Intervention générale de Jean-Philippe Magnen

Jean-Philippe MAGNEN prends la parole dans l'hémicycle

Les élu-e-s du Conseil régional des Pays de la Loire sont réunis aujourd’hui en session plénière pour examiner et voter le Budget supplémentaire 2012. Jean-Philippe Magnen, président du groupe Europe Ecologie Les Verts, a fait une intervention de politique générale, dans le cadre de cette session, revenant sur deux dernières élections présidentielles et législatives.

 

50 pages de constats inquiets, mais seulement un consensus mou sur les objectifs à atteindre et aucun engagement sur la manière de les atteindre ! C’est ainsi que c’est malheureusement soldé le sommet de RIO + 20. Nous y reviendrons cet après midi lors du débat sur l’international, nous écouterons alors avec attention le retour que nous fera la délégation régionale qui s’est rendue à Rio… 

 

Mais je tenais à évoquer cette actualité pour évoquer la dimension profonde qui structure notre positionnement, au plan philosophique comme au plan stratégique : le constat est fort et clair d’une crise économique, sociale et environnementale, de nature systémique et structurelle, qui exige que nous sortions des vieilles recettes d’hier, même rénovées, de vieilles recettes qui ne marchent plus.

 

L’urgence climatique, le creusement des déficits, la percée de l’extrême droite partout en Europe, l’accroissement des pollutions, l’augmentation du chômage, la problématique des déchets, l’érosion de la biodiversité… Sans faire preuve de pessimisme excessif, nous sommes loin de la sortie de la crise écologique, économique et sociale.

 

Et donc oui, l’arrivée de la gauche au pouvoir en France, survient dans un contexte bien particulier. Aussi, les élections du 6 mai et celles du 10 et 17 juin nous confèrent-elles, tout le monde en convient, une très lourde responsabilité. Une responsabilité que les écologistes ont choisi d’assumer, comme nous l’assumons déjà dans les collectivités territoriales où nous sommes élus. Car comment prétendre détenir des solutions pour sortir de l’ornière et ne pas participer à les mettre en œuvre ?

Les enjeux sont trop importants et nous poussent à agir là où nous le pouvons afin de faire évoluer les pratiques et inventer les solutions nécessaires à notre avenir et à celui de nos enfants.

 

C’est fort de l’action commune que nous avons engagés depuis des années — dans des villes comme celle de notre Premier Ministre, et bien sûr ici à la Région Pays de la Loire depuis 2004 et encore plus depuis 2010 — que nous avons prouvé que l’écologie ne se cantonnait pas à l’environnement mais proposait des solutions nouvelles aux défis actuels ; l’écologie peut apporter des solutions pour améliorer le quotidien de nos concitoyens : mieux se nourrir, mieux se loger, mieux se déplacer, mieux se former, mieux se soigner… c’est tout le sens des ministères confiés aux écologistes suite à la victoire du 6 mai.

 

Cécile Duflot occupe le ministère de l’égalité des territoires et du logement. Un ministère en réponse à un constat inquiétant : depuis une décennie la France n’a pas énoncé d’objectif de développement équilibré de son territoire. L’équivalent d’un département en terres cultivables disparaît tous les 7 ans du fait de l’ étalement urbain, d’une artificialisation des sols qui ne ralentit pas. Aussi les disparités et les inégalités n’ont cessé de croître…

La création de ce ministère permettra de mettre en œuvre des actions expérimentées sur les territoires et de s’attaquer à un autre marqueur social important : l’accès au logement et la précarité énergétique. L’enjeu du mal-logement doit passer par un plan d’action volontariste de construction et de rénovation qui permettra de réduire la fracture sociale. Un plan massif d’isolation des logements permettra ainsi d’allier emploi, social et lutte contre le réchauffement climatique.

Sans compter que nous espérons, sur ces thèmes et bien d’autres, qu’une coopération active avec Marylise Lebranchu, Ministre de la Réforme de l’Etat, permettra de mettre en oeuvre l’acte 3 de la décentralisation que nous appelons de nos voeux.

 

Pascal Canfin est ministre délégué au développement, une certaine façon de démonter que les relations internationales doivent prendre en compte l’impératif climatique et l’urgence sociale. L’accès à l’eau et l’alimentation est un droit fondamental, et leur accès est loin d’être garanti dans toutes les régions du monde. Après des conflits avec un arrière goût de pétrole, nous risquons de voir les conflits et des tensions aggravées autour de l’eau potable, du blé, du riz…etc.

Les collectivités territoriales sont et doivent continuer à être des acteurs majeurs de la coopération et de la solidarité internationales (cf débat sur la stratégie internationale lors de ce BS). Comme le défend depuis des années mon collègue Ronan Dantec, porte parole des collectivités territoriales au niveau mondial, les villes, régions, départements sont essentielles dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon le principe du « think global, act local », ce sont bien nous, élu-e-s locaux, qui pouvons au plus près des populations insuffler de nouvelles pratiques, qui pouvons agir pour concrètement réduire nos émissions de gaz à effet de serre tout en luttant efficacement contre la pauvreté.

2 milliards de personnes avec moins de 2 dollars / jour, alors qu’il faudrait trois planètes comme la nôtre pour assumer le modèle de développement des pays du Nord… c’est inacceptable et insupportable plus longtemps. La non atteinte prévue des OMD (échéance 2015) comme l’échec partiel de RIO + 20 sont plus que des signaux. Nous sommes face à une urgence que nous avons le devoir de regarder en face, qui nous interdit d’échouer dans notre action.

 

Jamais les Régions ne se sont trouvées autant au cœur du débat politique.

 

En élisant François Hollande le 6 mai dernier, les français ont bien fait le choix du changement. Ils ont élu celui qui a proposé de mettre en œuvre l’acte III de la décentralisation dans lequel l’échelon régional a un rôle primordial à jouer. Nous pouvons – enfin ! – envisager une relation apaisée avec l’Etat après 5 années de vives tensions. Cinq années marquées par une recentralisation et une reprise en main des collectivités locales tant sur leurs compétences que sur leurs marges de manœuvres financières, par une concentration de tous les pouvoirs.

 

Mais ce sont principalement grâce à leurs compétences que les Régions se retrouvent aujourd’hui au centre de l’attention. En effet, la redynamisation et la mutation écologique de l’économie passe par la formation, une politique de l’emploi intelligente et un soutien aux PME, la lutte contre les inégalités par un développement territorial harmonieux et équilibré.

 

En Pays de la Loire, nous avons déjà beaucoup fait, beaucoup inventé. De nombreux outils ont été expérimentés sur notre territoire, comme le prêt régional de redéploiement industriel (P2RI) qui a d’ores et déjà permis de sauvegarder 6000 emplois grâce au 13,7 millions d’euros accordés par la Région. Comme le fonds de co-investissement, IDEE Pays de la Loire. La banque régionale d’investissement que nous appelions de nos vœux semble ainsi trouver une dimension nationale dans le travail actuel sur la future banque publique d’investissement. Preuve que les idées travaillées sur nos territoires peuvent aboutir à des solutions innovantes généralisables à l’ensemble du pays.

 

Le redressement productif ne peut se faire sans la transformation écologique de l’économie. Il nous faut sortir de la seule logique de compensation, de réparation, de pansement. Il nous faut repenser au contraire profondément notre modèle de développement, notamment industriel.

Nous le vérifions chaque jour dans notre région : pour exemple, la baisse de la demande dans les secteurs de l’automobile et de la navale nous oblige à repenser notre industrie et à agir là où nous le pouvons.

 

Quelques exemples concrets :

– La structuration d’une nouvelle filière industrielle des énergies marines renouvelables. Les éoliennes offshore représentent une opportunité pour les industriels de notre région de diversifier leur activité et pallier l’érosion structurelle des carnets de commande de commande de STX. Au total ce seront au moins 7 000 emplois au moins qui seront créés, quelques milliers également qui eux seront sauvés et redéployés, grâce à l’implantation de cette nouvelle filière. Avec des effets rapides, pour certains dès le début de l’année prochaine.

– La transformation écologique de notre agriculture. Nous accompagnons nos exploitants vers une agriculture biologique et paysanne tout en structurant nos filières liées au bio et aux circuits de proximité. Nous avons affirmé cette volonté dans le rapport d’orientation consacré à l’agriculture biologique ou encore dans le plan des mutations. Nous activons tous les leviers à notre disposition à cette fin, aides directes ou indirectes comme notre politique ambitieuse en matière de restauration durable dans les établissements scolaires, qui permet de produire un vrai effet-levier et de développer la demande de produits sains, biologiques et de proximité. L’adoption de la charte des circuits courts et de proximité se place dans la continuité de cet effort qui est le nôtre.

– L’isolation de nos bâtiments, notamment à travers du chantier des lycées et CFA éco-responsables où nous pouvons faire travailler des entreprises ligériennes et des artisans sur l’isolation de nos locaux.

– Dans le domaine du logement encore : nous consacrons près de 30 millions par an entre la construction de logements sociaux, de résidences sociales, dans la réhabilitation thermique des logements et la rénovation urbaine des quartiers sensibles… Et nous poursuivons cet effort par l’aide au premier logement pour les jeunes qui est une nouvelle mesure du Pack 15-30. Annoncés par la Ministre du logement, l’encadrement des loyers dans le privé ou l’augmentation des objectifs de la loi SRU à 25 % et la fin des prélèvements scandaleux sur les bailleurs sociaux … ces mesures démontrent d’ailleurs que le gouvernement compte amplifier les politiques publiques dans ce secteur fondamental.

– Concernant notre politique en faveur de l’emploi : nos jeunes sont particulièrement touchés par la crise avec un taux de chômage de 14% pour les 15-24 ans. Aussi, nous mettons en place des politiques offensives pour leur donner un coup de pouce sur le marché du travail. Nous tentons de parer au décrochage scolaire et nous innovons en mettant en place une aide financière pour les inciter à choisir les filières porteuses d’emploi. Par ailleurs, nous avons enclenché une concertation avec les partenaires sociaux afin de co-construire de nouvelles initiatives en faveur de l’emploi des jeunes. En même temps, s’il est crucial de nous occuper des jeunes, nous n’oublierons pas les séniors dont le taux de chômage avoisine les 18% : d’eux aussi il faut faire un axe prioritaire de notre lutte pour l’emploi.

 

Alors oui, jamais nous n’avons connu un contexte aussi difficile. Mais c’est cela qui nous oblige à sortir de nos logiques habituelles et à trouver les leviers nécessaires pour sauter par dessus le mur dans lequel nous fonçons.

Nous avons commencé dans les collectivités où nous sommes élu-e-s ensemble. Nous arrivons à travailler concrètement au changement.

Aussi sommes-nous convaincus que c’est cette nouvelle majorité nationale – de gauche et écologiste- qui permettra de construire un nouveau modèle de transformation sociale avec l’écologie au cœur.

C’est le sens de notre action politique, ici et ailleurs.

 

 

Jean-Philippe Magnen
3ème vice-président du Conseil Régional Pays de la Loire
Membre du bureau exécutif national d’Europe Ecologie les Verts

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