Budget Primitif 2011 : Intervention générale de Jean-Philippe Magnen
Nous votons lors de cette session le premier budget de la mandature, un budget
important, celui qui fixe le cap, celui qui détermine l’ambition concrète, réelle, de
notre majorité par rapport aux engagements électoraux affichés pendant la
campagne.
Moment important de la vie de notre collectivité, alors même que nous vivons une
crise sociale, économique, une crise sociétale de fait, une crise sans précédent,
une crise du modèle de développement. Il est de plus en plus urgent d’élaborer
un autre modèle de croissance, en s’extirpant des caricatures faciles, en
cherchant comment mettre en place une économie de marché qui garantisse à la
fois l’épanouissement des individus sans ravager l’environnement.
Sur le budget lui-même, que nous examinons aujourd’hui, les élus EELV ont une
appréciation générale plutôt positive. Ce budget assure le maintien de l’ambition
nécessaire en termes d’investissement, malgré un contexte budgétaire
contraignant du fait des mesures sociales et fiscales mis en oeuvre par l’Etat en
2009/2010. Avec la disparition de la fiscalité directe, il ne reste que les recettes
liées à une fiscalité indirecte qui donnent peu de marges de manoeuvre et
d’autonomie à notre collectivité.
Que ce soit grâce aux ressources liées à la TIPP Grenelle ou dans nos choix
d’investissements, tout en soulignant une véritable ambition de soutenir un
développement durable du territoire (rénovation des lycées nouvelles orientations
des contrats de territoire), nous répétons notre ferme position de soutien
prioritaire à l’optimisation et modernisation d’infrastructures existantes plutôt que
le lancement de nouvelles. J’y reviendrai quand j’évoquerai notre positionnement
sur le chapitre « transports, déplacements, infrastructures »
Nous nous félicitons des avancées réelles et des mesures concrètes que
contient ce budget, notamment dans les 2 commissions présidées par EELV,
éducation et formation :
– Education : la rénovation thermique des lycées et la restauration collective
– Formation : nouveau programme régional de la formation qualifiante avec
intégration d’un appel à projets pour des formations dans les métiers de
l’économie verte et la gratuité des formations de niveau IV (sécurisation des
parcours) ainsi que le plan de continuité professionnelle (que j’aurai
l’occasion de vous présenter avec mon collègue H Fourage cet après-midi)
Sur la transformation écologique de l’économie : avec la création du fonds de coinvestissement,
l’étude « écofilières » vecteur d’un développement de l’économie
verte à fort potentiel d’emplois nouveaux pour notre région.
En matière d’énergie : objectif transversal du fameux 3 x 30, soutien à la
structuration d’une filière éolienne off shore, soutien à la recherche et au
développement technologique dans les EMR, le petit éolien, le solaire
photovoltaïque, soutien à la rénovation thermique dans le logement, dans les
entreprises, travail de concertation sur la précarité énergétique…
Dans la lutte contre le mal logement, introduction de critères énergétiques pour les
logements sociaux ou le fort investissement maintenu pour le logement des jeunes et
des personnes âgées
Enfin dans les domaines de l’eau et de l’environnement : Loire, mise en place
d’une cellule de veille environnementale (THT et électro-sensibilité…), actions
menées pour une région sans OGM (notre soutien récent au recours devant la cour
de justice de l’union européenne du président du conseil général du Gers – n’ayant
pas prévalu les principes de précaution et de protection du droit des
consommateurs dans l’autorisation d’importation et la mise en marché de 5
nouvelles variétés d’OGM sur le territoire de l’Union Européenne).
Et la liste n’est pas exhaustive…
Ce budget a également ses insuffisances et ses limites, dont nous sommes bien
conscients. Je prendrai seulement deux exemples pour l’illustrer :
o Agriculture : notre politique est essentiellement appréhendée au regard
des enjeux économiques, du développement des filières (belles
avancées sur la conversion en Bio et sur le soutien aux circuits-courts),
certes importants mais insuffisants au regard de la mutation nécessaire
de ce secteur très important pour notre région comme pour la planète
toute entière. Contrairement à d’autres pays, nous n’avons pas de
politique volontariste sur la gestion des impacts environnementaux, ni
sur les enjeux du 3×30 en Agriculture (Agriculture 43% des EGES en
PDL contre 21% en France).
o éco-conditionnalité des aides : difficulté de mise en oeuvre de
conditionnalités sociales et écologiques pour l’attribution de nos aides
publiques, sujet sur lequel nous devrons nous mobiliser ensemble au
sein de la CRESA pour avancer plus vite, plus loin.
Et puis ce budget comporte selon nous, élus EELV, un véritable point noir, qui ne
surprendra personne ici mais qu’il est évidemment hors de question que nous
laissions passer sans réagir : NDDL !
Certes, il n’y a dans ce budget 2011 que la mention de 100 000 euros de l’adhésion
de notre collectivité au Syndicat mixte d’exploitation de cet aéroport. De ce point de
vue, notre « contrat de gouvernement » de la Région reste valide, et c’est pour
cela qu’une grande majorité de notre groupe votera le rapport général 2011.
Pour autant, nous ne sommes pas dupes.
– depuis la délibération du 18 octobre dernier, nous savons bien que la Région
investira à terme 40 millions d’euros dans cette infrastructure…
– les avances remboursables finiront un jour par se transformer en vraies subventions
(cf contrat de concession de Vinci – annexe 18)
– la construction d’une nouvelle liaison rapide entre Nantes et Rennes via Notre
Dame des Landes, dont ce Budget lance l’étude, coûterait au bas mot 3 milliards
d’euros ! Alors qu’il est possible d’optimiser efficacement, et pour beaucoup moins
cher, la liaison actuelle.
Nous ne sommes pas dupes : malgré l’absence de lignes de financement
spécifique NDDL dans ce Budget, nous restons plus que jamais vigilants sur ce qui
arrivera dans l’avenir, quant au respect – ou non – des engagements pris par la
majorité de gauche et des écologistes face à nos électeurs
Ici comme ailleurs, en Pays de la Loire comme au niveau national, le projet
d’aéroport NDDL, comme l’EPR en Basse-Normandie, la LGV en Aquitaine ou ITER
en PACA…, ne pourront en aucun cas faire partie du projet de gauche, commun à la
gauche et aux écologistes que nous allons préparer pour 2012
pour toutes ces raisons liées à NDDL, et malgré les avancées que nous
reconnaissons dans la politique transports, et notamment dans le
développement du transport ferroviaire régional (ligne Nantes-Châteaubriant,
l’axe Nantes-Angers ou encore le tram-train Nantes-Vertou-Clisson et enfin la
place plus importante consacrée à la multimodalité), la politique Transport,
Déplacements, Infrastructures de ce budget nous semble comporter tant
d’incohérences de fond qu’il est impossible que nous, groupe EELV,
l’approuvions ; nous ne la voterons donc pas car le refus de NDDL n’est pas
qu’une question de ligne budgétaire, c’est une question de fond, c’est une question
de principes, une question de philosophie.
Au-delà cette seule question, ce budget est également un moment important en
matière de méthode. Je viens d’évoquer ce qu’on fait et ce qu’on va faire, nous
sommes tout autant mobilisés sur le « comment » nous allons le faire, les enjeux de
démocratie régionale et de rapport aux territoires, concrètement la nouvelle
génération de contrats de territoires, et l’adoption en juin prochain des nouveaux
schémas régionaux, sont des enjeux cruciaux des mois à venir. Nous estimons que
nous progressons très concrètement vers de nouvelles étapes de concertation, plus
transversale, moins verticale, ce qui nous satisfait, tout en jugeant que nous pourrons
dans l’avenir encore mieux faire (cf. les récents ateliers régionaux).
Question de principes, question de philosophie aussi : la transparence ! Vous
trouverez sur table le schéma directeur de la dette intégrant une charte
déontologique des relations de la Région avec ses partenaires financiers. Cette
charte est importante et nécessite que nous l’étudions tous. Et puis nous pouvons
annoncer dès maintenant que, sur proposition du groupe EELV, vous sera présentée
en juin 2011 une délibération sur les paradis fiscaux, afin d’inscrire durablement
éthique et responsabilité au sein de notre gestion régionale !
Question de principes, question de philosophie : voilà donc pourquoi et comment
nous voterons le budget 2011 :
Notre position, ferme et déterminée, est le reflet de l’exigence forte que nous portons
en politique. Je tiens d’ailleurs à souligner que le sujet NDDL est tel que la position
que je présente aujourd’hui devant vous est le fruit de longues discussions, elle est
l’aboutissement de débats très animés au sein même de notre groupe, qui a su
explorer ce sujet avec responsabilité et courage.
Nous avions en effet bien d’autres choix – courber l’échine et accepter le texte dans
son ensemble, NDDL inclus ! Ou au contraire refuser le texte dans son ensemble, et
oublier les autres avancées de notre majorité, acquises ou à venir…Nous avons
choisi sans aucun doute le plus compliqué à expliquer, à justifier mais en tout cas
celui qui nous apparaît à la fois cohérent, responsable et pragmatique.
Notre position est donc la suivante : une large majorité de notre groupe votera pour
le budget général 2011 dans son ensemble, pour souligner, encourager et surtout
porter les avancées que j’ai évoquées dans mon intervention ;
Mais, et c’est essentiel, l’ensemble de notre groupe votera contre, résolument contre
le tome Transport de ce budget, du fait de l’incohérence de continuer à présenter
NDDL, comme une infrastructure d’avenir pour notre territoire.