Budget Primitif 2011 : Éducation et apprentissage – Intervention de Matthieu Orphelin
Chers collègues,
Vu l’heure peu avantageuse à laquelle passe ce rapport, j’ai tenu, pour vous tenir éveillés, à préparer
une intervention un peu plus pimentée qu’à l’ordinaire.
Chers collègues de l’opposition, je vous présente mes excuses car ce budget éducation et
apprentissage ne va pas vous plaire.
Il ne va pas vous plaire car il illustre parfaitement nos différences fondamentales sur l’approche de la
formation et de l’éducation. Et vous ne pourrez aimer en même temps la politique éducative mise en
oeuvre par le gouvernement, et celle que la gauche et les écologistes déploient ici.
Vous voterez donc contre notre budget et j’en serai ravi.
La politique éducative du gouvernement est libérale, concurrentielle et sélective, purement comptable et
répressive. Celle que nous mettons en oeuvre ici est basée sur des principes d’égalité de toutes et tous,
de solidarité, de soutien à celles et ceux qui en ont besoin notamment financièrement, d’investissement
dans l’éducation pour préparer l’avenir. Je vais redonner quelques exemples, en mettant en parallèle
votre approche et la notre, celle de notre budget 2011.
Les parlementaires UMP viennent de remettre au goût du jour la suppression des allocations familiales
pour les familles des enfants absentéistes, enfonçant un peu plus la tête sous l’eau à ces parents, qui
sont en réalité plus démunis que démissionnaires. Nous aiderons encore mieux ces familles, par la
mise en place d’un fonds social régional lycéen, par de nouveaux progrès dans la gratuité et notamment
l’accès aux usages numériques pour ceux qui en ont besoin, par le soutien renforcé pour que tous les
lycéens, notamment les lycéens professionnels, puissent bénéficier d’un séjour en Europe au cours de
leur scolarité.
Luc Chatel récompensera les recteurs méritants et les proviseurs les plus dociles (pas sûr qu’il en
trouve beaucoup de proviseurs dociles!) avec des primes alléchantes qui me rappellent les bonus
attribués aux cost-killers dans les entreprises. Nous aussi, nous aurons cette année des primes
renforcées, mais elles seront pour les employeurs accueillant des apprentis provenant de publics
sensibles et les jeunes en difficulté.
François Fillon annonce avec fierté qu’on supprime encore 16 000 postes dans l’éducation, en plus des
80 000 déjà réalisés. Au global, ce sera 8 % de la population enseignante qui aura été supprimée en 6
ans. Quant à nous, nous remplacerons tous les départs à la retraite des agents territoriaux des lycées
car ils sont des acteurs essentiels de la réussite de nos jeunes. Vous nous faisiez ce matin Madame
Delorme la morale sur le soutien aux branches professionnelles ? Je vous rappelle que les ouvertures
de nouvelles sections par le rectorat seront pratiquement nulles, RGPP oblige. Nous ouvrirons quant à
nous encore 20 sections d’apprentissages cette année, dont plus de la moitié dans les métiers de
demain.
Les interventions de Christophe Béchu, de Géraldine Delorme et de François Pinte sur l’apprentissage
ce matin m’ont d’ailleurs paru très décalées par rapport à la réalité. La région ne ferait pas assez en
2011 sur l’apprentissage ? La région fragiliserait gravement l’apprentissage en 2011 ? Le budget
apprentissage que l’on soumet au vote aujourd’hui est pourtant supérieur à la moyenne des budgets
annuels sur le précédent mandat, période sur laquelle l’apprentissage s’est bien porté dans la région,
vous en conviendrez. Franchement, votre démonstration ne tient pas. Madame Delorme, vous pourrez
essayer de faire croire que votre analyse est sincère par un des communiqués de presse dont vous
avez le secret. Je me permets de vous rappeler que Nadine Morano, avec son style inimitable, vient de
supprimer brutalement l’aide à l’embauche octroyée par le gouvernement, et de réduire le déploiement
de la taxe d’apprentissage la semaine même où elle annonçait l’objectif de doubler le nombre de jeunes
en alternance. Je compte sur vous pour lui rappeler les enjeux de l’apprentissage et lui transmettre vos
propositions. Elle en a besoin. Quant à nous, nous révisons effectivement nos aides aux entreprises
accueillant des apprentis, en substituant à la prime à l’embauche une augmentation des indemnités
annuelles par des majorations plus importantes. Par ailleurs, nous améliorerons et augmenterons
encore nos aides aux apprentis sur le transport, l’hébergement et la restauration. Et, pour finir sur une
note d’humour, je me souviens avec nostalgie de vos propositions de campagne des régionales sur
l’apprentissage, et notamment la mise en place d’un prix du meilleur maître d’apprentissage. C’est sûr
qu’avec cela, vous auriez bien soutenu l’apprentissage. Parlez-en à Nadine Morano.
Monsieur Louvrier, vous n’aimez pas quand je dis que la politique éducative du gouvernement sacrifie la
jeunesse. Je vous livre trois anecdotes de mes dernières visites d’établissements, vous pourrez les
raconter au Président de la République dont vous êtes un proche collaborateur. Dans un premier lycée,
un lycéen m’explique qu’ils sont 40 dans sa classe de 1ère S contre 20 dans l’autre classe, parce
qu’avec cela, on fait 3 groupes de TP et pas 4. Dans un second, un lycée agricole, le chef
d’établissement m’avoue qu’il n’a pas assez d’heures de profs pour faire le référentiel de formation.
Dans un troisième, une jeune prof stagiaire m’explique que son tuteur est bien prof… mais dans un
autre établissement ! Voilà la réalité des réformes de Luc Chatel. Voilà pourquoi on ne résoudra pas le
problème des inégalités avec cette politique là. Les résultats internationaux PISA montrent que la
France régresse dangereusement notamment car elle ne parvient pas à réduire les inégalités entre les
élèves. Je recherche d’ailleurs toujours un prof, un élève, un proviseur, qui comprenne le fait que vous
réformez en supprimant les moyens. Si vous en trouvez ici, envoyez-les-moi.
Madame Delorme, ce budget ne va pas vous plaire. Vous y retrouverez les crédits nécessaires pour la
construction du lycée de Beaupreau. La polémique sur l’intérêt d’un lycée public à Beaupreau reprend
une nouvelle fois dans la presse ce matin, comme à chaque fois qu’il y a une session, comme c’est
étrange et en parfait décalage avec le travail que nous réalisons actuellement avec plus de 40 acteurs
de terrain. Nous venons de choisir les cinq architectes qui travailleront pour proposer des projets. Il est
trop petit, ce lycée ? Je pense au contraire que l’avenir des collèges et des lycées passent par des
unités de taille plus humaine, et nous proposerons cela pour la présidentielle 2012.
Madame Delorme, vous voulez faire croire que Beaupreau nous fera oublier les autres établissements
des Mauges et de Cholet. C’est un mensonge et vous le savez, et les investissements que nous
faisons, notamment dans les lycées choletais Renaudeau et à Europe Schumann, sont autant de
preuves. Monsieur Deschanel, Carquefou et le lycée du Nord-est de Nantes ne sont pas oubliés, vous
le savez, alors dîtes-le. Les études de besoin sont en cours de réalisation, nous venons de recevoir la
contribution du rectorat et, et dès février, nous réunirons pour la première fois le groupe de concertation
regroupant les acteurs concernés. Vous auriez voulu qu’on mette des autorisations de paiement dès
cette année alors qu’on en a, pas besoin à ce stade ? Cela aurait été un peu étrange…
Nous mettons nos engagements de campagne en action dès cette année 2011. L’ordinateur pour ceux
qui en sont démunis en est dans les plus emblématiques. Nous avançons dans une expérimentation et
nous avons prévu de généraliser pour équiper jusqu’à un jeune sur 10. Vous allez me dire qu’il faut en
profiter pour éduquer aux usages notamment d’internet. Je vous réponds que nous allons le faire et
j’aimerais vous demander à mon tour pourquoi Luc Chatel ne fait pas ces efforts de sensibilisation pour
tous les lycéens et collégiens de France.
Je porte avec fierté ce budget car il est fidèle aux valeurs écologistes qui sont les miennes et qui lient
l’éducation à un projet global de transformation de la société. Quand nous promouvons l’introduction de
l’agriculture biologique et locale de qualité dans les restaurants scolaires, 25 000 repas par jour seront
concernés dès le début février, c’est pour transformer l’agriculture, mais aussi pour offrir à tous les
jeunes, et pas seulement aux fils et fils de bobos, l’accès à une alimentation de qualité et donc à plus de
santé. Quand nous accélérons la rénovation énergétique des lycées, avec près de 80 M€
d’investissements supplémentaires prévus sur la mandature, c’est pour lutter contre le changement
climatique, mais aussi pour mieux financer la pédagogie plutôt que des factures d’énergie toujours plus
élevées. Quand nous ouvrons comme cette 2011, 11 sections nouvelles d’apprentissage sur les métiers
de demain, c’est parce que nous sommes convaincus que c’est en misant sur la formation qu’on
réussira la transformation de la société. Quand nous promouvons l’ouverture à l’international,
l’éducation à citoyenneté, la lutte contre les discriminations, avec un budget pour les actions éducatives
augmenté de 47 %, ce n’est pas pour rajouter un « supplément d’âme », c’est parce que nous pensons
que la découverte de la solidarité et de l’altérité sous toutes ses formes, la capacité d’agrandir son
champ de vision au-delà de l’immédiat doivent être au coeur de l’éducation. C’est penser et construire
l’avenir.
Je vous remercie.