Budget Primitif 2011 : Agriculture et alimentation – Intervention de Christophe Dougé
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Le secteur agricole est une pierre angulaire de notre économie régionale. Il est porteur d’avenir, comme le souligne le rapport présenté par Dominique Tremblay. Cependant les crises agricoles répétées nous amènent au constat suivant : par ses résidus dans l’alimentation, l’eau et l’atmosphère, le mode de production intensif actuel, accentue la crise tout en mettant en danger la santé des consommateurs ainsi que celle des agriculteurs, et conduit à la destruction de milliers d’emplois. Une situation extrêmement difficile qui touche durement nos agriculteurs, dont la détresse les pousse malheureusement trop souvent jusqu’au suicide.
Faut-il rappeler pour exemple que la souveraineté alimentaire passe notamment par l’autonomie en protéines et donc par le développement des plantes riches en protéines ?
Les élevages laitiers industriels sont devenus « hors-sol » : les terres des exploitations sont incapables de fournir plus de la moitié de la nourriture nécessaire à leur troupeau. Ils s’appuient exclusivement sur le maïs et le soja importé (impliquant bilan énergétique désastreux, déforestation dans les pays en développement, OGM…etc). Les systèmes hors-sol ou totalement dépendants d’importation protéiques devront évoluer à l’avenir et revenir vers des schémas de polyculture-élevage, avec l’accès privilégié aux pâturages.
Une agriculture durable est une agriculture rémunératrice pour les exploitants, protectrice de l’environnement, porteuse d’emplois et fournisseuse de produits de qualité pour tous, correspondant aux attentes des consommateurs.
Notre région marque avec ce budget sa volonté de maintenir une politique volontariste en faveur de l’agriculture durable et biologique. Cette volonté est marquée notamment par le maintien d’une aide à l’accompagnement à la conversion à l’agriculture durable et biologique avec un objectif fort qui est toujours l’accroissement de la surface de terre agrobiologique.
Il nous reste cependant du chemin à parcourir avec la mise en place d’une véritable démarche de transversalité. Nous devons :
– accentuer fortement la conversion au bio dans les zones de captage d’eau à travers nos contrats CRBV ;
– développer le soutien apporté à la politique menée par notre collègue Joëlle Remoissenet pour atteindre les 100% d’approvisionnement de nos cantines scolaires auprès de filière locales inscrites dans le développement durable (bio, agriculture durable et label de qualité, garanti sans OGM) ;
– poursuivre la réflexion collective sur le développement de circuits courts, de qualité. Il nous faut impulser, sur les territoires, un cadre pour cette réflexion collective qui est à mener avec l’ensemble des acteurs du monde agricole, et des consommateurs et ils sont nombreux !
– Aider nos agriculteurs à ne plus crouler sous les frais externes, ceux générés par les intrants, mais aussi les cours mondiaux des matières premières. Pour cela, nous pourrions notamment examiner les modalités de lancement d’un plan protéine des Pays de la Loire, en encourageant la recherche en agroécologie et en soutenant le travail sur les semences paysannes.
– Enfin, l’accompagnement des évolutions indispensables de l’industrie agroalimentaire doit se faire dans un cadre propice à une agriculture saine, durable et porteuse d’emplois et être définitivement conditionné à ces critères.
Il nous semble indispensable d’ajouter à ces priorités, l’évaluation de la politique agricole au regard des 3 x 30, objectif rappelé par Emmanuelle Bouchaud. Souvent oublié, l’agriculture est fortement émettrice de gaz à effet de serre. En Pays de la Loire, l’agriculture représente 43% des émissions de GES (contre 21 % au niveau national). L’agriculture représente donc un levier important pour atteindre nos objectifs du 3×30. L’agriculture a d’ailleurs fait l’objet d’un atelier lors du Diagnostic Energie Climat Pays de la Loire en avril 2009 et des mesures ont été incluses dans l’Agenda 21 régional. Des mesures simples pourraient être adoptées comme le soutien à des pratiques économes en énergie et en intrants ainsi que des pratiques restituant la matière organique au sol et permettre ainsi aux sols de stocker du CO2 ou bien encore la relocalisation de la production animale en soutenant les élevages à l’herbe.
Pour le groupe Europe Ecologie Les Verts, il y a urgence et il est crucial pour notre avenir à toutes et à tous d’approfondir ce travail, fortement et sans délai.
Je vous remercie