Biodiversité : une première étape vers la validation du SRCE
Ce mardi 21 octobre, Sophie Bringuy, vice-présidente en charge de l’environnement, ouvrait le Comité régional Trame verte et bleue chargé de donner son avis sur le projet Schéma régional de cohérence écologique (SRCE). Une étape importante pour ce travail lancé en 2011. Elle a rappelé les fondements et les objectifs de ce projet destiné à préserver la richesse de notre biodiversité et dont elle souhaite renforcer la dynamique.
« C’est avec émotion que j’introduis aujourd’hui ce Comité régional Trame verte et bleue, qui marque le début du processus officiel de validation du SRCE des Pays de la Loire, dont nous avons co-piloté, l’Etat et le Conseil régional, l’élaboration.
Notre comité se tient quelques jours seulement après la clôture de la convention Mondiale pour la Diversité Biologique (COP12), vendredi 17 octobre. Il me semble important d’en dire quelques mots, parce que nous faisons partie d’un tout et qu’il importe de suivre ce qu’il se passe à l’échelle globale pour agir localement.
La clôture de la COP12 a été marquée par l’espoir. Des conclusions dont tous les participants se sont félicités. Le point le plus important est qu’un accord sur la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre des objectifs d’Aïchi a été enfin trouvé, avec le doublement des financements précédemment actés à la COP11 d’Hyderabad (Inde) il y a deux ans. Parmi les faits marquants de cette convention : la mise en œuvre le 6 octobre du protocole de Nagoya et, dans la suite du Sommet de la Terre à Rio en 2012, la forte implication des grandes cités et des Régions. Les territoires se trouvent au centre de la prise en compte concrète de la biodiversité. Et notre présence ici aujourd’hui, avec la diversité que vous représentez, prend tout son sens.
Pourquoi un schéma régional de cohérence écologique ?
La fragmentation des espaces est l’une des principales causes d’érosion de la biodiversité. Elle a été exponentielle depuis la fin de la seconde guerre mondiale, avec une urbanisation massive et parfois sauvage, mais aussi les modifications des systèmes agricoles qui ont appauvri les paysages.
Notre région porte une responsabilité particulière en la matière, à plusieurs titres :
- Avec plus de 6 % de son sol artificialisé, les Pays de la Loire sont la 9ème région la plus artificialisée de France. Et la tendance va en s’aggravant, nous sommes malheureusement la Région où ce phénomène s’accélère le plus.
- Notre territoire est riche de sa biodiversité, et nous avons une responsabilité nationale, voire plus, à la préserver. Ainsi, nous trouvons en Pays de la Loire environ 32% de la flore indigène de France métropolitaine et 12% de la flore européenne. La diversité faunistique régionale représente 69% des poissons d’eau douce de France métropolitaine, 69% des Mammifères, 50% des Amphibiens et de l’avifaune nationale nicheuse. Malheureusement, beaucoup sont menacées, entre 35 et 55 % en fonction des espèces.
Il nous appartient donc à toutes et tous, acteurs et actrices représentés dans ce Comité régional, d’agir à notre niveau, pour freiner cette érosion, et surtout inverser la vapeur.
Après l’échec de la politique menée pendant des années, et qui reposait sur la seule préservation de certains îlots remarquables, les travaux du Grenelle ont acté l’importance de prendre en compte la fonctionnalité des espaces et les interactions des écosystèmes. C’est l’objet même du SRCE, qui identifie les réservoirs de biodiversité de notre territoire, ces espaces où la faune et la flore trouvent ce qu’il leur faut pour se nourrir, se reproduire, bref vivre. Et parce que ces espaces ne se suffisent pas à eux-mêmes, la démarche SRCE nous invite à restaurer et préserver les continuités écologiques, nécessaires pour relier ces espaces entre eux, les fameuses trames vertes et bleues.
L’élaboration du SRCE a commencé il y a plus de trois ans. Elle s’est faite dans le cadre de groupes de travail où étaient représentés les acteurs des cinq collèges définis par le Grenelle de l’environnement. Nous avons aussi voulu associer les territoires au plus près, via trois séries d’ateliers dans chaque département, aux étapes clefs du processus. Un travail exemplaire de co-construction, d’échanges horizontaux et verticaux. Un travail de qualité réalisé dans la transparence.
Je tiens aujourd’hui à vous remercier, toutes et tous, pour votre temps, vos contributions, votre participation aux échanges. Que ce soit dans le cadre du groupe de travail transversal, des ateliers thématiques, des rencontres départementales, de votre participation au Conseil scientifique régional du patrimoine naturel, via l’organisation de journées de formation, mais aussi par les actions déjà mises en œuvre sur les enjeux de trames vertes et bleues, vous avez chacun et chacune contribué à ce résultat. Je tiens aussi à remercier Hubert Ferry-Wilczek, qui nous a quitté pour rejoindre la Région Midi-Pyrénées cet été, pour la qualité de notre coopération, mais aussi Xavier Hindermeyer, Bruno Coic, Françoise Sarrazin et Cyril Bellouard pour leur engagement à voir émerger un SRCE dont nous pouvons toutes et tous être fiers.
Un travail dont nous pouvons être fiers, un travail de qualité. Mais aussi un travail insatisfaisant. En effet, nous avons fait au mieux, avec les informations dont nous disposions. Mais nous avons encore du chemin à parcourir en termes de connaissance, et notre SRCE reflète aussi nos lacunes : manque d’informations, données non homogènes, méconnaissances du fonctionnement de certains écosystèmes. Autant d’éléments sur lesquels il nous faudra travailler durant les prochaines années. Juste un exemple : la classification des cours d’eau a bien montré les limites des bases de données actuelles. Alors que certains et certaines d’entre vous souhaitaient que tous les cours d’eau soient classés en réservoir de biodiversité, un compromis a été trouvé en octobre 2013, selon lequel l’ensemble des cours d’eau seraient classés corridors. Depuis, d’autres contestent, à juste titre aussi, la fiabilité de la base de donnée Carthage sur la classification des cours d’eau temporaires. Considérer une grande partie des cours d’eau hors corridors parce que certains sont identifiés comme tels à tort est très insatisfaisant. Nous vous proposons donc aujourd’hui d’en rester au compromis de 2013, mais d’expliquer clairement les limites de nos connaissances dans le SRCE et de travailler à améliorer ladite base de données pour un meilleur état des lieux du SRCE dans six ans.
Ce SRCE, une fois adopté, sera donc une base à enrichir régulièrement. Je souhaite qu’il soit évolutif, pourquoi pas en partie interactif, et n’attende pas six ans et des procédures lourdes pour se mettre à jour. Cette vision régionale des dynamiques éco-systémiques doit être en dialogue avec le travail réalisé sur les territoires, notamment dans les documents de planification.
Il nous appartiendra aussi de faire vivre ce SRCE.
En effet, le SRCE n’est qu’un des leviers à actionner pour changer la donne. D’aucuns continueront à regretter son faible niveau d’opposabilité. Pour ma part, je suis persuadée que même si le SRCE s’imposait à toutes et tous, même s’il était gravé dans le marbre, du moment où il ne susciterait pas l’adhésion, il resterait lettre morte. Dans les prochains mois, au cours des différentes phases de concertation, je compte donc sur vous pour expliquer le SRCE, pour que la dynamique qui sous-tend ce schéma, la vision systémique qu’il formalise puissent stimuler nos imaginaires, ceux des acteurs et actrices de nos territoires, et que notre SRCE se mette en mouvement et prenne corps. Je vais conclure avec les mots de clôture du Président de la Convention Mondiale de la diversité biologique : « Protéger la vie est une tâche urgente qui ne peut pas attendre ».
Merci de votre écoute. »