Aéroport de NDDL versus aéroport d’Angers-Marcé ? Un faux débat…
Depuis plusieurs jours, la presse quotidienne régionale regorge des déclarations de « haut vol » sur les aéroports existants ou en projet de la Région… Une tour de contrôle serait sans aucun doute nécessaire pour se repérer dans cette parade où se mêlent joyeusement des piqués vertigineux, des loopings dangereux et quelques crashs douloureux !
Le premier acte est posé par le Président (PS) du Conseil Général de Loire Atlantique qui développe dans une interview tout l’argumentaire élimé en faveur de l’aéroport de Notre Dame des Landes et qui, pour la 1ère fois, déclare d’un ton martial l’obligation de fermer l’aéroport angevin de Marcé ! Stupeur dans le microcosme politique angevin, où le Maire (PS) d’Angers, qui par ailleurs soutient l’aéroport de NDDL, dénonce les propos de son collègue de Loire Atlantique. Dans la foulée, Laurent Gérault (Alliance centriste, ex modem, ex UDF), Conseiller Municipal d’opposition à Angers, affirme qu’il est inconcevable de fermer l’aéroport de Marcé, tout en rappelant son refus de soutenir la création d’un aéroport à Notre Dame des Landes… Enfin dernier acte, l’UMP, qui, voyant son espace d’expression réduite, s’en prend aux écolos, tout en indiquant son soutien au projet de Notre Dame des Landes sans s’exprimer sur l’aéroport de Marcé…
Le débat qui s’est déroulé le 18 octobre dernier dans les différentes assemblées (Nantes Métropole, Conseil Général de Loire Atlantique et Conseil Régional des Pays de la Loire) a confirmé toutes ces déclarations.
En résumé, toutes ces formations politiques sont soit pour l’un ou l’autre des aéroports, soit pour les deux. Leurs analyses convergent sur deux points : d’une part, la sacralisation du développement économique, facteur de croissance pour le territoire, de progrès technique, de création d’emplois et de rayonnement international, d’autre part, la stigmatisation caricaturale des opposants au projet d’aéroport, où les écologistes sont réduits à de sombres obscurantistes, adeptes de la décroissance sociale, prophètes de la régression économique et fermés à toute ouverture vers le monde…
Oublions ces galéjades !
Par ces manœuvres, les formations politiques traditionnelles veulent entraîner les citoyens sur un faux débat. En effet, les divergences fondamentales qui existent entre eux et nous écologistes, se portent sur deux questions : Est-ce qu’un nouvel aéroport est le nec plus ultra pour le développement économique et le rayonnement international d’une région ou d’une agglomération ? Est-ce raisonnable d’investir des milliards d’€ dans un aéroport en période de récession des finances publiques ?
Einstein disait « inventer, c’est penser à côté » et les écologistes ont choisi la force de l’imagination pour répondre à ces deux questions.
Alors non, Europe Ecologie ne tombera pas dans le piège du dogme absolu de la croissance, de l’emploi, du rayonnement…
Le productivisme peut se définir comme la volonté de croissance de la production avec l’idée que l’accumulation de biens matériels accroît le bonheur. Pour les partis politiques traditionnels, la croissance économique est la clé du bien-être de l’Humanité. Et bien évidemment, dans l’idéologie libérale, toutes les grandes infrastructures routières ou aéroportuaires sont des conditions incontournables pour lutter et concurrencer les autres territoires dans cette économie mondialisée… Au sein d’Europe Ecologie, nous pensons qu’on ne résoudra pas la crise avec les vieilles recettes habituelles (même repeintes en vert !) qui l’ont provoquée. Il s’agit avant tout d’amorcer la transition écologique de l’économie en s’orientant vers la réparation, la récupération, le recyclage, la réutilisation… Elle appelle un effort majeur de recherche, un changement de braquet de la formation professionnelle pour créer de nouveaux emplois de proximité.
Nul besoin d’un aéroport international pour mettre en œuvre des circuits courts de distribution, pour créer des éco-filières dans les transports, le bâtiment, l’énergie, les services, l’agriculture, le tourisme dont le principal intérêt est de développer des emplois locaux et non délocalisables ou pour porter un plan ambitieux de conversion des salariés et des filières…
Nul besoin d’un aéroport international pour soutenir les entreprises coopératives et protéger les emplois menacés, pour développer l’économie sociale et solidaire, pour mettre en place un plan régional des emplois de demain, pour initier une banque éthique et solidaire ou pour activer la conditionnalité des aides aux entreprises au respect du principe de précaution et de responsabilité sociale et environnementale…
Nul besoin d’un aéroport international pour « rayonner » à l’international lorsque nous disposons de lignes TGV qui nous conduisent directement ou via Paris vers les principales villes françaises et européennes (Londres, Bruxelles, Amsterdam, Bruges, Cologne, Genève, Milan…), ou qui nous déposent en deux heures aux aéroports internationaux d’Orly ou Roissy…
Europe Ecologie constate que le modèle défendu par les formations politiques traditionnelles est basé sur l’exploitation sans limites de ressources finies, et sur le prélèvement d’une part toujours plus grande des richesses par une minorité, laissant à la collectivité le soin de prendre en charge toutes les conséquences sociales et environnementales de leur activité.
Alors non, Europe Ecologie n’acceptera pas de sacrifier des millions d’€ de deniers publics dans un investissement dont l’idéologie est celle du paradoxe entre un monde fini et la contrainte d’une croissance sans fin.
Le modèle de société soutenu par les partisans de l’aéroport de NDDL ne peut plus perdurer car il épuise les ressources naturelles de la planète, contribue fortement au changement climatique et génère des inégalités, de la précarité et du mal-être.
Comment peut-on engloutir de nouvelles dépenses publiques dans un projet antédiluvien devant de tels constats ? Le choix d’Europe Ecologie est aux antipodes de cette logique productiviste. La baisse des dotations d’Etat et les transferts de charges organisés vers les collectivités territoriales pèsent lourdement sur les budgets des communes, des intercommunalités, des départements et des Régions. Alerter l’opinion publique sur le retrait de l’Etat, porter à la connaissance des citoyen-nes les impacts négatifs de la réforme territoriale est une action légitime mais elle ne suffit pas ! La politique ne se réduit pas simplement à une partie de ping pong médiatique entre deux camps qui dénoncent leurs agissements réciproques… Quelles que soient les contraintes, la politique, c’est aussi et surtout être en capacité d’organiser la Cité, d’anticiper les changements sociétaux, et de faire des choix prioritaires. Or, Europe Ecologie a fait un choix clair, celui d’utiliser au mieux les ressources financières de la Région, de les répartir équitablement et de les investir utilement. Nous assumons pleinement notre refus de cautionner les dépenses inefficaces et anti-écologiques tel que le projet d’aéroport de NDDL.
Bien évidemment, l’approche de la problématique de l’aéroport de Marcé en tant qu’élu d’Angers est similaire à la seule différence que cette infrastructure existe déjà. Tous les élus écologistes angevins refusent le projet de NDDL. Dans une logique de transition écologique de notre société, nous acceptons aussi de chercher des complémentarités entre les aéroports de Nantes Atlantique et d’Angers-Marcé, car les déplacements aériens ne vont pas stopper dans les prochains jours. Soyons pragmatiques ! Mais, il est aussi évident que nous refuserons toute nouvelle dépense d’investissement dans cet aéroport angevin et que nous examinerons le bilan financier de cette structure d’ici à 2012 pour arrêter une position définitive des élus écologistes d’Angers sur le devenir d’Angers Marcé.
Le triple « oui » formulé par Nantes Métropole, Département de Loire Atlantique et Région des Pays de la Loire pour le projet de NDDL est illusoire… Mobilisons nous !
Comment croire à ce jour que par la seule vertu du progrès technique, de la croissance du PIB, notre société va continuer comme avant ? Si l’on refuse un monde livré à la loi du plus fort, la seule réponse est de nous engager vers un nouveau projet de société, vers un nouveau modèle de développement, vers un nouveau contrat socialement plus équitable, démocratiquement plus viable et écologiquement plus responsable. Refuser des investissements dispendieux dans des aéroports, des autoroutes, des centrales nucléaires… c’est admettre le besoin d’une nouvelle civilisation fondée sur la coopération, la solidarité, la sobriété, l’égalité et l’émancipation de toutes les formes d’oppression. C’est le sens du projet porté par les élu-es écologistes des collectivités locales et territoriales de notre région. Le changement passera aussi par la mobilisation des citoyen-nes, le combat continue !
Conseiller Régional des Pays de la Loire