Session du 18 mars : Intervention liminaire de Pierre Pommarel
Par nicole rouaire le mardi 18 mars 2014, 14:48 - Voeux, discours, communiqués - Lien permanent
Monsieur le Président, mes chers collègues,
« Il faut garder des marges de sécurité si l'on ne veut pas que notre pays se retrouve dans une situation où il faut choisir entre garder la lumière allumée et la sécurité » avertissait récemment M. Repussard, le directeur de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
Cette semonce fait suite aux déclarations du Président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire pour qui la prolongation des centrales au-delà de 40 ans « n'est pas acquise » car « il y a bien des sujets majeurs de sûreté à regarder à cette échéance » n'en déplaise à Arnaud Montebourg qui n'en finit plus de proclamer son amour démesuré pour l'atome.
Sur l'avenir du parc nucléaire français, outre l'échéance pressante de « sortir de l'ambiguïté » comme dirait l'autre, il convient pour les pouvoirs publics, pour le chef de l'Etat et du Gouvernement de prendre en compte le coût pharaonique qu'impliquerait la prolongation des centrales. Un coût très largement minoré par EDF, comme d'habitude, qui prévoit officiellement de consacrer 55 milliards d'euros à des travaux de maintenance d'ici 2025, alors qu'un budget quatre fois supérieur serait nécessaire pour ne pas transiger avec les critères de sûreté en vigueur en France et éviter d'aller vers des prolongations de fonctionnement par défaut.
200 milliards d'euros, voilà donc la modique somme à mettre sur la table rapidement d'après l'étude commandée par Greenpeace. Un montant qui serait bien entendu supporté par les consommateurs et par un Etat vache à lait qui aujourd'hui cherche à économiser le quart de cette somme.
Ce n’est pas au Medef qu’il faut proposer un pacte de responsabilité mais à la planète et aux citoyens !
200 milliards d'euros ! Le jeu en vaut-il la chandelle ? Retarder le départ en retraite des réacteurs signifie une fois de plus perdre un temps précieux sur la construction de notre avenir énergétique. Nous avons suffisamment perdu de temps comme ça et c’est maintenant ou jamais qu’il faut amorcer le virage pour ne pas hypothéquer l'avenir, en fermant d’emblée les réacteurs les plus anciens, en programmant l’arrêt des suivants et en déclenchant une politique ambitieuse d'économie d'énergie et de recours aux énergies renouvelables.
François Hollande s'y était engagé et nous attendons des actes à l'heure où les nouvelles capacités éoliennes et photovoltaïques raccordées ont chuté de 30 et 45 % en 2013, à l'heure où la COFACE, malgré le potentiel énorme du marché de la rénovation énergétique, prévoit encore 22 000 défaillances d'entreprises du bâtiment pour 2014, dont une majorité de PME locales, toujours plus confrontées à la concurrence et à la casse des prix exercées par les grandes entreprises.
D'après un sondage Eurobaromètre publié début mars, 80% des citoyens européens estiment que la lutte contre les changements climatiques et une utilisation plus efficace de l'énergie sont susceptibles de stimuler l'économie et l'emploi. 92% des sondés souhaitent que leur gouvernement favorise l'efficacité énergétique et 90 % qu'il fixe des objectifs pour accroître l'utilisation des énergies renouvelables.
Qu'attendent les élus du peuple pour répondre à ces attentes bon sang ! Qu’attendent le chef du gouvernement et ses ministres pour soumettre au Parlement une loi sur la transition énergétique alors que bon nombre de propositions consensuelles ont émergé du débat public ? Apres 9 mois de débat, y compris en région Auvergne, la rédaction du projet de loi patine, l’inertie et les annonces contradictoires s’accumulent. Face à ce constat, 9 organisations écologistes de renom ont proposé « un vrai projet de loi de programmation pour la transition énergétique ».
Nous vous proposerons aujourd'hui de soutenir cette initiative auprès du gouvernement en votant un vœu qui reprend l'essentiel des propositions contenues dans ce projet de loi, 80% d’entre elles ayant obtenu l’accord des organisations syndicales, du MEDEF, à la FNSEA, en passant par la CGT et FO, des représentants des collectivités territoriales, et des associations environnementales siégeant au Conseil national de la transition écologique.
Monsieur le Président, vous déclariez il y a quelques mois « sur les questions environnementales, les discours sont très généreux, mais il est temps désormais de passer à l’action.» Je ne peux que souscrire à ces mots et je vous invite tous à passer à l’action.
Autre sujet, celui des mobilités : même constat : il est plus qu'urgent de passer des paroles aux actes.
Ils étaient des dizaines de milliers à Nantes le 22 février pour manifester leur opposition au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, un projet inutile, anti-écologique, et dispendieux parmi tant d'autres.
Le 22 février, ils étaient des milliers pour dénoncer l'exaspérante politique des transports des gouvernements successifs et des élus locaux comme Jacques Auxiette.
Ils étaient des milliers à exhorter la classe politique à réorienter les investissements publics vers les transports alternatifs à la route et l'aérien.
Ils étaient des milliers à rappeler au gouvernement et à la classe politique tout entière que la pollution de l'air, largement causée par le transport routier, coûte chaque année 20 à 30 milliards d'euros pour la société, dont 0,8 à 1,7 milliard annuel pour la SECU , et qu'une telle problématique de santé publique mérite mieux que quelques jours de gratuité des transports en commun en période de pic de pollution ou d’une circulation alternée en région parisienne.
Ils étaient des milliers à regretter la suspension sine die de l'éco-taxe poids lourd, qui aujourd'hui met à mal plus de 120 projets de transports collectifs dans les collectivités ainsi que le financement des transports ferroviaires régionaux, pour qui, c’est extrêmement grave, l'année blanche vient d'être annoncée en raison du gel des CPER.
Nous étions le même jour des centaines à Clermont-Fd pour proclamer notre attachement aux lignes ferroviaires régionales et interrégionales et pour demander à chacun de prendre ses responsabilités pour sauver le Rail en Auvergne. A l'Etat bien sûr, à la SNCF et RFF également, mais aussi aux Régions.
140 M€ sont nécessaires pour sauver notre réseau sur la partie auvergnate et ne pas perdre le bénéfice des efforts entrepris dans le cadre du Plan rail et du CPER précédent. Sur ces 140 M€, il est déjà absolument urgent de mobiliser rapidement 7 M€ pour rénover le tronçon Laqueuille-Eygurande et éviter la fermeture au mois de juillet de la ligne Clermont-Limoges. La Région Limousin s’est officiellement dite prête à contribuer financièrement au sauvetage de cette ligne.
Par conséquent, Monsieur le Président, il est de la responsabilité de notre collectivité d’agir de concert avec le Limousin pour faire évoluer les négociations avec l’Etat et aboutir promptement à des engagements de sa part afin de pérenniser cette liaison est-ouest dont l’intérêt est tout à fait majeur et qui sinon deviendra totalement et définitivement dépendante de la route.
La Région PACA a réussi à obtenir une année transitoire entre les 2 CPER, autrement dit à bénéficier d'émoluments de l'Etat pour financer ses projets ferroviaires en 2014 ; alors pourquoi pas nous pour le sauvetage de Laqueuille-Eygurande ? D'autre part, près de 130M€ sont indispensables pour sauver les lignes en direction principalement du Languedoc-Roussillon et de Rhône-Alpes, à répartir entre les différents co-financeurs, en sachant que RFF s'est dit prêt récemment à intervenir à hauteur de 15 % environ sur la régénération des lignes qui lui permettrait de réduire ses coûts de maintenance.
Nous comptons sur vous, Monsieur le Président, pour faire valoir auprès de l’Etat, de RFF, de la SNCF et des Régions limitrophes les intérêts de l’Auvergne et de son réseau ferroviaire d’intérêt régional dans un contexte budgétaire qui, de toute évidence, ne permet pas à notre collectivité d’agir seule mais qui suppose malgré tout d’effectuer des choix clairvoyants et ambitieux pour l’avenir de nos territoires et des Auvergnats.
C'est l'intérêt commun qui prime avant tout et vous l'avez d'ailleurs bien compris, en témoigne cette annonce que nous avons lue avec attention dans la presse concernant l'adhésion de notre collectivité à l'association d'études sur le matériel roulant aux côtés de 8 autres Régions. Nous y souscrivons; ce projet contribue à positionner les Régions à la hauteur du rôle que la loi leur donne, celui d'autorités organisatrices de transport.
Pour nous, une AOT ne saurait confier la propriété de son matériel roulant à son exploitant, fût-il une respectable société publique nationale. Les sommes en jeu imposent une relation directe avec les constructeurs. L'idée d'une association interrégionale est donc intéressante car elle permet à terme d'envisager de supprimer les intermédiaires, tout en conservant a priori les économies d'échelle indispensables pour ce type de bien.
Nous espérons que cette association permettra l'acquisition d'une expertise nouvelle, la mutualisation des bonnes pratiques et une meilleure adéquation des trains aux différents types de services définis par les régions.
En ce qui concerne les relations avec la SNCF, nous ne pensons pas que l'évolution esquissée par cette initiative soit de nature à générer du trouble. Au contraire, les relations Régions-SNCF ont besoin avant tout d'une chose : que la répartition des rôles entre l'AOT et l'exploitant soit clarifiée et transparente. C'est d'ailleurs un élément qui ressort très largement du Manifeste de l'ARF pour le renouveau du système ferroviaire.
Merci de votre attention.