Quelques mesures ou annonces importantes doivent en effet être saluées, en particulier :

- La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en 2016, n'en déplaise aux nucléocrates les plus convaincus dont Bernard Thibault, allié de circonstance du MEDEF, pour qui cette mesure résulte de « coalitions plus politiques qu'efficaces pour l'avenir de notre pays » et qu'elle « ne sera acceptable que si elle est socialement gérable ». Il est regrettable de constater qu'un tel responsable syndical est incapable de défendre la vie de ses mandants et préfère jeter l'opprobre sur un gouvernement pour des motifs emplis de démagogie et de conservatisme.

- Le refus de recourir à l'exploration et à l'exploitation des gaz et huiles de schiste, n'en déplaise là aussi à Bernard Thibault mais aussi et surtout à Arnaud Montebourg, l'apôtre de la démondialisation, pour qui le redressement productif n'a visiblement aucune limite. François Hollande a fermé la porte à cette fuite en avant durant son quinquennat en déclarant notamment : « Dans l'état actuel de nos connaissances, personne, je dis bien personne, ne peut affirmer que l'exploitation des gaz et huiles de schiste par fracturation hydraulique, seule technique aujourd'hui connue, est exempte de risques lourds pour la santé et pour l'environnement». Les écologistes ne peuvent qu'apprécier cette décision et cette annonce.

- Le maintien du moratoire sur les OGM en France et l'attitude responsable de Jean-Marc Ayrault ces derniers jours, suite à la publication de l'étude toxicologique sur les OGM réalisée par le Professeur Séralini de l’Université de Caen. Cette étude montre enfin que les écologistes ont eu raison d'être des lanceurs d'alerte sur la question des OGM.

Suite à la publication de cette étude, les écologistes ont demandé au gouvernement de mobiliser sans délai les autorités sanitaires et scientifiques à cet égard, et c'est chose faite. Il en va de la santé publique des français et des européens.

Désormais, il est urgent de revoir rapidement tous les processus d'évaluation des OGM, comme le réclame José Bové à la Commission européenne. Les agences nationales et européennes de sécurité alimentaire doivent réaliser de nouvelles études transparentes, financées par des fonds publics, et destinées à garantir aux consommateurs européens une alimentation saine. En effet, comment peut-on admettre aujourd'hui, qu'un chercheur de qualité, employé dans une structure publique, ait été obligé de chercher des fonds auprès de fondations privées, pour pouvoir mener en catimini une étude d'un intérêt général ?

A ce titre, Hervé Kempf a raison de poser la question suivante dans le Monde, lorsqu'il écrit que « derrière les querelles scientifiques sur la nocivité de tel produit ou technologie se joue un drame qu'un Shakespeare pourrait mettre en scène : celui du rapport entre l'argent et la vérité. » La science doit retrouver son indépendance et ne plus être orientée ou financée par des entreprises qui négligent les effets des technologies qu'elles commercialisent.

Pour revenir à la conférence environnementale, certaines annonces devront très rapidement se traduire en actes, comme les appels d'offre sur les énergies renouvelables, l'interdiction du bisphénol A, le déplafonnement des livrets A ou de développement durable pour financer la rénovation des logements sociaux.

D'autres annonces se font toujours attendre ou mériteront d'être précisées dans les semaines à venir, parmi lesquelles :

  • La création d'une agence nationale de la biodiversité,
  • La création d’un guichet unique pour les opérations de rénovation,
  • La mise en place d'un nouveau plan bio ou encore ce que l’on entend exactement par le verdissement de la PAC.
  • La question de la santé environnementale oubliée des débats
  • Les modalités d'organisation du débat national sur la transition énergétique. Dans le cadre de l'Acte III de la décentralisation, il est plus que jamais nécessaire de donner la capacité aux collectivités d'agir dans ce domaine, et de leur donner les moyens nécessaires pour décentraliser cette politique. Aujourd'hui, il est indispensable de réfléchir à partir de la maîtrise de la demande d’énergie et des économies possibles, avant de traiter de la question de l'offre et du mix énergétique.
  • Enfin, la problématique de la fiscalité écologique : la réduction de la niche fiscale agrocarburants ou l’augmentation de la TGAP ne suffisent pas. Chaque année l'Etat subventionne des compagnies pétrolières, les transports routiers, l'aviation, les fabricants de pesticides et d'engrais, et toutes autres activités nocives pour l'environnement à hauteur de 20 milliards d'euros environ. Réduire la dette et le déficit de la France, engager sincèrement le pays vers la transition écologique, sont deux priorités qui doivent aller de pair ! La décision de baisser les taxes sur les carburants automobiles est à ce titre une mesure dispendieuse, inutile, incohérente, et elle envoie un message tout à fait antipédagogique aux français. Cette baisse va coûter des centaines de millions d'euros à l'Etat et aux Régions sur une année pleine ! Ce n'est pas acceptable, ni d'un point de vue économique, ni d'un point de vue écologique, ni pour l'Etat, ni pour les Régions.

Pas acceptable non plus, le gaspillage d'argent public autour du Scénoparc IO dans le Cantal. Comme l'écrivait récemment la Galipote, que je salue au passage pour sa présence systématique en Session, ce projet est né, rappelez-vous, « quand Giscard d’Estaing a compris qu’il risquait de perdre la région pour avoir dépensé tant et tant pour son cher Vulcania sans rien laisser aux autres. Donc il y a eu entre autres le Scénoparc IO. »

Montrer des vaches dans un pays à vaches, une idée ô combien lumineuse et qui coûtera une fois de plus ces prochaines semaines des centaines de milliers d'euros aux membres du syndicat mixte du Scénoparc des Vaches Rouges : plus de 700k€ pour le CG du Cantal, plus de 200k€ pour la communauté de communes du Pays de Gentiane, et près de 450k€ pour la Région par l'intermédiaire du Parc des Volcans.

Un larron n'agissant jamais seul, comment ne pas remercier la municipalité la plus concernée par ce dossier pour son entêtement pendant des années à gaspiller l'argent public ? Comment ne pas acclamer son maire qui ne trouve rien de mieux à faire aujourd'hui pour remercier la Région, que de convaincre ses partenaires au Conseil municipal de la Valette de voter contre la charte du Parc des Volcans d'Auvergne et d'inciter les autres communes à adopter le même comportement, et à sortir en définitive du Parc ? Moi je dis chapeau honnêtement, des gens de cette valeur, dotés d'un savoir-vivre et d'un savoir-être authentiques, sans complaisances, ça ne court pas les rues aujourd'hui...

Parmi les dossiers phares de cette Session, vous aurez également à vous prononcer aujourd'hui mes chers collègues sur les SAGE Dore et Sioule, pour lesquels la Région Auvergne est aujourd'hui consultée officiellement. Grâce à ces 2 SAGE, la Région financera une fois de plus le montage, la réalisation, et l'animation en faveur d'une politique ambitieuse et durable de lutte contre la pollution de l'eau, comme c'est déjà le cas sur plus de 10 SAGE en Auvergne.

Ambitieuse et durable, deux termes qui qualifient bien la décision de Delphine Batho au mois de juillet d'abandonner les projets de décrets sur les retenues d'eau initiés par l'UMP l'an dernier. Rappelez-vous, nous vous avions alerté en Session sur l'intention du gouvernement, main dans la main avec la FNSEA, de multiplier les retenues collinaires en guise de politique d'adaptation aux changements climatiques : 40 millions de mètres cubes de retenues d'eau supplémentaires étaient au programme pour les 5 années à venir. Ce projet ubuesque, qui aurait une fois de plus favorisé une agriculture intensive, largement responsable de la pollution des eaux superficielles et souterraines par les nitrates, a été abandonné. Les écologistes ne peuvent qu'applaudir cette décision et continuer d'œuvrer en faveur d'une agriculture biologique, responsable, s'engageant vers la réduction de l'utilisation des phytosanitaires.

Enfin, concernant les dossiers de cette Session liés au développement économique, le groupe Europe Ecologie souhaiterait vivement que le Conseil régional d’Auvergne s’en tienne à une et une seule discipline : tout euro dépensé par la Région doit être un euro utile, autrement dit les aides de la Région doivent avoir un véritable effet de levier, ceci étant d’autant plus vrai en période de crise et de recherche d’économies budgétaires. Cette règle doit être le B.a.-ba de toutes nos interventions. Or certaines aides aujourd’hui nous interrogent, comme l’aide exceptionnelle sollicitée par l’entreprise Linamar.

L’entreprise dispose d’un capital social de plus de 2 millions d’euros, elle appartient à un groupe côté en Bourse, qui a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de près de 3,7 milliards d’euros et qui ambitionne de le multiplier par 4 d’ici 2020. Ce même groupe réalisait l’an dernier un bénéfice net de plus de 100M€ et plus de 140M€ de bénéfices sont prévus pour 2013. Franchement, mes chers collègues, quel est l’intérêt et l’effet de levier de l’intervention régionale sur ce type de dossier ?

Je vous remercie,