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    Salins en crise – suite et non fin

    11 septembre 2012

    La venue d’un ministre à Aigues-Mortes accompagné du Préfet pour rencontrer les organisations syndicales, la direction des Salins et certains élus est un bonne nouvelle. L’espoir renait chaque fois que les difficultés de l’entreprise s’exposent à la lumière et que les stratégies des uns et des autres sont sur la place publique.

    Néanmoins quelques questions se posent :

    • quel est l’espace de décision ou la marge de manoeuvre d’un ministre face à des stratégies spéculatives de fonds financiers internationaux?
    • l’absence du PDG Pierre Lévi, envolé la veille, ressemble à s’y méprendre à un vilain pied-de-nez : une autre manière de dire la même chose?
    • aucune annonce ni décision mais il ne s’agissait que de «renouer les fils du dialogue» : à suivre donc…
    • l’activisme gouvernemental semble répondre de manière un peu désordonnée (ou désespérée?) à de très mauvais chiffres du chômage et l’annonce de plans sociaux à répétition
    • on regrettera, sans trop s’y attarder, que tout cela s’apparente à une opération de communication du PS, il fallait semble-t-il être encarté pour participer à la discussion : on  jugera sur la suite et les résultats.

    On retiendra ces mots du ministre : «L’avenir des Salins n’est pas d’être un musée du sel, ni une clinique pour gens fortunés», à quoi M. Bonato s’empresse de dire que ce n’est pas incompatible.

    1. le mot de clinique n’est pas approprié qui laisserait penser que le projet relève d’un enjeu de santé publique, ce qui n’est pas le cas. Il s’agit d’un centre de bien-être, ou encore de «zénitude» comme dit le maire.
    2. la viabilité de ce projet repose dans un premier temps sur son volet de séjour hôtelier de très grand luxe. Et dans un deuxième temps sur de fantastiques perspectives immobilières : les bétonneurs auront mis le pied dans la porte, le reste suivra. Le maire d’Aigues-Mortes se fait ici le zélé VRP de ses riches nouveaux amis : François Fontès, le promoteur-architecte («Port du Roy», c’est déjà lui), et Pierre Lévi, le contributeur choyé du «Club des Mécènes».
    3. tout le monde parle ici d’économie sans se soucier une seconde d’écologie, comme si ces deux aspects n’étaient pas intimement liés, comme si la dégradation des paysages et de la biodiversité dans une logique mercantile ne signait pas la fin d’une certaine écologie salinière, c’est-à-dire une manière de travailler et d’habiter en territoire camarguais.

    Seul le ministre a utilisé ce mot d’»écologie», même si du bout des lèvres, encore un bon point pour Guillaume Garot : espérons que sa mission ne sera pas d’un jour. Mais si ni les élus locaux, ni les syndicats, ni les Salins ne comprennent l’enjeu d’une approche à la fois – et indissolublement – économique, environnementale et sociale, c’est que les jours des salins d’Aigues-Mortes sont comptés.

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