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    Aire d’accueil des gens du voyage : quoi de neuf?

    26 juillet 2012

    près de la Malamousque

    Lorsque la municipalité actuelle est arrivée à la mairie en 2008, un projet de création avait été validé par le conseil municipal et un terrain à côté du rond-point de la Malamousque était en partie terrassé. Mais le site déplaisait à un nouvel élu qui habite non loin. Le projet est arrêté. Un autre site est choisi vers Malbois. J’ai relevé trois irrégularités dans ce nouveau dossier qui, me semble-t-il, le rend illégal (cf conseil municipal du … 2011), mais ne voulant pas nuire malgré tout à sa réalisation je n’ai fait que m’abstenir.

    J’ai plaisir à rappeler les termes de ma première intervention d’élu sous le mandat actuel sur cette question. Quelqu’un m’a dit après coup : «Eh bien, tu n’as pas gagné des voix sur ce coup-là». Peut-être pas, et pourtant je persiste et signe. Si c’est perdre des voix que de croire encore que la devise qui frappe le fronton de nos mairies concerne tous les citoyens sans exclusion, c’est que ces voix ne valent pas cher.

    Quatre ans plus tard, l’aire d’accueil n’existe toujours pas. Mais la mairie a financé un vaste chantier de fossés anti-gitans qui cernent le rond-point de la Petite Camargue où ils avaient l’habitude de s’installer. Alors les gitans s’installent sur le terrain initialement prévu, sans eau, non viabilisé. Et M. le maire fait envoyer les forces de police pour les expulser.

    « Monsieur le Maire, Mesdames Messieurs les conseillers municipaux,

    A l’heure où notre commune se met enfin in extremis en conformité avec les exigences de la loi Besson je veux évoquer le chemin qu’il nous reste à faire. Il est difficile de parler des roms : on a affaire à un tel bloc d’hostilité qu’on ne sait par où commencer. Des pétitions de rejet ont circulé, cautionnées par certains ici autour de cette table. Dire le mot « gitan » c’est nommer l’intolérance, le préjugé, la peur de l’autre.

    Qui sont-ils donc ces gens étranges ? Certainement pas des « gens du voyage » qui est une invention de l’administration française, mais des Roms, Manouches, Tziganes, Gitans, Yéniches… Doit-on rappeler que 500 000 d’entre eux sont morts dans les camps d’extermination nazis, que nombre d’entre eux ont transité dans les camps d’internement français sous Vichy et que la responsabilité de la France dans ce génocide est accablante. Nous avons contracté une dette imprescriptible envers les peuples Roms.

    Qui sont-ils ? Des citoyens français, ou plutôt des sous-citoyens, tant leurs droits sont rognés et leur statut dérogatoire au droit commun.

    D’où viennent-ils ? Posons-leur la question.

    Comment vivent-ils ? Voyons-le : espérance de vie, mortalité infantile, taux d’alphabétisation, niveau d’instruction, aides sociales et chômage, situation sanitaire…

    Trouver 600 000 € n’est rien comparé au travail qui nous attend : apprendre à connaître, accueillir, respecter – se défaire des préjugés des fameux « voleurs de poules » – garantir l’accès aux droits fondamentaux économiques, sanitaires et sociaux – veiller à la scolarisation, l’accès au sport, à la culture – assurer la non-discrimination à l’embauche…

    Et puis pour ceux qui peuvent : les admirer pour leur esprit d’indépendance et de liberté chèrement payé par le mépris des gadjés.

    Votre engagement, Monsieur le Maire, est fondamental. De votre implication dépend la réussite de ce projet. De votre capacité à convaincre les élus, les agents territoriaux, les services sociaux de l’enjeu pour notre commune. Il ne s’agit pas seulement d’un dossier compliqué mais de droits de l’homme. C’est d’ailleurs la traduction littérale du mot « Roms » : les Hommes.»

    (Didier Caire, conseil municipal du 26 janvier 2009)

     

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