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    Pour le changement

    26 avril 2012

    Sentiment partagé au soir du 1er tour des élections présidentielles : l’ennui du très faible score d’Eva Joly, malgré l’échec annoncé il faut bien encaisser ; la satisfaction de savoir Hollande en position de gagner le 2d tour mais sans gloire et sans illusion ; le bon résultat mais finalement décevant du Front de Gauche ; le score canon de Marine Le Pen mais en fin de compte prévisible et proche de celui de son père en 2002.

    Pour Aigues-Mortes, par rapport à 2007 : Sarkozy perd 3 points, Hollande fait moins (en %) que Ségolène, et Mélenchon fédère mieux la gauche du PS (+4%) sans retrouver le niveau du PC et alliés de 2002 (16,2%). C’est Le Pen qui l’emporte, au même niveau que son père en 2002 mais 600 voix de plus.

    Les réactions au vote FN prennent souvent deux formes : l’accablement horrifié devant notre pays gangrené de xénophobie ou la mansuétude pour ce peuple bafoué, que le malheur trompe et la colère aveugle. Je ne partage aucun de ces sentiments : ni indignation, ni complaisance. L’une et l’autre sont des insultes pour des électeurs ordinaires au choix posé, assumé et légitime. Je combats ces idées qui ne sont le fait d’êtres ni faibles, ni abjects, ni impulsifs.

    Les chiffres montrent que le vote FN est installé à Aigues-Mortes depuis plus de 20 ans – JM Le Pen recueillait 19,1% des suffrages en 1995, c’est donc un vote constant, durable, réfléchi. On sait ce qu’il exprime d’un sentiment de ras-le-bol, de petites humiliations, d’injustice, d’insécurité, de spoliation. Cela ne se traduit pas toujours par une saine révolte mais la rancœur et l’envie, des humeurs mauvaises.

    On sait aussi que le vote FN est un parent de l’abstention c’est-à-dire du rejet, voire de la haine, de la politique, du « système », d’un certain ordre des choses jugé comme ayant failli et sans autre raison d’être que de se maintenir à tous prix. Les anathèmes comme les concessions discréditent pareillement les partis dits traditionnels, suffisants ou faibles selon le cas.

    La réponse à ce fait politique, le vote FN, ne peut être que politique, au sens plein de ce mot et de ce que la politique peut : réassortir le peuple, tisser les solidarités, refaire un monde commun. Les armes en sont l’ambition, la volonté, le courage ; les outils : la participation, la discussion, l’élaboration collective, la délibération. Lorsqu’un projet collectif nouveau s’imposera (et qu’on me laisse penser que l’écologie en sera l’âme) alors le vote de l’aigreur s’assèchera privé de son terreau. Cette tâche ne s’accommodera pas de rapiécetages, d’un retour illusoire aux solutions d’avant, d’appels un peu niais aux valeurs. Elle va requérir toute notre énergie et notre intelligence collectives.

    Rien ne laisse penser que François Hollande sera à la hauteur de cette tâche mais ça commence par là : après 10 ans de droite libérale au pouvoir, ya basta, faut que ça change ! Et la bassesse, l’indignité de Nicolas Sarkozy draguant les électeurs du FN en dressant les français les uns contre les autres (alors qu’il est encore président de la République) est un spectacle d’une vulgarité rare.

    Le 6 mai je vote et ferai voter François Hollande.

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