« Il souffrait tout à l’heure, c’est vrai, mais maintenant il va mourir.

La grande croix dans la nuit faiblement remue avec le Dieu qui respire. »

Ces vers de Paul Claudel sont extraits du « Chemin de croix » dits par Michael Lonsdale lors d’un superbe concert-lecture donné à l’Eglise ND des Sablons. Un moment de grande spiritualité, autour d’un texte majeur et de quelques très belles pièces musicales, notamment les oeuvres vocales chantées par Bernard Masson.

Mais ce qui semble inoubliable c’est la voix de Lonsdale, une voix d’un ton toujours imperceptiblement inattendu, une scansion très légèrement hésitante, instable, une chute qui se retient, presque rien dirait-on, mais chaque mot, chaque vers s’entend comme articulé par l’esprit. La voix comme fragile qui s’éraille d’un vieil homme, qui rend palpable la peur, la souffrance, mais toujours empreinte d’une sorte d’assurance, celle de la foi peut-être, ou de fierté de l’homme qui sait qu’il touche à la beauté, à la grâce quand même, comme le dit le tout premier vers : « C’est fini ».