Nicolas Hulot, aide Eva, l’écologie t’aidera !

3 avril 2012
Yves Paccalet

Yves Paccalet

Cette campagne présidentielle ressemble à un arc-en-ciel amputé de sa couleur verte. Il manque une nuance au spectre. Tu es assez connu, Nicolas, et suffisamment influent pour aider les électeurs à recoloriser le prisme dans la longueur d’onde de la chlorophylle.

Je t’ai entendu, au « 20 heures » de France 2, ne pas soutenir avec insistance Eva Joly. Tu as esquivé. Tu avais l’air gêné. Tu as finassé en défendant l’idée que tu ne voterais pas pour un parti, ni pour un(e) candidat(e), mais pour la planète. Tu le sais autant que moi : la planète se contrefiche des bulletins de vote. Seul, l’homme en a besoin. La Terre et la vie continueront gaiement après notre disparition. De bons bulletins pourraient contribuer à retarder l’échéance – au bonheur des enfants rieurs !

Nicolas, écoute-moi ! Je te connais depuis une trentaine d’années. Nous nous sommes rencontrés quand j’étais le « bras droit » du commandant Cousteau. J’ai eu l’occasion de travailler avec toi, tantôt dans des conférences pour ton école de Bretagne, tantôt en mission au bout du monde pour « Ushuaïa Nature » (mettons : au Kamtchatka, avec nos amis les ours).

Tu l’as dit : tu n’es pas né écologiste, tu l’es devenu. Nous te ressemblons tous sur ce point. Je connais et je loue ton enthousiasme pour la « cause ». Nous nous sommes lamentés ensemble de l’imbécillité des Homo sapiens qui massacrent la splendeur du monde – et leur indispensable biosphère – pour une illusoire « croissance » économique perpétuelle. Je ne mets pas une seconde en doute ta sincérité. Je prends la mesure de la déception que tu as éprouvée en perdant ta bagarre avec Eva Joly lors de la primaire d’Europe-Écologie-les-Verts. Mais je sais que tu vois loin.

Tu dis vouloir t’occuper de ta Fondation, et travailler par les méthodes de la pédagogie au bonheur des générations futures : j’approuve cette entreprise. Tu regrettes que l’écologie (excepté le nucléaire) ait manqué dans le discours d’Eva. J’ai adressé la même critique à notre candidate et à son équipe. J’ai enfoncé le clou, dans « le Plus Nouvel Obs », en rédigeant un article sur le thème des « fondamentaux » auxquels il est urgent de revenir : la biodiversité, le réchauffement climatique, les pollutions de l’air, de l’eau et des sols, la famine, l’accès à l’eau potable, les nouvelles épidémies, etc. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Verte.

J’ai une petite avance sur toi, puisque (comme Dany Cohn-Bendit) je dis et j’écris depuis longtemps qu’il ne faut pas présenter de candidat écolo à ces élections-là, forcément piégeuses, menteuses et susceptibles d’envoyer nos idées à la décharge illégale.
Maintenant que je n’ai pas été écouté ; que tu n’as pas été désigné ; qu’Eva Joly est en piste (sacrée bonne femme ! elle apporte quand même beaucoup sur les questions de justice, de finance et de morale…) ; et qu’elle ira au bout, la nécessité fait loi. Les écolos sont maltraités, la « crise » a bon dos, la presse les ignore, les moque ou les vomit. Les « grands » candidats les snobent. Les saccageurs de la planète se réjouissent… Les amis de la nature et de l’homme (comme dit ta Fondation) doivent faire face. Unissons nos forces (j’en profite pour appeler Corinne Lepage à rallier la bande). Mettons du vert dans cette campagne brun, bleu, orange, rose et rouge. Barbouillons les esprits de cette chlorophylle qui fait vivre nos corps et qui exalte nos âmes.

Il reste peu de temps. Nicolas, écoute-moi ! Fais campagne pour elle, soutiens Eva Joly ! Fais-la progresser de cinq points dans les sondages : tu en es capable ! Si elle reste encalminée à deux ou trois pour cent, tous les écolos et toi-même perdront, pour longtemps, leur droit légitime à la parole. Si tu ne te résous pas par la raison à cette union, écoute ton âme de voyageur émerveillé : offre à Eva l’appui de ton nom comme tu lui offrirais la plus belle fleur de la Terre…

Partager