Pendant la campagne électorale, les pesticides continuent de tuer

23 avril 2012


Marine Le Pen rêve de jeter à la mer six millions de mauvais Français. Nicolas Sarkozy fait des risettes au Front national et présente la principale mesure de son éventuel second quinquennat : faire passer le permis de conduire à l’école. François Bayrou plonge dans la piscine avec une grosse femme énervée par l’épisode. François Hollande esquive et « retient son humour » pour ne pas accabler le sortant. Jean-Luc Mélenchon se prend pour « le bruit et la fureur », mais peine à démontrer qu’il est le Jupiter de la « révolution par les urnes ». Les « petits » candidats attendent leur minute de parole à la télé, entre deux et cinq heures du matin.

Eva Joly traite des vrais problèmes, mais tout le monde regarde ses lunettes noires. Pendant ce temps, la situation globale évolue gentiment vers le désastre. Prenons les pesticides : tout le monde s’en moque, puisque le « bio » est réputé « bobo ». Or, ces produits chimiques sont conçus pour donner la mort – même si les firmes qui les vendent voudraient qu’on les nomme « phytosanitaires ». « Médicaments des plantes »… Les pesticides envoient en enfer (ou à ce qui en tient lieu pour les athées), non seulement les « mauvaises » herbes, les champignons « parasites » ou les insectes « nuisibles » (Marine Le Pen adore les trois adjectifs), mais les agriculteurs qui les répandent et les consommateurs qui les mangent. Sans oublier les abeilles, qui sont le symbole d’une planète riche de mille fleurs parfumées – mais qui disparaissent à une vitesse épouvantable.

Une équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), dirigée par le Pr Mickaël Henry, vient de prouver ce que tout le monde savait, mais que les fabricants de « phytosanitaires » ont toujours farouchement nié : les pesticides constituent bel et bien la cause essentielle de l’effondrement des populations de butineuses. Même si les acariens varroas, les frelons asiatiques, le réchauffement climatique et d’autres facteurs jouent leur rôle…

En équipant les abeilles de puces électroniques miniaturisées, et en leur faisant absorber une dose (bien inférieure à la dose létale) des trop fameux pesticides Gaucho ou Cruiser, les scientifiques ont expliqué par quel mécanisme pervers ces poisons chimiques tuent les ouvrières : ils affectent leur cerveau et leur font perdre le sens de l’orientation. Les butineuses s’envolent, mais ne retrouvent pas leur ruche. Elles tombent au sol et meurent.

Si vous aimez les abeilles, les fleurs, les fruits, le miel et la gelée royale ; si vous préférez les équilibres écologiques aux mixtures de la chimie ; si vous en avez par-dessus la tête des engagements souffreteux d’au moins neuf candidats sur dix à la présidentielle, alors faites un saut chez votre libraire. Achetez le dernier Jean-Marie Pelt, intitulé Cessons de tuer la terre pour nourrir l’homme !, et sous-titré « Pour en finir avec les pesticides » (chez Fayard).

Vous y apprendrez pourquoi les pesticides sont néfastes pour les êtres vivants quels qu’ils soient, à commencer par les abeilles et nos enfants. Vous y lirez comment on pourrait, grâce à la science écologique, inventer une nouvelle agriculture aux rendements excellents. Vous y découvrirez que les plantes s’entraident et se respectent ; que les unes nourrissent les autres ; et qu’elles se défendent très bien toutes seules contre leurs ennemis. Vous aurez encore la surprise d’y découvrir que les végétaux ont une sensibilité ; et que, d’une certaine façon, les fleurs « écoutent » la musique du vent ou celle des hommes…

Jean-Marie Pelt incarne à la fois l’écologiste outré par la folie productiviste de notre société, et le savant capable de nous suggérer des solutions sensées, pour le coup vraiment durables. Nous n’avons nul besoin de pesticides. Nous avons besoin de Jean-Marie Pelt. C’est un sage et un homme bon. Un poète, aussi. Je suis fier d’être son ami, et de contribuer modestement, par ce billet, à faire connaître son dernier ouvrage. En s’y ébrouant, ceux qui vont voter pourront au moins butiner autre chose que les fleurs trop vite fanées des promesses électorales.

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Notre empreinte écologique n’est pas soluble dans la campagne électorale

23 avril 2012

Lorsqu’on veut calculer l’impact d’un individu, d’une famille, d’un pays, de l’humanité sur la planète, on se sert d’un indicateur perfectionné par le WWF (World Wildlife Fund) et qu’on appelle l’« empreinte écologique ». Le principe en est simple. Pour se nourrir, se vêtir, se loger, se déplacer, se divertir, se soigner, etc., chaque Homo sapiens consomme des ressources – de l’eau, de l’énergie, des aliments, des matières premières, de l’espace, etc. Et il produit des déchets. Il laisse une trace sur la planète.

Aussi longtemps que, collectivement, nous ne prélevons pas davantage que le globe ne peut fournir, et que nous ne polluons pas davantage que la Terre n’est capable d’épurer, notre aventure sur Gaïa se perpétue. Mais, avec 7 milliards (en 2011) d’humains à faire vivre, un colossal problème se pose. Nous occupons en masse les meilleurs biotopes de la planète : les continents (à l’exception des déserts chauds ou froids et de la haute montagne) ; et la partie peu profonde de l’océan (le plateau continental). Cela représente environ 210 millions de kilomètres carrés. Divisons par 7 milliards : la superficie disponible par habitant est, en moyenne, de 3 hectares. Laissons 1 hectare à l’indispensable nature sauvage (forêts, récifs, lagunes, etc.), sans laquelle l’eau, l’air et tout le reste se déglingue : restent 2 hectares par tête de pipe.

Cependant, la répartition de cette surface utile entre les hommes est scandaleusement inégalitaire. L’empreinte écologique de l’Américain du Nord avoisine 20 hectares, celle de l’Européen, 10. L’habitant de l’Afrique noire n’en a que 0,2. Selon ce calcul, l’Éthiopien ou le Malien « valent » cent fois moins que le Yankee. Un humain peut-il en « valoir » autant d’autres ? La science, la philosophie, la morale disent : « Non ! » De toute façon, la biosphère refuse de l’admettre.

En 2050, nous serons entre 9 et 10 milliards de Terriens. En moyenne, nous n’aurons guère plus d’un hectare par sujet. Dur, dur ! Le calcul ultime a été effectué : les humains réunis consomment aujourd’hui les ressources d’une planète et demie ! Si tous nos congénères bénéficiaient du mode de vie de l’Européen, il nous faudrait entre trois et quatre Terres. S’ils imitaient le Nord-Américain, nous en aurions besoin de six.

Notre empreinte écologique n’est pas soluble dans la campagne électorale. Mais qui s’en soucie sur les plateaux de télévision ou les estrades des meetings ? Osons donc poser la question bête et vitale que, parmi les prétendants à l’Élysée, seule Eva Joly a abordée : autour de quelle étoile tournent les cinq planètes qui nous manquent ?

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Stations de ski et réchauffement climatique

14 avril 2012

L’ours blanc, le manchot et le skieur

Même si nous en avons eu cette année, il tombe de moins en moins de neige sur nos montagnes. Partout, les glaciers reculent – les « glacières », comme on disait au XIXe siècle. C’est vrai dans les Alpes comme dans les Pyrénées, en Himalaya, dans la cordillère des Andes ou les Montagnes rocheuses. Tout comme au Groenland et en Antarctique…
Je me souviens de mes hivers d’enfance, en Savoie, au hameau de Tincave, dans la commune de Bozel, où je vis à nouveau. À 1 300 mètres d’altitude, à l’adret du mont Jovet – face à ce qui s’appelle aujourd’hui « Courchevel ». Courchevel la superbe ; la riche ; parfois la scandaleuse… Bien entendu, aussi, Courchevel la pourvoyeuse d’emplois directs ou indirects pour la vallée de Bozel, et au-delà…
Je me remémore mon enfance. Nous sommes en 1950, j’ai cinq ans, je viens d’entrer à l’école. Au matin, les hommes du village ont ouvert des chemins dans la neige : la couche est bien plus haute que mes trois pommes. L’institutrice nous propose ce qu’on appelle une « leçon de choses » : elle nous fait mesurer l’épaisseur cumulée sur le toit de la fromagerie. 1,80 mètre ! Jamais plus, à Tincave, je n’ai revu une telle quantité de poudreuse.
Je suis un esprit scientifique. Je me méfie de mes souvenirs et de mes impressions d’enfance. Hélas ! En matière d’enneigement, la mémoire ne me trahit guère. Concernant les glaciers, des mesures ont été faites. La régression est bel et bien là – de plus en plus marquée, de plus en plus rapide, de plus en plus inquiétante.
Il me revient en mémoire mes voyages en Arctique et la tragédie des ours polaires épuisés, affamés, sur une banquise rétrécie et amincie, qui se forme chaque automne un peu plus tard et fond chaque printemps un peu plus tôt… Parce qu’ils ne passent plus assez de temps sur la glace où vivent les phoques dont ils se nourrissent, les ours blancs du Grand Nord auront bientôt disparu.
Je me rappelle les missions que j’ai menées en Antarctique. Le destin des manchots n’est pas assuré. Ces oiseaux sont menacés parce que la banquise du Grand Sud se met à fondre et que le bouleversement des conditions écologiques locales tue les petites crevettes (le krill) qui constituent la base de leur alimentation.
Les ours blancs et les manchots sont les plus exposés sur le front du chaos climatique. Ils sont les premières victimes de l’effet de serre que nous provoquons en répandant dans l’atmosphère du gaz carbonique, du méthane, de l’ammoniac et bien d’autres déchets de nos industries, de nos chauffages, de nos transports et de notre agriculture.
Mais je sais, aujourd’hui, qu’un autre animal se trouve en première ligne dans cette guerre du climat : le montagnard. L’Homo montanensis, plus exactement sa variété des neiges, celui qui (de façon directe ou indirecte) tire sa subsistance des sports d’hiver…
La température moyenne de la Terre a augmenté de près de 1 degré Celsius depuis le début de l’ère industrielle, mais de 1 degré supplémentaire aux deux pôles… et sur les montagnes !
Nos glaciers ne seront bientôt qu’un souvenir. Lorsque j’écrivais mes premiers articles sur le changement climatique, voici près de 30 ans, les spécialistes imaginaient qu’il n’y aurait plus de grands glaciers dans les Alpes en 2100. Les prévisions actuelles sont qu’il n’y aura plus de grands glaciers dans les Alpes, mais pas en 2100 : en 2050. Dans moins de 40 ans…
Sans les glaciers, plus d’eau dans les torrents en été. Un déficit hydrique chronique dans les villages de montagne, comme dans les jardins et les champs des vallées… Imaginons le phénomène : aucun barrage ne se remplit plus, ni ceux destinés à l’hydroélectricité, ni ceux qui servent à la fabrication de la neige artificielle, ce « miracle » technologique qui n’en est pas un… Je rappelle qu’en France, la consommation d’eau pour la neige de culture équivaut à celle de la ville de Grenoble ; et que la consommation d’électricité pour cet usage avoisine celle de Lyon… Avec le réchauffement du climat, il nous faudra soit renoncer à la neige de culture, soit y ajouter des cristaux d’iodure d’argent et d’autres substances chimiques capables d’élever le point de congélation du liquide…
La neige tombera de moins en moins sur nos sommets. Nous aurons encore des hivers blancs, mais ce qui nous tombera sur la tête, ce seront surtout des pluies torrentielles, dont les eaux fileront vers les vallées en inondations destructrices… C’en sera peut-être fini des stations de ski de basse et de moyenne altitude. En France, nombre d’entre elles ont déjà fermé ou sont en difficulté, dans les Cévennes, les Vosges, les Pyrénées… Même dans les Alpes du Nord, certaines d’entre elles ont mis la clé sous la porte. Demain, ne resteront ouverts aux sports de neige que quelques complexes de haute altitude. Dans vingt ou trente ans, on peut en faire le triste pari, beaucoup de stations actuelles seront abandonnées, vestiges d’une ruée vers l’or blanc qui aura duré, au total, moins d’un siècle.
Sauf adaptation intelligente…
Sauf reconversion énergique…
Quant aux Pays de Savoie, les chiffres sont implacables : 50 pour 100 du produit intérieur brut y sont fournis par le tourisme. Là-dessus, 80 pour 100 par le tourisme d’hiver – le ski et ses annexes. Comment allons-nous gérer les prochaines décennies, sachant qu’en tendance, les Alpes du Nord perdent chaque année un centimètre de neige et une journée d’enneigement ? Et qu’en un demi-siècle, la limite pluie-neige est déjà remontée de 300 mètres ?
Quels investissements allons-nous décider pour les 30 ans qui viennent, si dans 30 ans nous avons une saison plus courte d’un mois – même à Val d’Isère, Méribel, Val Thorens ou Courchevel ? Allons-nous fermer les yeux et nous contenter de prières ? Le ciel semble un peu sourd, ces temps derniers…
Mieux vaut regarder la réalité en face. C’est maintenant qu’il nous faut imaginer des solutions alternatives : un tourisme aussi vert que blanc… Plus facile à dire qu’à faire. Mais indispensable. Urgent… Les responsables économiques et politiques doivent monter en première ligne de la lutte contre le chaos climatique. Je compte, pour ma part, y déployer toute l’énergie requise !
Il me serait plus simple, comme le font nombre de nos leaders politiques locaux ou nationaux, de regarder ailleurs. De cacher la vérité. De jouer à l’optimiste… Je préfère que nous ne pratiquions plus cette méthode – que j’assimile au comportement de l’autruche des montagnes. Vous savez ? Ce nouveau Dahu qui se plante la tête dans ce qui reste de neige, afin de ne pas se rendre compte qu’il s’agit d’une substance merveilleuse, mais en voie de disparition…

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Nicolas Hulot, aide Eva, l’écologie t’aidera !

3 avril 2012
Yves Paccalet

Yves Paccalet

Cette campagne présidentielle ressemble à un arc-en-ciel amputé de sa couleur verte. Il manque une nuance au spectre. Tu es assez connu, Nicolas, et suffisamment influent pour aider les électeurs à recoloriser le prisme dans la longueur d’onde de la chlorophylle.

Je t’ai entendu, au « 20 heures » de France 2, ne pas soutenir avec insistance Eva Joly. Tu as esquivé. Tu avais l’air gêné. Tu as finassé en défendant l’idée que tu ne voterais pas pour un parti, ni pour un(e) candidat(e), mais pour la planète. Tu le sais autant que moi : la planète se contrefiche des bulletins de vote. Seul, l’homme en a besoin. La Terre et la vie continueront gaiement après notre disparition. De bons bulletins pourraient contribuer à retarder l’échéance – au bonheur des enfants rieurs !

Nicolas, écoute-moi ! Je te connais depuis une trentaine d’années. Nous nous sommes rencontrés quand j’étais le « bras droit » du commandant Cousteau. J’ai eu l’occasion de travailler avec toi, tantôt dans des conférences pour ton école de Bretagne, tantôt en mission au bout du monde pour « Ushuaïa Nature » (mettons : au Kamtchatka, avec nos amis les ours).

Tu l’as dit : tu n’es pas né écologiste, tu l’es devenu. Nous te ressemblons tous sur ce point. Je connais et je loue ton enthousiasme pour la « cause ». Nous nous sommes lamentés ensemble de l’imbécillité des Homo sapiens qui massacrent la splendeur du monde – et leur indispensable biosphère – pour une illusoire « croissance » économique perpétuelle. Je ne mets pas une seconde en doute ta sincérité. Je prends la mesure de la déception que tu as éprouvée en perdant ta bagarre avec Eva Joly lors de la primaire d’Europe-Écologie-les-Verts. Mais je sais que tu vois loin.

Tu dis vouloir t’occuper de ta Fondation, et travailler par les méthodes de la pédagogie au bonheur des générations futures : j’approuve cette entreprise. Tu regrettes que l’écologie (excepté le nucléaire) ait manqué dans le discours d’Eva. J’ai adressé la même critique à notre candidate et à son équipe. J’ai enfoncé le clou, dans « le Plus Nouvel Obs », en rédigeant un article sur le thème des « fondamentaux » auxquels il est urgent de revenir : la biodiversité, le réchauffement climatique, les pollutions de l’air, de l’eau et des sols, la famine, l’accès à l’eau potable, les nouvelles épidémies, etc. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Verte.

J’ai une petite avance sur toi, puisque (comme Dany Cohn-Bendit) je dis et j’écris depuis longtemps qu’il ne faut pas présenter de candidat écolo à ces élections-là, forcément piégeuses, menteuses et susceptibles d’envoyer nos idées à la décharge illégale.
Maintenant que je n’ai pas été écouté ; que tu n’as pas été désigné ; qu’Eva Joly est en piste (sacrée bonne femme ! elle apporte quand même beaucoup sur les questions de justice, de finance et de morale…) ; et qu’elle ira au bout, la nécessité fait loi. Les écolos sont maltraités, la « crise » a bon dos, la presse les ignore, les moque ou les vomit. Les « grands » candidats les snobent. Les saccageurs de la planète se réjouissent… Les amis de la nature et de l’homme (comme dit ta Fondation) doivent faire face. Unissons nos forces (j’en profite pour appeler Corinne Lepage à rallier la bande). Mettons du vert dans cette campagne brun, bleu, orange, rose et rouge. Barbouillons les esprits de cette chlorophylle qui fait vivre nos corps et qui exalte nos âmes.

Il reste peu de temps. Nicolas, écoute-moi ! Fais campagne pour elle, soutiens Eva Joly ! Fais-la progresser de cinq points dans les sondages : tu en es capable ! Si elle reste encalminée à deux ou trois pour cent, tous les écolos et toi-même perdront, pour longtemps, leur droit légitime à la parole. Si tu ne te résous pas par la raison à cette union, écoute ton âme de voyageur émerveillé : offre à Eva l’appui de ton nom comme tu lui offrirais la plus belle fleur de la Terre…

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Un philosophe s’engage

25 mars 2012

 

Yves Paccalet

Un philosophe s’engage

Je suis philosophe, écrivain et naturaliste. Écologiste depuis quarante ans… Je suis Savoyard, né en Tarentaise, au hameau de Tincave (commune de Bozel), où j’habite toujours. Après avoir couru les mers sur la Calypso du commandant Cousteau, et vu aussi bien les merveilles de la planète que la misère des humains, je suis convaincu qu’il est urgent de mettre en œuvre ce que j’appelle de mes vœux dans mes essais : le partage. Faute de quoi, le XXIe siècle sera celui de la guerre et des désastres planétaires : chaos climatique, pollutions mortelles, accidents nucléaires, effondrement de la biodiversité, pillage des océans, destruction des forêts, stérilisation des terres agricoles… Notre espèce compte plus de 7 milliards d’individus. La première victime des folies humaines, c’est l’homme. Surtout l’homme pauvre…

C’est cet enfant, cette femme, ce mari menacés que je voudrais protéger grâce aux méthodes de l’écologie politique : la précaution et le partage. D’abord, ne pas nuire. Ensuite, permettre à chaque citoyen d’accéder à une vie décente et libre sur notre fragile vaisseau spatial : la Terre…

Claudie Léger

Après avoir été élu trois fois conseiller municipal, je suis conseiller régional Rhône-Alpes. Et, désormais, candidat aux élections législatives de 2012, dans la deuxième circonscription de la Savoie (Albertville-Beaufortain-Tarentaise), en compagnie de mon enthousiaste colistière : Claudie Léger.

Je veux œuvrer à l’indispensable transition économique et énergétique. Je travaille à bâtir une société moins obsédée par l’impossible « croissance » matérielle illimitée ; moins soumise au diktat des « marchés » ; moins pervertie par l’argent ; et dans laquelle les humains pourraient, sinon vivre en parfaite harmonie, du moins entretenir des rapports plus apaisés et plus respectueux du bien commun.

Un enfant de la Tarentaise. Ici, à Courchevel (Moriond), en mars 1956.

Un enfant de la Tarentaise. Ici, à Courchevel (Moriond), en mars 1956.

Je veux restaurer, aider, amplifier la solidarité sociale. Le rôle des syndicats, des associations, des organismes d’assistance est irremplaçable. Les services publics (sécurité sociale, école, poste, hôpital, services sociaux, etc.) n’ont pas à être sacrifiés sur l’autel de la mondialisation. L’équilibre des comptes des États passe par une juste répartition de l’impôt, par la lutte contre la fraude et par l’interdiction des paradis fiscaux.

Je désire une industrie tournée vers le futur, c’est-à-dire créatrice d’emplois dans le domaine des nouveaux matériaux, des énergies douces, des techniques économes et peu polluantes. C’est possible dans notre circonscription.

Je souhaite une agriculture de plus en plus « bio », c’est-à-dire bonne à la fois pour notre santé, pour la biosphère et pour le porte-monnaie des plus modestes. Une agriculture de label et de valeur ajoutée, basée sur nos traditions d’élevage, de viticulture, d’arboriculture, de maraîchage, d’apiculture de qualité et de proximité…

Dans nos vallées qui dépendent tellement du tourisme, je désire, certes, garder les emplois que le ski et l’« or blanc » nous ont apportés. Mais ce secteur économique est menacé par le réchauffement climatique, le manque de neige et les folies de la spéculation immobilière, laquelle fait planer sur nos têtes le danger d’un krach dévastateur. Je préconise que nous prenions le chemin de la diversification, en ayant pour idéal un tourisme « quatre saisons » générateur d’emplois stables et de préservation des sites.

Je désire, bien sûr, garder la beauté de nos montagnes et leurs richesses géologiques, végétales et animales, à travers le développement de structures de protection efficaces – réserves naturelles et parcs régionaux ou nationaux… La Vanoise, notre emblème, doit aussi devenir un pôle d’attraction pour de nouveaux visiteurs.

Je prétends possible de jeter les bases d’une société plus juste et plus désirable, sur une planète préservée, dans un environnement où chacun pourra réclamer sa part de travail et de loisir, de nature et de culture. Il est temps d’offrir aux générations actuelles et futures la chance de mériter enfin le nom savant de notre espèce : Homo sapiens. L’« homme sage » !

Un écologiste autour du monde, pendant 20 ans "bras droit" du commandant Cousteau. Ici, à Paris, en mai 1979.

Un écologiste autour du monde, pendant 20 ans "bras droit" du commandant Cousteau. Ici, à Paris, en mai 1979.

 

Biographie

 

Né en 1945, à Tincave (Bozel), Savoie.

Philosophe, écrivain, journaliste, naturaliste, scénariste. Études de philosophie à l’École normale supérieure de Saint-Cloud.

Passionné de nature, il rencontre Jacques-Yves Cousteau en 1972, l’accompagne pendant près de vingt ans et signe avec lui de nombreux livres. Il collabore à divers magazines (Terre sauvage, Géo, Le Nouvel Observateur, Ushuaïa Magazine, etc.), écrit des scénarios de B.D. et de dessins animés, se consacre au roman (L’Azur ! L’Azur !) et à d’autres livres illustrés, récits, essais philosophiques et œuvres poétiques (L’Odeur du soleil dans l’herbe, Le Bonheur en marchant, Mes plus belles balades en France, Kamtchatka, la terre des origines, La France des légendes, Soigner l’homme, soigner la Terre, L’école de la nature, Voyage au pays des montagnes, Voyage au pays des fleurs, Forêts de légendes, Atlantide, rêve et cauchemar, Légumes oubliés d’hier et d’aujourd’hui, etc.). Il assure des chroniques pour la radio et travaille pour la télévision et le cinéma.

Après son essai d’humour noir L’Humanité disparaîtra, bon débarras ! (Prix du pamphlet, 2006), il expose dans Sortie de secours (2007) ses solutions sous la forme de « trois utopies ». Il compose Le Grand Roman de la vie (2009), premier tome d’une œuvre philosophique vouée à ce qu’il appelle son « matérialisme poétique et ironique ». En 2010, il donne son Dictionnaire énervé de l’écologie : les mots pour le pire. En 2011, il publie un essai, Partageons ! L’utopie ou la guerre ; et un « conte cruel » dans la manière de Voltaire : Les Deux mamelles du bonheur.


 

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