Loyers : le pouvoir dit non à l’encadrement

En fin de semaine dernière, le Premier ministre annonçait l’enterrement de l’encadrement des loyers, mesure phare de la loi ALUR pour le logement; faisant par là même une croix sur l’engagement N° 22 du candidat Hollande.

Renonçant aux multiples engagements pris dans la campagne présidentielle auprès des associations de lutte contre le mal-logement ou devant l’Assemblée, le gouvernement annonce ne pas vouloir appliquée une loi pourtant votée au début de cette année; il n’aura manifestement pas tenu longtemps face à l’offensive idéologique et médiatique des nouveaux « pigeons » de l’immobilier.

Durant ces derniers jours, différents élus locaux interpellés par cette décision pour le moins cavalière, montaient au créneau pour rappeler que l’encadrement des loyers figurait au nombre des outils dont ils comptaient se doter pour renforcer leur politique du logement : de Lille à Grenoble en passant par Saint-Denis, un front de la régulation est en train d’émerger qui rend un autre son de cloche que celui des seuls « professionnels » de l’immobilier.

Depuis quelques semaines, la loi ALUR est accusée de tous les maux : panne du secteur immobilier, rigidités diverses alors que l’immobilier français reste parmi les plus dynamiques d’Europe.

Attribuer les mauvais chiffres de la construction à la loi ALUR revient à oublier que la loi n’est pas encore pleinement effective et que la dégradation des chiffres date de bien avant : les mises en chantier actuelles relèvent de permis accordés il y a plus d’un an.

Bien de première nécessité

L’encadrement des loyers est pourtant une mesure juste et nécessaire dont les modalités ont fait l’objet d’un riche débat démocratique au Parlement : le loyer moyen des locataires a en effet doublé par rapport à leur revenu depuis 1970. Or le logement n’est pas un produit ordinaire mais un bien de première nécessité, devant échapper à toute spéculation.

Rappelons que la première crise a régler est celle du mal-logement.

L’abandon de l’encadrement des loyers ne servira ni la construction ni l’intérêt des Français mais les profits des différents intermédiaires qui alourdissent le coût du logement, à l’achat comme à la location. Les différents abattements et cadeaux fiscaux annoncés par le gouvernement ne serviront que les ménages les plus aisés.

Chantre de la rigueur budgétaire par ailleurs, le gouvernement multiplie les dépenses fiscales pour de très faibles incitations à l’investissement dans la pierre, sans viser d’ailleurs les ménages les plus modestes, ni les secteurs les plus importants de la construction. En visant quasi exclusivement l’investissement locatif, il manque 80 % du secteur pour apaiser ou contenter des investisseurs qui ne s’adressent qu’à 20% du secteur.

Première loi en France à protéger réellement les locataires, elle est démembrée en faveur de la protection d’autres catégories de la population.

Cela étant, la régulation du secteur du logement est nécessaire afin d’initier un effort massif de renovation-construction primordial pour tout à la fois déserrer l’étau de la pénurie, réduire les factures d’électricité et créer durablement des dizaines de milliers d’emplois non-délocalisables.

– Avec Communiqué Eelv

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