Climat : des rapports mais encore ?

Alors qu’un énième rapport du GIEC, toujours plus alarmant, l’inaction des responsables gouvernementaux est de plus en plus patente et coupable. En France notamment, où au retard accumulé par rapport à nos voisins depuis des années, le gouvernement s’entête à refuser toutes politique de report modal vers des transports plus durables.

Le RAC – Réseau Action Climat – France (RAC-F), une association loi de 1901 spécialisée sur le thème des changements climatiques fondée en 1996 en appelle à une réaction rapide.

La France continue à plus subventionner les énergies fossiles que les énergies renouvelables. Cumulées, les niches fiscales dommageables à l’environnement et les aides directes aux transports les plus polluants représentent une dépense de plus de 15 milliards d’euros chaque année par l’Etat en faveur des énergies fossiles. La France stagne en queue de peloton des pays membres de l’Union Européenne en matière de fiscalité écologique (26 sur 27). L’Etat ne peut plus continuer à prétendre lutter contre le changement climatique, mener la transition énergétique en France et défendre la sauvegarde de la biodiversité, tout en subventionnant les activités qui s’y opposent.

La « composante carbone » instaurée en France en 2014 comme partie intégrante des taxes sur la consommation de produits énergétiques est l’une des taxes carbone les moins ambitieuses au monde. Il faut bâtir une véritable contribution climat énergie qui rejoigne la valeur tutélaire du carbone en affichant dès aujourd’hui la trajectoire à 2020 (56€/tCO2) et 2030 (100€/tCO2). Avec ses recettes, il faut en priorité protéger et améliorer la situation des personnes qui souffrent de précarité énergétique.

À ce stade, le projet de loi de transition énergétique se limite à l’élargissement de la composante carbone dans les taxes existantes mais ne prévoit pas de progressivité du signal prix.

Que doit faire le gouvernement français à partir du rapport du GIEC ?

Les autorités françaises doivent cesser de subventionner et d’encourager la consommation d’énergies fossiles, les transports les plus polluants. En outre, elles ne doivent plus céder devant les lobbies comme nous l’avons constaté avec l’abandon de l’écotaxe. Au contraire, les autorités françaises doivent favoriser les solutions de la transition énergétique comme les transports en commun qui manquent cruellement de financement.

Sans véritable contribution climat énergie qui rejoigne la « valeur tutélaire » du carbone et fixe une trajectoire à 2020 (56€/tCO2) et 2030 (100€/tCO2), la transition énergétique restera un vœu pieu.

Ces mesures peuvent être mises en œuvre dès aujourd’hui. Le projet de loi de finance 2015 actuellement en débat au Parlement est l’occasion pour la France de faire preuve d’exemplarité et de cohérence.

En tant que présidente de la conférence climat, la France ne peut continuer à subventionner davantage les pollutions que les solutions et avoir la taxe carbone la moins ambitieuse au monde. Il faut repenser notre système fiscal pour le mettre au service de la transition énergétique et le rendre cohérent avec les objectifs fixés en matière de développement des énergies renouvelables et de diminution de la consommation d’énergie.

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