Un triste record

Un triste record : le pic historique de demande d’électricité a été dépassé durant la soirée du mardi 7 février 2012

 

Alors que l’Europe entière souffre de la vague de froid actuelle et que les températures sont environ 10 degrés en dessous de la normale saisonnière, la dépendance française au chauffage électrique a engendré un nouveau record de consommation d’électricité mardi 7 février à 19h. La précédente pointe historique – 96 710 MW le 15 décembre 2010 – a été dépassée de près de 4 000 MW (ce qui correspond à quatre tranches nucléaires de troisième génération) pour s’établir à 100 500 MW.

Lors de ce pic, le nucléaire n’a assuré que 58 000 MW de la puissance de production, 11 000 MW supplémentaires provenant de l’hydraulique et le reste des moyens de production fossile et de l’importation.

Alors que le parc de production français se retrouve actuellement dans une situation difficile (incendie dans la centrale à charbon du Havre, d’une puissance de 1 400 MW, problèmes de provisionnement pour une centrale à charbon dans le sud-est, plusieurs tranches nucléaires arrêtées pour des travaux de maintenance), ce pic n’aurait pu être géré sans un recours massif aux importations : 7 300 MW.

Affirmer dans ce contexte, comme l’a fait le directeur d’EDF il y a deux jours, qu’on pourra faire face à cette pointe « sans problème » grâce au nucléaire relève de l’irresponsabilité, en faisant croire aux français qu’il s’agit d’une évolution naturelle qui ne pose aucun problème.

Or, c’est bien le développement du nucléaire et la doctrine du « tout électrique » qui nous ont amené à une situation qui devient de plus en plus difficile d’année en année. Alors que certains s’attachent encore au mythe de l’indépendance énergétique, c’est au contraire l’insécurité énergétique qui devient de plus en plus pressante.

Le risque d’un black-out général devient plus pressant et toucherait une fois de plus en priorité les plus démunis vivant dans des logements mal isolés et alimentés au 100% électrique. Il ne reste qu’à imaginer la panique que provoquerait une coupure généralisée lors d’une nuit aussi froide que celle que nous venons de passer.

Ces constats nous amènent à deux conclusions essentielles : il faut enfin reconnaître que le système énergétique français ne constitue pas un modèle soutenable en l’état. Notre dépendance au facteur climatique constitue un risque d’insécurité majeur qui s’ajoute au risque nucléaire existant. Avec la dérive des coûts du nucléaire mise en avant par le rapport de la Cour des Comptes, ce risque s’étend également au niveau de la précarité énergétique.

 

Face à ces risques majeurs, une solution réelle existe : engager la transition énergétique en se fondant sur la sobriété et l’efficacité énergétique. Au-delà des questions relatives au mix de production, seule une politique rigoureuse en matière de maîtrise de la demande d’énergie sera à même de réduire durablement la précarité énergétique actuelle  et de retrouver un équilibre systémique soutenable.

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