Climat – Durban

DISCOURS DU SENATEUR  RONAN DANTEC, PRESIDENT DU GROUPE DE NEGOCIATION CLIMAT DE L’ORGANISATION MONDIALE DES VILLES CITES ET GOUVERNEMENTS LOCAUX UNIS, DEVANT l’ASSEMBLEE DE L’UNION INTERPARLEMENTAIRE A DURBAN, le 6 decembre 2011.

Monsieur le Président,

Chers collègues,

C’est un grand honneur pour moi de parler pour la première fois devant vous en tant que tout nouveau sénateur français. J’interviens ici en tant que président du groupe de négociations climat de CGLU, Cités et gouvernements locaux unis, réseau mondial des villes et des régions, qui est une organisation comparable pour les élus locaux  à ce que représente l’union interparlementaire pour les parlements nationaux.

Je voudrais insister ici sur quelques points, en soulignant tout d’abord combien l’union est nécessaire. C’est par exemple cette union entre CGLU, ICLEI et les autres réseaux régionaux ou nationaux de collectivités locales, tous unis dans la « local government  climate roadmap », qui a permis notre  reconnaissance officielle par les gouvernements nationaux dans la négociation climatique, comme en témoigne le préambule du texte d’accord de Cancun.

Aujourd’hui, les gouvernements nationaux  ont compris qu’ils ne pourraient pas atteindre leurs propres objectifs de réduction des émissions de CO2 sans la mobilisation de leurs autorités locales. Les élus locaux peuvent changer par leur décision  la vie quotidienne des habitants, ils modifient leurs habitudes de transport, influent sur leur consommation d’énergie…  De la même manière, les politiques d’adaptation nécessitent l’engagement des autorités locales, qui connaissent au mieux les particularités de leur territoire.

Nous avons aujourd’hui devant nous de nombreux enjeux et en tant que parlementaires, nous devons aider les élus locaux à agir. Il s’agit tout d’abord de leur donner par la loi de nouveaux outils, par exemple dans le domaine de la planification urbaine. Il s’agit aussi de doter les collectivités de nouveaux moyens financiers, au nord comme au sud. En Europe par exemple les réseaux d’autorités locales se mobilisent pour capter, pour l’action climatique locale, une part de la recette de la mise aux enchères des permis d’émissions de CO2. Pour les grandes villes des pays en développement, le lobbying de CGLU a permis la reconnaissance de l’action intégrée des villes (city-wide programme) dans des projets pouvant être financés  dans le cadre des mécanismes de développement propre. Nous défendons enfin, pour permettre aussi le financement des actions rurales, la mise en route de programmes de type  «  NAMAS sub-nationaux ». Trouver des financements pour le développement durable des territoires du sud est pour nous une priorité, et nous sommes convaincus que ce sont demain les actions qui marieront atténuation et adaptation qui trouveront le plus facilement les financements adéquats.

En introduction à cette session une collègue du Bangladesh évoquait la nécessité de penser différemment, et je la rejoins dans cette idée que nous ne résoudrons la crise climatique que par une approche différente. En tant que parlementaire, nous avons ici un rôle important  à jouer. Je pense que l’échec de Copenhague est venu d’une approche trop sectorielle, trop centrée sur les questions climatiques, sans réelle intégration des autres enjeux de la régulation mondiale : organisation des échanges économiques, régulations financières…  En tant que parlementaires, nous nous devons d’avoir une vision globale de ces questions, car nous devons nous prononcer et voter des lois sur tous les sujets. C’est une force et nous devons la mettre au service de la recherche de ce nécessaire accord mondial, légalement contraignant, qui semble si loin aujourd’hui. En tant que parlementaires, nous ne sommes pas l’exécutif, nous ne sommes pas ici à Durban seulement les portes paroles de nos gouvernements respectifs. En étant dans cette enceinte, en capacité d’entendre et de comprendre les besoins et les difficultés  des autres parties, nous pouvons participer à la définition de ce point d’accord et d’équilibre mondial, environnemental, économique et social, socle sans lequel  un accord sur la question climatique est quasi impossible.

Il y a deux organisations internationales qui regroupent des hommes et femmes politiques du monde entier : l’Union interparlementaire et les réseaux de collectivités locales. Leur parole quand elle est unie, peut influencer les ministres et les présidents. Notre action peut donc être importante et nécessite  la coopération dans cette négociation internationale entre ces deux niveaux, qui devrait d’ailleurs avoir dans la négociation le même statut gouvernementale. Nous demandons en tant qu’autorités locales, ce statut gouvernemental car nous sommes encore classes aujourd’hui comme « société civile » par l’ONU.

Chers amis, si nous sommes ici c’est que nous sommes convaincus de l’urgence climatique. Notre parole peut porter, nous devons donc nous faire entendre par les gouvernements nationaux, pour que Durban ouvre la voie d’un accord à la hauteur des enjeux du XXIème siècle.

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