Alerte sur la sûreté des installations nucléaires française : 7 mises en demeure en 3 mois !

A la suite de la catastrophe de Fukushima, le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN)
avait rappelé une évidence : « le risque zéro en matière nucléaire n’existe pas ». Ce rappel était
important puisqu’à l’inverse, EDF n’a jamais arrêté de communiquer sur le fait qu’un accident
nucléaire était impossible en France et, claironne depuis peu que ses centrales pourront prolonger
leur activité jusqu’à 60 ans !

Pourtant, Fukushima a mis fin à la rengaine très française selon laquelle « un accident majeur type
Tchernobyl serait impossible chez nous ». Non seulement le risque nucléaire existe bel et bien dans
l’hexagone, mais il est même « fortement probable » d’après le physicien nucléaire et
polytechnicien Bernard Laponche en raison du nombre d’installations nucléaires et de leurs
dégradations dues notamment à leur vieillissement.

A la suite de Fukushima, une évaluation partielle (les « ECS »), portant seulement sur le risque
sismique et d’inondation, a été effectuée sur le parc français et des prescriptions de travaux
complémentaires ont été édictées. L’ASN précisait en juin 2012 que « les mesures prises vont
conduire à un renforcement significatif des marges de sûreté » et que « ces décisions imposent aux
exploitants des travaux considérables » d’ici fin 2012 notamment.

Depuis le début de l’année 2013, de nombreux élus EELV membres des Commissions Locales
d’Information (CLI) auprès des centrales ont demandé par écrit à l’ASN son analyse des mesures
prises par EDF. Nous n’avons toujours pas de réponse à nos questions.

Le silence de l’ASN sur la réalité de la mise en œuvre de ces prescriptions, accroit nos inquiétudes.
Car il apparaît que la sûreté du parc nucléaire français se dégrade d’année en année. 2012 a déjà été
une année record pour le nombre d’incidents déclarés. Mais l’année 2013 commence encore
beaucoup plus mal. Non seulement, le nombre d’arrêts de sécurité de réacteurs a explosé,
mais l’ASN a déjà délivré 7 mises en demeure aux exploitants nucléaires en 3 mois … autant
que pendant l’ensemble de l’année 2012 ! Dans l’échelle de sanction de l’ASN, une mise en
demeure est pourtant une procédure grave dont le non-respect peut entrainer des sanctions pénales
et de fortes amendes financières.

Au-delà, des incidents déclarés, des arrêts de réacteurs et des mises en demeure de l’ASN, le travail
qu’effectuent les associations et les élus écologistes au sein des CLI montre que ces chiffres
correspondent bien à une réelle dégradation de notre parc nucléaire. Un chiffre pourrait résumer
la situation des 19 centrales nucléaires françaises : elles n’ont jamais obtenu un taux de
disponibilité aussi bas qu’en 2012, année où, paradoxe emblématique de l’impasse nucléaire, la
France a du importer au prix fort de l’électricité produite en Allemagne qui a engagé une sortie
complète du nucléaire ! En 2013, ce taux de disponibilité sera probablement encore plus bas.

Malgré cette situation, inquiétante, l’ASN indique dans son dernier rapport sur l’état de la sûreté
nucléaire en 2012 que « l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection est resté globalement
assez satisfaisant en France ». Ce langage, très diplomatique, marque néanmoins un retrait puisque
jusqu’à cette année l’ASN a toujours considéré la sûreté comme « satisfaisante ». Le rajout de
« globalement assez » masque des disparités et même « un nombre trop important d’anomalies » sur
la maintenance des centrales.

Pour les élus EELV membres des CLI, l’augmentation du nombre d’incidents n’est plus
acceptable. Il est donc temps que l’ASN joue réellement son rôle de « gendarme », d’une part,
en utilisant davantage ses pouvoirs de sanctions déjà prévus par la législation. D’autre part,
par un renforcement de ses prérogatives qui nécessitera sans doute une nouvelle loi sur la
sûreté nucléaire et l’information des citoyens.

Dans ce contexte, le lobbying d’EDF et d’AREVA pour prolonger l’activité des centrales
jusqu’à 60 ans est une démarche irresponsable et scandaleuse tant la vétusté du parc va
augmenter d’année en année la probabilité d’un accident majeur en France. Malheureusement,
l’ASN qui n’a jamais assumé son rôle d’information jusqu’à remettre en cause la propagande
mensongère du lobby nucléaire, se contente d’indiquer, par la voie de son président Pierre-Franck
Chevet, qu’« il faut aussi prendre en compte le fait que les centrales nucléaires ont une durée de vie
limitée, dont la prévision est difficile » … sans jamais rappeler à l’ordre EDF qui communique à
gros moyens pour dire l’inverse !

Ce coup de force d’EDF, visant à imposer comme un fait acquis la prolongation des centrales du
parc français, constitue pourtant une impasse économique car il impliquerait des investissements
astronomiques pour la sûreté. Enfin, s’il était confirmé, il serait aussi clairement anti-démocratique
car une décision aussi lourde de conséquences ne peut appartenir qu’aux citoyens. A ce titre, nous
souhaitons que le grand débat national qui démarre sur la transition énergétique, puisse
associer pleinement les français-e-s en les éclairant, sans désinformation, sur les différents
scénarios possibles et toutes leurs conséquences à long terme.

La coordination des élus EELV membres des Commissions Locales d’Informations des
installations nucléaires.

Contact presse : Olivier BERTRAND / 06 80 22 26 49.
Conseiller général de l’Isère et membre de la CLI de Saint Alban.

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