Visite de la Maison d’Arrêt de Besançon : Premières impressions d’Eric Alauzet.

Eric Alauzet et Barbara Romagnan, députée de la 1ère circonscription du Doubs, ont utilisé leur droit de visite des établissements pénitentiaires en se rendant une nouvelle fois lundi dernier à la Maison d’Arrêt de Besançon.

 

Premières impressions d’Eric Alauzet.

Derrière la dureté du lieu et de toutes les affaires parfois dramatiques qui ont conduit tant de personnes à la réclusion, ce qui frappe, après trois heures passées à « déambuler » et à échanger avec les uns et les autres au cœur de la prison de la rue Pergaud à Besançon, c’est finalement l’ambiance apparemment paisible du lieu.

La Directrice parle même de « famille » pour traduire les relations qu’entretiennent les uns et les autres. Inévitablement, ce contact quotidien crée des liens, comme au sein d’un quartier voire d’une famille. Entre les prisonniers eux-mêmes – certes le caïdat s’y développe– mais aussi entre les prisonniers et leur surveillants.

En réalité, après  les actes violents qui les ont conduits à l’enfermement, et entre les rares épisodes d’accrochage ou de rébellion dans l’enceinte de la prison, les prisonniers aspirent en réalité à la tranquillité. Les surveillants doivent également se garder d’instaurer une pression permanente, pour maintenir le calme, pour se protéger d’un stress qui serait sinon insupportable. Pas de portes qui claquent, pas de cris, nombreux la plupart des prisonniers circulent sans contrainte à certaines heures dans l’espace qui leur est dédié, quelques mots s’échangent entre les uns et les autres,… On aperçoit néanmoins dans la cour un détenu, confiné à l’espace restreint de ceux qui sont assignés au quartier de sécurité (le « mitard », le « gnouf »…), qui harangue un de ses codétenus à travers les grilles qui les séparent.

On échange un moment avec monsieur X qui fréquente régulièrement l’atelier de médiation où il peut côtoyer et caresser un chien. « Quand je suis ici, je vais bien » nous confie-t-il.

MA

Le moment le plus fort et peut être le plus gênant aura été de courte durée, lorsque nous avons traversé la salle de visite, le fameux parloir. Les visiteurs ne sont pas séparés du détenu par un obstacle, ils échangent dans le même box, isolés des autres groupes par une simple paroi en verre, qui en réalité ne sépare l’espace ni visuellement, ni phoniquement.

C’est d’ailleurs lors de ces visites que l’introduction ou la sortie d’objets de toute nature peut s’effectuer, c’est donc un lieu extrêmement sensible. Notre passage rapide aura néanmoins permis de percevoir une ambiance et d’observer furtivement les uns et les autres, ici un détenu en discussion avec un autre homme sans qu’on devine lequel des deux réside sur place, là deux ou trois familles autour de leur fils, frère ou mari, ou encore deux jeunes couples à qui on ne peut guère en vouloir de flirter avec les limites de la décence. Malheureusement, l’institution pénitentiaire n’échappe pas aux difficultés budgétaires et n’a toujours pas trouvé les moyens d’installer un lieu d’intimité. Quand on pense que certains prisonniers, privés de sorties, peuvent rester des années sans bénéficier de moments privilégiés avec leur compagnon ou leur compagne !

La visite des salles de classe et du secteur des mineurs n’a pas permis d’entrer en contact avec ces jeunes, mais d’apprendre que l’un d’entre eux venait d’y fêter ses quinze ans !

Un dernier échange dans le bureau de la Directrice, que l’on remercie chaleureusement ainsi que ses collaborateurs pour leur engagement, a permis d’évoquer la question difficile de la sortie pour constater les carences et la faiblesse du dispositif. Un discours humaniste de la Directrice qui décrit la situation de celles et ceux qui, parfois du jour au lendemain – et ce n’est pas qu’une formule –, se retrouvent à la rue sans repère et sans argent, dans le désarroi le plus total voire une détresse absolue,… avec le risque de récidive.

Dans la confrontation qui oppose souvent brutalement la police et la justice pour juger de l’efficacité de notre système sécuritaire, le débat et la société gagneraient à entendre les représentants de l’institution pénitentiaire. Trop de peines non appliquées disent les uns, trop de personnes qui ne devraient pas être emprisonnées disent les autres. S’il faut enfermer ceux qui ont commis des actes violents inadmissibles et protéger la société contre cette violence, on doit sérieusement et légitimement s’interroger sur l’intérêt de l’emprisonnement dans certains cas de figure, qu’il s’agisse d’un délinquant automobile qui a un travail et qui en est peut-être à son quatrième retrait de permis quand il existe des possibilités de l’envoyer en stage dans un centre d’accidentologie ; ou d’un père divorcé qui ne paie pas sa pension, quand les moyens déployés devraient plutôt servir à l’insérer par le travail.

Ces questions ne sont pas simples à résoudre mais méritent d’être soulevées, pour trouver une autre logique de fonctionnement du système pénitentiaire et pallier les conditions actuelles de surpopulation dans les prisons.

Eric ALAUZET

Député du Doubs

 

L’article sur le sujet dans l’Est Républicain :

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/10/13/a-besancon-la-prison-expliquee-aux-deputes

2 commentaires pour “Visite de la Maison d’Arrêt de Besançon : Premières impressions d’Eric Alauzet.”

  1. Monsieur le député,

    Merci pour cette visite et votre compte-rendu.

  2. J’approuve tout à fait la conclusion de ce compte rendu de visite à la prison de Besançon :

    Le débat et la société gagneraient à entendre les représentants de l’institution pénitentiaire. Trop de peines non appliquées disent les uns, trop de personnes qui ne devraient pas être emprisonnées disent les autres(…)
    Ces questions ne sont pas simples à résoudre mais méritent d’être soulevées, pour trouver une autre logique de fonctionnement du système pénitentiaire.

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