Semaine des écolodéputés-ées : Un bien curieux partenariat entre Éducation nationale et lobby industriel du sucre ?

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La semaine des écolodéputés du 10 au 14 février 2014

Transparence et réorientation de la politique française de développement grâce à la Loi Canfin, questions au gouvernement consacrées à la santé environnementale -problématique trop souvent ignorée- : les fondamentaux de l’écologie au coeur de cette semaine parlementaire à l’Assemblée…

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Santé et éducation : Un bien curieux partenariat entre Éducation nationale et lobby industriel du sucre ?

Laurence Abeille a interrogé le ministre de l’éducation sur le curieux partenariat passé récemment entre l’éducation nationale et le CEDUS (lobby des industries sucrières) et qui confie à cet organisme une mission d’éducation nutritionnelle dans les écoles.

Mme Laurence Abeille. Ma question s’adresse au ministre de l’éducation nationale et porte sur l’accord récemment conclu avec le lobby de l’industrie sucrière représenté par le CEDUS, le Centre d’études et de documentation du sucre. Cet accord confie au CEDUS la mission de délivrer pendant cinq ans aux enseignants, aux élèves et à leurs familles une « information sur la nutrition et la santé », c’est-à-dire qu’est confiée à l’industrie du sucre l’information nutritionnelle dans les écoles !

Pour ce faire, l’accord prévoit que le CEDUS « élabore et diffuse des supports d’information », réalise des « actions d’information » ou encore organise des « conférences et [des] visites d’entreprises ». Quelle sera la prochaine étape ? Confier à Monsanto le soin de mener une campagne d’information scolaire sur l’agriculture ?

Rappelons que le CEDUS nie les liens, pourtant scientifiquement démontrés, entre consommation excessive de sucre, diabète, surpoids et cancer ! Outre le fait d’être une aberration sanitaire, ce partenariat est incohérent avec le programme national nutrition-santé, qui vise à limiter la consommation de sucre. L’éducation sanitaire et nutritionnelle est une priorité de notre politique de santé, et cette mission incombe uniquement à l’État et aux organismes publics.

Les informations diffusées par le CEDUS ne sauraient être objectives, puisque le seul rôle d’un lobby est de défendre ses propres intérêts, et, en l’espèce, au mépris des besoins nutritionnels des enfants ! Sur le même point, il serait également nécessaire de revoir les modalités de fonctionnement de la « semaine du goût », confiée en grande partie aux lobbies de l’agroalimentaire, dont le CEDUS.

Alors, monsieur le ministre, comptez-vous suspendre ce partenariat avec l’industrie sucrière et mettre en place un programme d’éducation nutritionnelle cohérent avec les recommandations des autorités sanitaires ?

M. Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale. Madame la députée, je comprends votre interrogation, mais je tiens à vous apporter plusieurs éclaircissements sur les questions que vous avez soulevées, en particulier la nature de cet accord entre l’éducation nationale et le Centre d’études et de documentation du sucre.

Premièrement, je suis favorable, vous le savez, à un rapprochement entre nos filières industrielles, nos filières professionnelles, dont l’excellence est grande, et le monde de l’économie.

Ce sujet concerne 35 000 étudiants qui sont dans ces filières qui honorent l’éducation nationale et qui nous sont d’ailleurs enviées à l’extérieur. Il est utile que nos élèves en apprentissage, en alternance, travaillent avec les professionnels. Cela se fait depuis quarante ans.

Deuxièmement, je ne peux pas vous laisser dire, car c’est totalement inexact même si cela devient une mode vis-à-vis de l’éducation nationale et un mépris à l’égard des enseignants, que le programme nutritionnel serait traité par les industries du sucre. Au contraire, ce programme est entièrement maîtrisé, évidemment, par l’éducation nationale et la convention précise que la mission d’information du Centre d’études et de documentation du sucre doit se plier à toutes les dispositions du Programme national nutrition santé et que les documents et outils pédagogiques diffusés doivent d’abord avoir obtenu le logo du PNNS, qui est, comme vous le savez, indépendant.

Nous nous félicitons du travail avec les industries dans ce domaine comme dans d’autres. Nous respectons ces 35 000 étudiants. Je vous rappelle que ce ne sont pas elles qui font le programme nutritionnel. Enfin, s’il y a manquement à ces engagements, je vérifierai.

Mais cessons d’introduire en permanence, ici comme là, des amalgames honteux à l’égard de l’éducation nationale.

 

 

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