Question Verte : les Rythmes scolaires

A partir d’aujourd’hui, retrouvez l’actualité des députés écologistes à l’Assemblée nationale : Projets et propositions de loi, questions au gouvernement, initiatives, communiqués de presse. Rendez-vous sur :

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Les plats principaux de la session ordinaire qui a repris mardi (retraites et budget) se préparent en commissions. En guise d’entrée dans l’hémicycle : QAG, loi sur la reprise de sites industriels, et divers textes de nature économique ou réglementaire. Les écolodéputé-e-s sont au travail !

Et une interview d’un député sur une question d’actualité : cette semaine : Barbara Pompili, Députée de la Somme, Co-présidente de groupe sur les rythmes scolaires.

bp

 

L’opposition fait de la réforme des rythmes scolaires un cheval de bataille. Les difficultés de mise en œuvre de la réforme l’incitent à demander son report. Qu’en pensez-vous ?

C’est vraiment un comble : la droite n’a que le mot de « réforme » à la bouche.  Mais dès qu’une réforme entre en application, qui bouscule certes des habitudes, elle exige son retrait ou son report !

On a l’impression que la droite découvre l’éducation à l’occasion de ce débat. Et que pour elle, l’éducation se réduit à cette question des rythmes. Or, notre majorité a mis en œuvre un chantier  beaucoup plus vaste qui s’articule autour de priorités ambitieuses. C’est plus de personnels – en mettant fin aux suppressions de postes et en créant de nouveau des emplois dans l’éducation. Ce sont des personnels d’éducation formés – en rétablissant la formation des enseignants. C’est une redéfinition des contenus des programmes scolaires, de la pédagogie, de  la finalité de l’école, qui est de former de futurs citoyens…

Les rythmes scolaires, c’est un élément de ce nouveau dispositif pour l’école, qui voit enfin la mise en place de projets éducatifs de territoire. Ce que demandent les écologistes, c’est encore plus de souplesse et plus de concertation. Parce que c’est en mettant tout le monde autour de la table que l’on pourra rebâtir l’école : les équipes de l’éducation nationale bien sûr, mais aussi les collectivités territoriales, les parents, l’ensemble des personnels travaillant avec les enfants (associations culturelles, artistiques, sportives …) et aussi le personnel médico-social.

La France vit un paradoxe : des moyens importants mis dans l’éducation – on les renforce, car c’est nécessaire-, mais des résultats en baisse par rapport aux pays voisins. Un nombre d’heure d’enseignements par an considérable (10% de plus que dans la moyenne européenne), avec un nombre de jours de classe très faible (144 de jours de classe par an, contre 187 en moyenne dans l’OCDE.)

C’est pour répondre à ce paradoxe qu’on a mis en route cette réforme des rythmes. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit : des apprentissages trop concentrés, qui conduisent à l’échec scolaire et à la souffrance d’une partie des enfants.

 

Mais dans certaines villes, on voit bien que ça coince, que des parents ou des enseignants protestent. Des maires se plaignent du coût supporté par les collectivités…

La réforme des rythmes scolaires, c’est une démarche qui consiste à permettre aux acteurs de s’organiser en fonction des réalités du terrain. Certes, cela bouscule des habitudes, mais c’est    indispensable. Certes, cela suppose des calages, des évolutions. Mais on a compris depuis longtemps que les réformes clé en main, imposées depuis un ministère, notamment en matière éducative, ça    ne marche pas.

La réforme des rythmes doit s’étaler sur deux ans : en 2013 et en 2014. En 2013, ce sont 4000 communes qui ont décidé d’appliquer la réforme dès la première année. Est-ce facile ? non, bien sûr. Notamment parce que la démarche est assez inédite, puisqu’elle contraint à l’imagination et à l’expérimentation – ce qui n’est pas le plus répandu dans la culture politico-administrative française ! Mais on doit apprendre à évaluer et à adapter en permanence, sinon on ne changera rien dans ce pays.

Concernant les coûts, un fonds d’amorçage a été créé pour les communes qui mettent la réforme en œuvre dès la rentrée 2013. Les écologistes plaident pour une pérennisation de l’aide car toutes les communes n’ont pas les mêmes moyens (après 2013 il est prévu que ce soit la CNAF qui prenne le relai). Mais les coûts annoncés par la droite cette semaine dans l’hémicycle sont aberrants. A    entendre Copé, je me suis dit qu’il devait passer aussi peu de temps à gérer ces questions dans sa mairie qu’à travailler en commission éducation, où il a siégé 4 fois en un an, et n’est jamais intervenu !

En vérité, on a là une question que la droite a décidé de traiter de manière politicienne en vue des municipales, alors qu’il s’agit de l’avenir des enfants. C’est déplorable.

Donc, la position des écologistes c’est ni changement de rythme dans la réforme, ni report ?

Autant il serait absurde de nier les difficultés, qui sont inhérentes à tout changement, autant il est indispensable que l’Etat et les collectivités garantissent des activités de loisirs et de détente gratuites et de qualité pour les enfants en dehors du temps scolaire, autant il serait inacceptable de remettre en cause une réforme qui n’en est qu’à sa première étape – par définition, la plus délicate à mettre en œuvre. Mettre tous les acteurs autour d’une même table, identifier les problèmes posés, les erreurs d’organisation peut-être parfois – on apprend autant de ses erreurs que de ses réussites – imaginer des actions correctives : c’est un exercice démocratique et citoyen indispensable ! Un exercice qui suppose une pratique du pouvoir municipal repensée, non technocratique, attentive aux remontées de terrain, réellement participative : c’est là aussi un enjeu des prochains scrutins, pour les écologistes.

Et ce sera payant, à condition que chacun joue le jeu, et que des acteurs, je pense notamment à des élus locaux, ne jouent pas avec les peurs au détriment de l’intérêt des élèves ou ne nient pas les difficultés quand elles existent.

Notre position, c’est donc : réalisme et pragmatisme dans la mise en œuvre d’une réforme nécessaire. Tellement nécessaire que la commission nommée par Luc Chatel avait préconisé elle-même ce retour aux 5 jours et que Xavier Bertrand à l’époque – il y a 18 mois de cela ! – en défendait l’idée !

Mais pour répondre de manière générale, j’ai franchement le sentiment que notre pays et la majorité ne souffrent pas d’un excès de réformes, mais bien des lourdeurs, des oppositions et des freins qui s’expriment… Sur la question de l’organisation de l’année scolaire et la durée des vacances par exemple, nous souhaitons que Vincent Peillon ait les moyens de changer réellement les choses.

Sur ces sujets comme sur beaucoup d’autres, au premier rang des réformistes, il y a les écologistes !

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