Motion FN « communes sans migrants » : « la droite bisontine s’enfonce ».

Au cours de la séance du conseil municipal de Besançon du 7 novembre dernier, les élus Les Républicains et un élu UDI ont abandonné leurs sièges au moment du vote d’une motion du Front National « Communes sans migrants ».

Cette motion a été rejetée par la majorité de gauche, le Modem et une élue UDI. Une motion, comme l’a indiquée Éric Alauzet, « grossière », partageant les propos lors de la séance d’Anne Vignot, Adjointe au maire, présidente du groupe écologiste : « une honte (…) alors qu’en ce moment même, des enfants meurent sous les bombes à Alep ou Mossoul, des familles sont affamées, les opposants politiques assassinés … ».

 

Suite à cette « fuite » des élus de droite, le député du Doubs et conseiller municipal a tenu à réagir dès le lendemain : « Quelle honte pour les élus LR de déserter le conseil municipal au moment de voter la motion FN « communes sans migrants » ! Qui se défile … consent ou conteste ? Dans un cas comme dans l’autre, l’attitude est pitoyable, lâche, pleutre, indigne et à l’opposé des principes républicains. Cet acte de mépris pour les institutions de la République appelle une condamnation sévère par les bisontins ».

Le groupe des élus EELV et le groupe de la majorité municipale ont réagi par communiqués (ci-dessous) qualifiant l’absence des élus de l’opposition de « grave et symbolique » et de « déni de démocratie et (de) fissure Républicaine inédite à Besançon ».

Messieurs Grosperrin et Gonon, respectivement chef de file des groupes LR et UDI, ont ensuite tenté de se justifier en ne faisant en réalité qu’aggraver les soupçons qui planaient sur leur ambiguïté vis à vis des thèses d’extrême droite.

Pour Éric Alauzet: « Jusqu’à leur mise au point récente, on pouvait encore s’interroger sur le sens profond de cette attitude affligeante. S’agissait-il pour eux de ne pas assumer que Besançon et l’Agglomération prennent leur part dans l’accueil des réfugiés issus de Calais ou en provenance directe des zones de guerre  – soit quelques dizaines de personnes – ou au contraire de ne pas oser afficher leur accord face à un FN qu’il faudrait préserver en vue de prochaines échéances électorales ? »

« L’espace d’une phrase et d’un instant (dans leurs défenses) on aurait pu croire que la seconde option tenait la corde quand les deux « courageux »  ont voulu « (réaffirmer) haut et fort le principe de solidarité avec les réfugiés fuyant les zones de guerre et violences ». Malheureusement, dans la phrase suivante, les deux leaders de la droite locale se sont immédiatement récriés en faisant le procès à la : « majorité (de nier) les évidences et (de méconnaître) la réalité des préoccupations quotidiennes des Bisontins : sécurité, impôts, logements, transports… » »

Et le député de conclure : « Désormais, nous sommes fixés, car pour eux le lien est évident entre quelques dizaines de réfugiés et les « supposés » problèmes de Besançon ».

« Il faut affirmer que nous ne céderons pas au discours de rejet, dire nettement et sans détour que chaque territoire, Besançon comme les autres, prendra sa part dans l’accueil des réfugiés et s’en honorera. »

 

 

Communiqué de Presse du Groupe local EELV

Le lundi 7 novembre 2016, lors du Conseil municipal de Besançon, le FN a déposé un vœu « Pour une ville sans migrant ». Ce  vœu FN a été rejeté : n’ayant obtenu que 2 voix. Néanmoins il faut souligner, car l’acte est suffisamment grave et symbolique, que les élus d’opposition du parti « Les Républicains », dont le Sénateur Jacques Grosperrin et les vices –présidents du Conseil départemental du Doubs, Ludovic Fagaut et Philippe Gonon ont quitté la salle avant la mise au vote du vœu. Cela signifie-t-il qu’ils cautionnent le vœu du FN mais qu’ils n’avaient pas le courage d’assumer cette position ? En effet si tous les élus avaient eu la même attitude, le vœu serait passé même avec les deux seuls voix des élus FN! Quitter la salle à ce moment-là n’est pas digne d’élus municipaux prétendument républicains

 

 Ci-dessous : l’intervention d’Anne Vignot présidente du groupe municipal des élus EELV :

Intervention Anne Vignot

« A votre avis, qui dans cette salle n’a pas été migrant dans son histoire familiale ou dans son sang ?

Quelle nation n’est pas faite de ces carrefours migratoires ?

Quel rôle voulez-vous vous arroger pour décider de qui devrait pouvoir entrer sur la commune ou non ? Au nom de quel droit l’interdiriez-vous ?

Que pensez-vous faire de toute l’histoire française, celle dont on est si fière dans le monde entier, celles de l’écriture des droits et des libertés ?

Voilà plus de deux siècles, la République se définissait ouverte et accueillante. Votre pensée est moyen-âgeuse. Que craigniez-vous ?

Dans l’histoire, aucune catastrophe naturelle, guerrière, économique… en déclenchant des migrations n’a jamais anéanti aucune ville sinon celle qui a été abandonnée.

Mais surtout alors qu’en ce moment même, des enfants meurent sous les bombes à Alep ou Mossoul, des familles sont affamées, les opposants politiques assassinés en Syrie, au Soudan ou en Erythrée, votre motion est une honte.

Quand ce sont plus de 11 000 personnes qui ont péri en Méditerranée au cours des deux dernières années, croyez-vous vraiment qu’ils aient été mus par le désir de migrer ou plutot et malheureusement de n’avoir que le droit de survivre et d’espérer vivre.

Que dire des migrants qui seront poussés hors de leur territoire par le dérèglement climatique et qui actuellement n’ont pas de statut reconnu alors qu’ils sont évalués à plusieurs dizaines de millions déplacées, dès à présent et durant les prochaines décennies.

L’irresponsabilité serait de ne pas être en capacité de cet accueil.

Votre motion cultive la peur, la haine de l’étranger alors que les êtres humains ont en eux, la capacité à s’élever, la capacité d’empathie et de fraternité.

C’est donc un mur que vous souhaitez ériger entre les gens, ceux que vous choisissez et les autres, ceux que vous dénommés migrants ?

Comment un mur pourrait constituer une solution au problème de l’urgence sociale, économique, géopolitique et climatique. Car l’urgence aujourd’hui est bien d’apporter des solutions aux réels problèmes.

Un élu ne peut considérer l’exclusion comme une solution. C’est un échec, un aveu de faiblesse.

Cette motion, c’est nier les capacités de la France et des français, c’est renier les valeurs républicaines : la liberté, l’égalité et la fraternité. »

Anne Vignot

 

Communiqué de Presse du Groupe majoritaire au Conseil municipal

Lors du dernier Conseil municipal du 7 novembre 2016, un fait aussi inédit que grave s’est déroulé en fin de séance.

Un déni de démocratie et une fissure Républicaine inédite à Besançon.

En effet, alors que l’assemblée municipale s’apprêtait à évoquer la motion soumise par le Front National qui abordait sans ambiguïté, au travers de la thématique des migrants, des idées de rejet et de haine, le groupe « Les Républicains » ainsi qu’une partie du groupe « UDI » a choisi de quitter la salle, sans aucune autre explication que « on vous laisse entre vous ». En dépit de plusieurs demandes de justification, aucun autre argument n’a été avancé.

Nous avons vécu hier soir un déni de démocratie et une fissure Républicaine inédite à Besançon. Le principe du « courage…fuyons » est inacceptable quand des propos insoutenables sont portés par le FN et font l’objet d’un débat public qui permet de le combattre.

Ces postures sont insupportables et démontrent surtout que les calculs politiciens sont plus forts que les convictions de la part de cette droite bisontine qui a clairement choisi le refus du combat des idées du FN.

Décryptage

La droite bisontine se trouve bien embarrassée face à une motion du FN pourtant transparente ! Pourquoi ? Par simple calcul tristement politicien : s’y opposer en apportant des arguments de fond, c’est prendre le risque de ne plus être dans la ligne ambiguë du discours toujours plus dangereusement droitier. L’accepter, c’est bien évidemment renier au grand jour des valeurs portées comme un étendard de vertu…sauf quand il faut s’y opposer publiquement et sans ambiguïté.

Conclusion : dans ce type de combat, ne pas s’opposer c’est honteusement adopter le discours haineux du FN!

A ce titre, je veux saluer l’attitude des élus du groupe Modem, ainsi que celle d’une élue du groupe UDI, qui ont choisi de se dissocier de leurs partenaires politiques pour rester et expliquer leur vote d’opposition à cette motion (article 6 du règlement intérieur).

Une plaie ouverte pour Besançon

Cet épisode laissera une plaie ouverte au sein du Conseil municipal et dans notre ville. Nous avions illusion de partager des valeurs républicaines entre la droite et la gauche pour mieux combattre le FN. Hier, malheureusement, l’attitude de 8 élus de droite a mis au grand jour leur cynisme et leur manque de courage face à cette motion insultante pour nos valeurs républicaines, insultante pour tous les étrangers qui ont défendu notre pays au cours des différents conflits jusqu’au sacrifice suprême et dont le nom s’égrènent sur nos lieux de mémoire, insultante aussi pour tous ces immigrés venus d’Italie, d’Espagne, du Maghreb, de Pologne, du Chili, d’Asie… qui ont tant apporté à la France. Que serions-nous en effet sans Marie Skłodowska-Curie, sans Ivo Livi dit Yves Montant, sans Shahnourh Varinag Aznavourian dit Charles Aznavour, sans Raymond Kopaszewski dit Raymond Kopa, sans Wilhelm Apollinaris de Kostrowitski dit Guillaume Apollinaire … ?

Fort heureusement cette motion a été balayée par un vote unanime de la gauche unie et 3 élus de la droite.

 

Jean-Louis Fousseret

Maire de Besançon

Abdel Ghezali

Président du Groupe Majoritaire et du Groupe socialiste et Républicain

Anne Vignot 

Président du Groupe EELV

Thibaut Bize

Président du Groupe communiste

Frédéric Allemann

Président du Groupe Société Civile

 

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