Le plan national « France terre de pollinisateurs » pas à la hauteur des enjeux !
Le gouvernement a présenté un plan d’action en faveur des abeilles et des pollinisateurs « France terre de pollinisateurs » qui vise à enrayer la perte d’espèces de pollinisateurs et à susciter la mobilisation des acteurs. Ces pollinisateurs rendent des services estimés à 1,5 milliard d’euros par an en France. Voir ci-dessous.
Laurence Abeille, députée du Val-de-Marne, Brigitte Allain, députée de Dordogne et Joël Labbé, sénateur du Morbihan, tout en saluant l’initiative, ont regretté que ce plan « n’est pas à la hauteur des enjeux. »
Communiqué de presse – Paris, le 20 mai 2015
Le plan national d’action du gouvernement en faveur des abeilles et des pollinisateurs « France terre de pollinisateurs » ne soit pas à la hauteur des enjeux.
Le gouvernement se limite à la mise en place de zones où la biodiversité serait préservée, en laissant de côté la majeure partie du territoire. C’est un plan qui va à l’encontre de la logique du projet de loi biodiversité défendu par la Ministre de l’écologie. Ce projet de loi vise en effet à préserver la biodiversité ordinaire sur l’ensemble du territoire, et ainsi sortir d’une logique de « réserves » qui protègent certains territoires en laissant les autres sous le coup des multiples pollutions.
En ce qui concerne les pesticides néonicotinoïdes, alors que les études convergent toutes dans le même sens pour dire qu’ils représentent un fléau pour la biodiversité, sont néfastes pour la santé humaine et n’apportent pas de bénéfice avérés pour l’agriculture, l’Assemblée nationale a voté l’interdiction définitive de ces substances hautement toxiques au 1er janvier 2016 sur l’ensemble du territoire français. Le gouvernement se doit de respecter le vote parlementaire. Aussi les écologistes défendront le maintien de cet article lors du passage de la loi biodiversité au Sénat.
On peut se réjouir, tout de même, de l’engagement de la France, par la voix de la ministre de l’écologie, d’initier la démarche d’extension du moratoire européen sur l’ensemble des pesticides néonicotinoïdes, conformément à la résolution que Joël Labbé avait porté au Sénat le 4 février dernier. Une interdiction totale votée par le parlement français sera d’ailleurs un argument de poids pour le gouvernement face à nos partenaires européens.
Laurence Abeille, députée du Val-de-Marne, Brigitte Allain, députée de Dordogne et Joël Labbé, sénateur du Morbihan
Plan national d’actions « France, terre de pollinisateurs »
La pollinisation est vitale
Le déclin des abeilles et autres insectes pollinisateurs sauvages ( Hyménoptères : abeilles, bourdons, guêpes … ; Diptères : syrphes, mouches … ; Lépidoptères : papillons ; Coléoptères : scarabées, coccinelles …) est incontestable. Même si la chute des effectifs est plus ou moins marquée selon les espèces.
Les causes du dépérissement des insectes pollinisateurs sauvages sont multiples, et insuffisamment expliquées aujourd’hui. Mais, l’homme, en dégradant leurs habitats et en détruisant les espèces de plantes à fleurs qui constituent leurs ressources alimentaires, pourrait en être largement responsable.
Ces insectes rendent pourtant un service écologique inestimable à la reproduction d’une grande partie des plantes à fleurs sauvages ou cultivées : environ 70% des plantes à fleurs sauvages et cultivées en France métropolitaine et 80% des cultures dans le monde (soit 35% du tonnage que nous mangeons) dépendent fortement de la pollinisation par ces insectes.
On estime que la pollinisation représente une valeur économique d’1,5 milliard d’euros par an en France.
Un plan pour connaître, diffuser les bonnes pratiques et mobiliser les acteurs
Aussi, ce plan propose-t-il une vingtaine d’actions visant à mieux connaître les insectes pollinisateurs et la pollinisation, et également à promouvoir de bonnes pratiques dans tous les espaces fleuris et dans tous les secteurs concernés, notamment les territoires ruraux et forestiers, les espaces protégés (parcs naturels régionaux) et même les territoires urbains.
L’appropriation de ces bonnes pratiques, leur mise en œuvre favorisée par des actions de communication et de sensibilisation des gestionnaires d’espaces, mais aussi du simple particulier, sont une condition de réussite de ce plan.
Abeilles en ville : un exemple de mobilisation
La diffusion du guide issu du programme européen Urbanbees (les abeilles en ville), que le Ministère de l’Ecologie a co-financé, est un des exemples de mobilisation, voulu dans plan d’actions pour la protection des insectes pollinisateurs.
Il est l’aboutissement d’un remarquable travail qui s’est déroulé de janvier 2010 à mars 2015, dans lequel la Région Rhône Alpes et la métropole du Grand Lyon se sont activement engagées avec l’INRA, l’Institut national de la recherche agronomique, et l’association Arthropologia.
Le dossier de présentation :