Interpellation de Léonarda Dibrani : Communiqué d’Eric Alauzet
Suite à l’écho médiatique et politique de l’interpellation de Léonarda Dibrani et de sa famille le 9 octobre dernier, Eric Alauzet a publié aujourd’hui un communiqué.
Communiqué de Presse
Besançon, le 17 octobre 2013,
Interpellation de Léonarda : « Il est grand temps d’apaiser la société et que la France et l’Europe dégagent des solutions sur le devenir des populations concernées »
Les conditions dans lesquelles la jeune Léonarda Dibrani, collégienne de 15 ans, et sa famille kosovare ont fait l’objet d’une reconduite aux frontières, sont désastreuses et ont provoqué ces dernières heures, à juste titre, une vive émotion.
Cet épisode constitue un véritable drame humain, pour elle et pour l’ensemble de sa famille, ses camarades de classe et la communauté éducative. Grâce à la solidarité et au travail des militants du comité de soutien aux sans-papiers, cette famille avait tenté toutes les démarches et tous les recours afin d’obtenir le droit de rester en France, où elle réside depuis 4 ans, sans succès.
J’ai suivi avec attention et soutenu ces démarches. Et face à l’angoisse de la séparation de la famille, dans la perspective d’une expulsion imminente, je suis intervenu, en concertation avec les associations soutenant la famille, de manière à ce que, si expulsion il y avait, la réunion de la famille au Kosovo soit assurée. Cette attention préalable à leur égard, je l’ai jugée indispensable au respect de la dignité qui est due à toute personne.
La circulaire du 28 novembre 2012 a instauré de nouveaux critères de régularisation et la famille Dibrani était sur le point de les réunir d’ici à quelques semaines, l’intégration sociale et notamment scolaire paraissant acquise.
Il est donc regrettable que cette famille ait été expulsée alors même qu’elle aurait pu être régularisée dans quelques semaines.
L’expulsion a malheureusement dérapé et une faute a été commise lorsque Léonarda a été interpellée lors d’une sortie scolaire, alors que la République française fait de l’école un lieu sanctuarisé. De plus la France est signataire de la convention internationale des droits de l’enfant et se doit donc de placer l’intérêt supérieur de l’enfant au cœur de ces décisions.
Le Premier Ministre a annoncé qu’une enquête administrative était diligentée par le gouvernement et je rejoins les termes de sa déclaration ce mercredi devant la représentation nationale : « Je suis très attaché au principe du droit mais la base de l’Etat républicain, c’est aussi la fraternité et l’humanité. Je prendrai toutes les responsabilités qui s’imposeront le moment venu. S’il y a eu faute, l’arrêté de reconduite à la frontière sera annulé. Cette famille reviendra pour que sa situation soit réexaminée », s’est-il engagé.
Dans cette période difficile ou des populations entières, notamment les étrangers, sont stigmatisées, où règne un climat délétère, d’intolérance et de rejet, il est essentiel de reprendre ses esprits et de garder son sang-froid, d’analyser objectivement les situations et de retrouver le respect mutuel. La tentation croissante est de condamner sans instruire. Notre responsabilité d’élus est de contribuer à rendre le débat plus serein, plus réfléchi, plus retenu, y compris et surtout quand les questions sont graves et les faits condamnables. C’est une nécessité impérieuse pour faire reculer l’extrémisme qui se nourrit de l’émotion populaire.
Aussi, compte tenu des éléments objectifs dont je dispose, il faut se garder d’incriminer qui que ce soit. L’enquête dira ce qu’il en est réellement.
Cette expulsion relance la question de l’accueil des populations venues des pays en souffrance, et notamment des Roms, dans une période difficile d’un point de vue économique. Ces populations sont trop souvent stigmatisées alors que derrière chaque famille c’est une histoire et un parcours de vie qu’il faut entendre et accompagner. Il est grand temps que la France et l’Europe dégagent des solutions sur leur devenir et leur redonnent humainement une place sur notre continent.
Eric ALAUZET
Député du Doubs
L’interview dans Libération.fr – 17 octobre :
L’émission « la Matinale du Mouv’ – 18 octobre (à partir de 8h10) :
merci Eric pour ce communiqué que je partage complètement! Je suis particulièrement attachée à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant et à son respect partout dans le monde, à plus forte raison ici , en France!