Intelligence artificielle : « faire de la France un leader »

A l’occasion de la conférence AI for Humanity au Collège de France, le Président de la République a exposé les ambitions et la stratégie de la France en matière d’intelligence artificielle.

Le développement de l’intelligence artificielle (IA) est une priorité qu’a affirmée très tôt le Président de la République, en confiant à Cédric Villani une mission pour préparer le socle d’une stratégie française en la matière.

Bien plus qu’un domaine de recherche, l’IA est l’une des clés du monde à venir. C’est « une révolution technologique, mais aussi économique, sociale, éthique et [donc] politique« , a expliqué Emmanuel Macron. Sa maîtrise est donc un enjeu fort de souveraineté. Les États-Unis, la Chine, sont déjà pleinement engagés dans cette compétition mondiale pour maîtriser cette technologie de rupture. Il n’y a pas de temps à perdre.

  • En termes d’emploi, l’IA va en détruire certains, en créer d’autres, ce qui est sûr, c’est qu’elle va transformer profondément tous les métiers. Et elle peut elle-même apporter une réponse à ces changements, par exemple en améliorant l’efficacité de la formation continue. Il est donc essentiel d’en maîtriser la technologie.
  • Son développement soulève d’importantes questions éthiques (neutralité des algorithmes, utilisation des données privées, ou encore à l’inclusion numérique).
  • La France a de nombreux atouts pour se positionner comme leader, notamment une excellence reconnue en mathématiques et en informatique. De nombreux responsables de la recherche en IA pour les plus grandes entreprises du numérique sont aujourd’hui français.

Pour tirer parti de ces atouts, la stratégie exposée par le Président s’articule autour de 4 défis :

1.  Conforter l’écosystème de l’IA pour attirer les meilleurs talents

  • Mise en place d’un programme national pour l’IA coordonné par l’INRIA;
  • Doublement du nombre d’étudiants formés à l’IA d’ici à la fin du quinquennat ;
  • Renforcement des synergies entre recherche publique et industrie : un chercheur pourra consacrer la moitié de son temps à une entreprise (contre 20% aujourd’hui) ;
  • Création de chaires individuelles pour attirer les meilleurs chercheurs et lancement d’appels à projets pour attirer les meilleurs projets de recherche.

2. Développer une politique d’ouverture des donnéesen particulier dans les secteurs où la France dispose déjà d’un potentiel d’excellence, comme la santé.

  • Poursuite de l’ouverture des données publiques et financées sur fonds publics ;
  • Soutien à la création de plateformes d’échange de données publiques et privées ;
  • Création d’un cadre européen de l’utilisation des données ;
  • Création d’un hub des données de santé dans le cadre sécurisé et anonyme de l’Institut national des données de santé (INDS).

3. Créer un cadre réglementaire et financier favorable à l’émergence de champions de l’IA, à travers un soutien particulier aux projets de recherche et start-up en IA.

  • Adaptation de la réglementation, par exemple pour les véhicules autonomes ;
  • Financement : en France, 1,5Mds€ seront consacrés au soutien de l’IA ; en Europe, la France agira par exemple via la création d’une « DARPA européenne » ;
  • Utilisation de l’IA pour améliorer les politiques publiques, par exemple la formation continue (anticipation des besoins, individualisation des parcours…)

4. Engager une réflexion sur la régulation et l’éthique de l’IA, pour permettre son développement aux meilleurs standards d’acceptabilité pour les citoyens.

  • Soutien à la recherche en sciences humaines sur l’éthique de l’usage ;
  • Publicité de tous les algorithmes utilisés par l’État notamment Parcoursup ;
  • Encouragement de l’ouverture de l’IA à la diversité.

Cette stratégie s’inscrit aussi dans un cadre européen, l’Union européenne ayant vocation à devenir elle-même un grand acteur mondial de l’IA et à porter en ce domaine une voix singulière, distincte de celle des États-Unis ou de la Chine.

En marge de la conférence, plusieurs entreprises ont fait des annonces concernant l’implantation de centres de recherche en IA en France : IBM (400 postes d’ici deux ans), Samsung (100 postes), Fujitsu, et DeepMind. Cela s’ajoute aux annonces déjà faites par Facebook et Google lors du sommet Choose France ! de février dernier. Facebook avait alors annoncé investir 10 M€ pour doubler la taille de son laboratoire français d’IA et en faire le plus grand du monde avec celui de New-York. Et Google avait annoncé investir en France dans la recherche en IA, avec l’ouverture d’un centre de recherche fondamentale.

 

Plus d’information sur le site AI for Humanity .

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