Grèce : Éric Alauzet : « Le pire risque serait celui d’une dérive vers le tout ou rien »
Éric Alauzet, lors de la séance des questions au gouvernement, a interrogé le ministre des finances et des comptes publics, Michel Sapin, sur la crise grecque qui pour le député « précipite l’Europe dans une situation incertaine et dangereuse ».
« Pourtant, il n’y a pas d’autre issue qu’une solution négociée avec les Grecs et avec une Grèce définitivement ancrée au sein de l’Union européenne ». Pour lui « il est essentiel de penser dès maintenant à l’après référendum. Le pire risque serait celui d’une dérive vers le tout ou rien. Chercher l’abdication de la Grèce au motif que son gouvernement ne s’inscrit pas dans l’orthodoxie ultralibérale, ce serait faire payer au peuple grec son choix démocratique ».
« Autrement dit, chacun doit prendre ses responsabilités, la Grèce, les créanciers et l’Union européenne. La responsabilité des Grecs est réelle ; celle des créanciers l’est encore plus, d’abord en ce qui concerne l’étalement de la dette, ensuite pour l’allégement de la dette grecque ».
Et de rappeler que ce sont les créanciers « qui ont spéculé sur la dette souveraine de ce pays au plus fort de la crise ont bénéficié de taux d’intérêt exorbitants et accumulé des sommes indécentes ». « La question, pour eux, du dédommagement de la Grèce et donc de l’effacement d’une partie des intérêts de la dette est par conséquent tout à fait légitime ».
Enfin, cette responsabilité est tout aussi réelle pour assurer les revenus de la Grèce, des revenus pompés par l’optimisation fiscale agressive, quand les créanciers privés la pratiquent et que les créanciers publics la favorisent ou la tolèrent.
« Monsieur le ministre, la France et l’Union européenne sont-elles prêtes à s’engager, dès avant le référendum grec, pour accroître la participation des créanciers à l’équilibre budgétaire de la Grèce ? » « Pourrez-vous répondre favorablement à la demande du groupe écologiste visant à ce que notre assemblée débatte de ce sujet, comme le fait le Parlement allemand ? »
Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics, lui a répondu que les « créanciers », ne sont pas « des spéculateurs qui auraient prêté à la Grèce afin d’essayer de réaliser les meilleurs profits possibles sur le dos des Grecs ». La Grèce est endettée à l’endroit d’institutions publiques, qu’il s’agisse du Fonds monétaire international, de la Banque centrale européenne ou des États. « Les Grecs sont endettés vis-à-vis des autres contribuables de l’Europe qui ont légitimement fait preuve de solidarité afin d’aider la Grèce à traverser des périodes difficiles ».
« Est-ce une raison pour ne rien faire ? Non ! » « Nous avons formulé des propositions pour faire en sorte que le poids de la dette puisse être allégé dans les années qui viennent – qui seront très difficiles – afin que la Grèce puisse retrouver la croissance ».
« Dès lors, monsieur le député, nous avons voulu le dialogue, pendant la négociation, jusqu’au bout et aujourd’hui encore, en ce moment même, c’est le dialogue que nous voulons. Nous le privilégierons, quel que soit le résultat du référendum ».
« Nous serons là pour dialoguer, tendre la main et faire en sorte que la Grèce puisse rester dans la zone euro et dans l’Europe ! »
Séance publique 30 juin 2015 QOG EA Situation de la Grèce.pdf