Dans sa question à l’attention de la ministre de la Culture, le député Eric Alauzet rappelle que « par le passé, nos compatriotes transfrontaliers dans le Doubs et le Jura bénéficiaient de la réception des chaînes de télévision suisse ». L’élu précise : « Le déploiement en Suisse de la TNT associé à une réduction des zones de couverture les prive de cette possibilité sauf à passer par un service payant de type satellite ou réseau câblé. Cette situation, à l’heure de la communication transeuropéenne et francophone est vécue comme une régression pour les habitants à la frontière. Elle est préjudiciable dans la mesure où nos concitoyens transfrontaliers sont tournés vers la Suisse et leur bassin de vie ne connaît pas de frontière ».

L’élu conclut : « Il y a nécessité de modifier la loi sur l’audiovisuel et d’engager un accord franco-suisse sur ce sujet. Quel engagement est-il possible de prendre pour permettre cette réception aux régions frontalières ? ».

Visiblement, il n’a pas l’intention de déposer les armes. Voilà près de quinze ans que Joël Grappin mène son combat : il souhaite que les chaînes publiques de la télévision suisse francophone et la radio suisse romande Couleur 3 émettant depuis Lausanne, puissent être vues et entendue en Franche-Comté.

En aura-t-il rédigé des courriers à la présidente de la Région Franche-Comté (pas encore mariée à la Bourgogne) et aux parlementaires tous bords confondus.

Demeurant à Velesmes-Essarts, Joël Grappin, 47 ans, n’a jamais admis que le CSA distribue à sa convenance les fréquences de la bande FM et exclue Couleur 3 qui a pu être captée dans la région lyonnaise mais ne l’est plus depuis 2008. « Le CSA parisien n’a pas à décider ce que les Bisontins doivent écouter », soulignait-il dans une pétition. Et il estime toujours que les habitants d’une zone frontalière sont plus intéressés par l’écoute d’une radio suisse voisine que par la déclinaison locale d’une radio FM nationale.

En mai 2016, Joël Grappin avait saisi Manuel Valls, premier ministre, qui avait transmis sa demande à Audrey Azoulay. La ministre de la Culture avait eu droit à des questions écrites sur le sujet. Reste que Joël Grappin s’est souvent vu opposer la loi : elle interdit formellement « la détention par des étrangers non ressortissants de l’Union européenne de plus de 20 % du capital ou des droits d’une entreprise titulaire d’une autorisation relative à un service de radiodiffusion sonore par voie hertzienne terrestre assurée en langue française ».

Et par Internet alors ?

Voilà un an, au mois d’août 2016, le Doubien avait eu les honneurs de NZZ, journal de Zürich en langue allemande. Au fil d’un article intitulé « Un Français aime le service public suisse », il expliquait aimer Couleur 3 pour son mélange de plages musicales pop-rock et de séquences d’humour.

Joël Grappin qui a de la suite dans les idées a profité de la présidentielle et des législatives pour saisir les candidats en lice. Emmanuel Macron n’a pas manqué de lui répondre. Là, il relance son combat par le biais des élus régionaux de la nouvelle Assemblée qui, comme leurs prédécesseurs, ne manquent pas de relayer ses demandes. Pourrait-il d’ailleurs en être autrement ?

À cet égard, Marie-Christine Dalloz députée LR (Les Républicains) du Jura et Eric Alauzet député LREM (La République en Marche) de la 2° circonscription du Doubs ont récemment posé chacun une question écrite à Françoise Nyssen, ministre de la Culture. Joël Grappin a aussi reçu les soutiens du sénateur LR de Haute-Saône Michel Raison et du député LREM de la 4° circonscription du Doubs Frédéric Barbier. Reste qu’il serait facile à Joël Grappin d’écouter Couleur 3 sur son site internet ou par le biais d’une webradio. Il se l’est souvent entendu dire et expliquer. Mais peut-être que l’obtention d’une fréquence en France par la radio suisse romande est, à ses yeux, une question de principe.