Communiqué : Pour en finir avec les crises, changeons de politique agricole
COMMUNIQUÉ À LA PRESSE
Paris, le 21 juillet 2015
Pour en finir avec les crises, changeons de politique agricole
Les écologistes sont profondément inquiets de la nouvelle crise des filières d’élevage et alertent sur les réponses court-termistes qui risquent d’être apportées. La crise est profonde : Ce sont 37% d’élevages laitiers qui ont disparu entre 2000 et 2010, et 11,7% de progression des redressements et liquidations judiciaires entre 2013 et 2014.
Les choix successifs des politiques agricoles confortent un type d’agriculture spécialisé, industrialisé et tourné vers l’export. De plus, la fin des outils de marché comme les quotas laitiers, décidée au niveau européen, risque d’entrainer la fin d’un élevage aujourd‘hui réparti sur tous nos territoires.
Derrière ces chiffres, qui ne peuvent décrire toutes les difficultés, nous n’oublions pas que ce sont des femmes et des hommes qui souffrent, pris dans l’étau du ciseau des prix toujours en leur défaveur.
Quelles leçons allons-nous tirer de ces crises à répétition ? Nous ne pouvons nous satisfaire de gérer, une fois de plus, les crises avec les dispositifs habituels : il est temps de repenser nos politiques agricoles et de poser les bases d’une nouvelle politique agricole diversifiée et territorialisée.
C’est ainsi que l’on garantira un avenir et un revenu aux agriculteurs, à travers quatre mesures structurantes :
– Favoriser la mise en place de stratégies alimentaires locales et structurer les filières et outils, notamment par le maintien et la création d’abattoirs multi-espèces dans le cadre du « plan filière alimentation intelligente »
– Approvisionner durablement la restauration collective en produits durables (qualité, local..) à hauteur de 40% en 2020. Aujourd’hui 80 % de la viande consommée en restauration collective est issue de l’importation.
– Accompagner la conversion vers l’agriculture bio : 30% du lait biologique est importé.
– Prévoir un véritable plan protéines, pour accroître l’autonomie protéique des exploitations.
Brigitte Allain, députée de Dordogne et auteure du rapport parlementaire » Et si on mangeait local » présenté à l’Assemblée le 7 juillet dernier conclut : » Pour redonner de la valeur à l’alimentation, il faut croiser les logiques de filière avec les logiques de territoire. Le projet d’avenir pour l’agroalimentaire est là, à condition d’en faire une orientation globale et ambitieuse. »
Brigitte Allain, députée de la Dordogne
François de Rugy et Barbara Pompili, coprésidents du groupe écologiste
Eric Alauzet, Député du Doubs
Isabelle Attard, députée du Calvados
PLAN DE SOUTIEN A L’ELEVAGE FRANCAIS
«[L]’angoisse des éleveurs, il faut l’entendre, nous l’entendons, et y répondre, c’est ce que nous faisons (…) par des mesures d’urgence et [des mesures] structurelles. » « Ces mesures sont préparées depuis plusieurs semaines» et ont été présentées en Conseil des Ministres : (Premier Ministre 22/07/2015)
Les mesures MSA, report d’échéance de paiement de l’impôt sur le revenu, remboursement anticipé de TVA, exonération de taxes foncières, fonds d’allègement des charges représenteront pour les éleveurs un soutien financier de plus de 600 millions d’euros.
Les six priorités du Gouvernement :
- Redressement des cours et des prix
- Restructuration des dettes bancaires et des dettes « fournisseurs »
- Allègement des reports de charges
- Développement de la contractualisation dans les filières
- Développement des débouchés à l’exportation
- Amélioration de la compétitivité des filières
Déclinées en 24 mesures concrètes :
MESURES D’URGENCE DE SOUTIEN AUX ELEVEURS
- Poursuite de la mobilisation des abatteurs, transformateurs, industriels laitiers et acheteurs de la grande distribution pour respecter les hausses de prix auxquelles ils se sont engagés.
- L’Etat engagera avec les banques une restructuration de l’ensemble des dettes à moyen et long terme des éleveurs en difficulté, en particulier les jeunes et récents investisseurs, avec le soutien de la médiation du crédit.
- Cette restructuration s’appuiera notamment sur une prise en charge par l’Etat des charges financières des éleveurs les plus en difficulté dans le cadre du fonds d’allégement des charges (FAC) qui sera porté à 50M euros.
- La Banque Publique d’Investissement pourra garantir jusqu’à 500M€ de crédits bancaires de trésorerie aux entreprises du secteur de l’élevage pour faire face à l’ensemble de leurs besoins de trésorerie, notamment les créances vis-à-vis des fournisseurs.
- Report sur demande de la prochaine échéance de paiement des cotisations personnelles et employeurs de sécurité sociale.
- Prise en charge facilitée des cotisations des éleveurs les plus en difficulté dans le cadre de l’action sociale de la MSA.
- Mobilisation du dispositif du Fonds National de Gestion des Risques Agricoles, pour répondre aux besoins des régions touchées par la sécheresse et la canicule.
- Remise gracieuse sur demande des taxes foncières des éleveurs en difficulté.
- Assouplissement des conditions d’accès aux remboursements mensuels des crédits de TVA par la réouverture jusqu’au 15 septembre du droit d’opter pour une déclaration mensuelle. A titre exceptionnel, cette option pourra être exercée pour une période limitée à un an.
- Report sur demande des échéances de paiement des derniers acomptes d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les sociétés pour les éleveurs en difficulté.
MESURES STRUCTURELLES
- Pour reconquérir le marché national et pour les expéditions sur le marché communautaire et international.
- Soutien à hauteur de 10 M€ aux actions de promotion des filières viande bovine, porcine, et produits laitiers sur le marché national comme sur ceux des pays tiers.
- Renforcement des contrôles de la DGCCRF sur l’étiquetage de l’origine des produits – Logo « viande France ».
- L’Etat mettra en œuvre dans tous ses établissements les recommandations du guide juridique pour favoriser l’approvisionnement local, et mobilisera à nouveau les collectivités pour mettre en œuvre ces préconisations.
- Réactivation du dispositif de garantie public avec la COFACE pour maintenir le flux d’expédition de viandes bovines vers les acheteurs grecs traditionnels, dans le contexte de normalisation du dispositif bancaire grec
- Mise en place opérationnelle de la plateforme « Viande France Export » regroupant les opérateurs français pour répondre aux demandes des pays tiers importateurs.
- Renforcement des démarches auprès des autorités étrangères compétentes pour faire agréer les opérateurs à l’export, notamment en Asie et sur le pourtour méditerranéen.
Pour diversifier les revenus des éleveurs en les faisant participer à la transition énergétique
- Exonérations de fiscalité locale pour l’ensemble des installations de méthanisation agricole
- Adaptation des tarifs d’achat de l’électricité produite par les installations de méthanisation agricole
- Soutien au développement du photovoltaïque dans les élevages.
- Mobilisation des financements européens, notamment du Plan Juncker, sur les projets de méthanisation.
Pour restaurer la compétitivité des filières d’élevage
- Mobilisation du Programme des Investissements d’Avenir (PIA) et de BPI France pour améliorer la compétitivité des filières d’élevage afin d’assurer leur développement et leur pérennité.
- Amélioration des relations commerciales et contractuelles dans les filières animales.
- Simplification des procédures pour les éleveurs et amélioration des procédures de contrôles des exploitations agricoles pour donner suite aux préconisations du rapport de la députée Frédérique MASSAT.
- Renforcement de la protection des élevages ovins contre le loup et engagement par le gouvernement d’une démarche de déclassement du loup comme espèce strictement protégée, auprès de la Convention de Berne et de l’Union Européenne.