Intervention de Marc Borneck, président du groupe des élus EELV FC, lors de l'assemblée plénière du 14 décembre 2012 sur la présentation du budget 2013.
M. BORNECK.- Madame la Présidente, chers collègues, avant
d’aborder la partie budgétaire de notre assemblée, permettez -moi
de faire un petit tour d’horiz on du contexte national.
Il est, pour nous, nécessaire d’évaluer régulièrement ce
qu’il se passe autour de nous afin d’affiner, de réitérer et confirmer nos
volontés ainsi que notre détermination à
améliorer le présent et l’avenir de nos concitoyens. Or, il faut bien le dire,
nous sommes saisis de quelques doutes sur la bienséance, voire l’absence d’une
élémentaire décence quant à la gestion de certains dossiers par notre
gouvernement.
Je veux bien sûr, par là, évoquer la violence d’une rare
brutalité des interventions policières sur le site d’un impossible aéroport,
projet à l’envers des réalités actuelles, inutile et démesuré, qui pourrait
engloutir la bagatelle de plus de 600 millions d’euros. Cela nous rappelle,
bien évidemment, un sujet régional pour lequel nous avons déjà affirmé que ce
type d’investissement était du domaine du passé. Pour preuve : la comparaison
avec le nombre d’aéroports en Allemagne, dont on devrait bien s’inspirer, si
nous voulons vraiment prendre le titre de « Petite Allemagne » qui nous avait
tant réjouis lors de notre dernière assemblée.
Autre incohérence : l’annonce d’une liaison ferroviaire
transalpine Lyon-Turin au coût nominal de 8,5 milliards d’euros, prétendument
pour effectuer un report modal du fret, alors même qu’un décret vient de sortir
autorisant la circulation des poids lourds de 44 tonnes.
Que dire du coût d’un EPR qui vient encore de grimper de
quelque 2 milliards d’euros supplémentaires, le portant ainsi à 8,5 milliards
d’euros pour l’instant alors que le budget primitif était de 3,5 milliards
d’euros ? Et on nous parle de rigueur !
La rigueur, oui, mais l’austérité, nous ne la souhaitons
pas. L’une est prudence, l’autre destruction.
La rigueur peut paraître nécessaire, vertueuse ; l’austérité
peut être paralysante, voire dangereuse. L’État fait le choix de la rigueur,
voire de l’austérité.
Si c’est l’austérité, nous le regrettons profondément,
d’autant plus que les collectivités devront faire l’amortisseur en s’engageant
encore plus dans certaines de leurs politiques. L’exercice aura ses limites.
Par ailleurs, nous sommes déconcertés sur certains reculs du
gouvernement, que ce soit sur le non-cumul des mandats, le vote local des
étrangers ou encore sur la réforme fiscale.
Pourtant, s’il est un domaine qui nous touche, nous,
collectivité régionale, c’est bien le repli du fait régional. C’est à cet
échelon que les choses se dessinent et avancent favorablement. Nous attendons
beaucoup de l’acte III de la décentralisation, qui ne doit pas être un acte
manqué. La Région doit avoir davantage de compétences, comme vous l’avez
rappelé, Madame la Présidente, et obtenir de l’autonomie fiscale pour mener à
bien ses missions.
La réforme fiscale initiée par Nicolas Sarkoz y
a privé la Région de cette autonomie, au profit des blocs communal et
départemental. Le jacobinisme nous guettant, cette réforme semble avoir fait
des émules auprès de bon nombre d’élus, puisque la réforme annoncée ne semble
pas donner une véritable place à la Région. Presque tous les sénateurs, dont
nous savons qu’ils sont élus aux suffrages indirects, penchent dans ce sens.
Malgré la réitération de
Marylise Lebranchu rappelant que la gestion des fonds européens
par les Régions n’était pas remise en question, nous n’hériterons en fait que
de la gestion d’une partie de ces fonds, à savoir le FEDER et le FEOGA.
Adieu veaux, vaches, cochons, réforme !
Néanmoins, j’aimerais attirer votre attention sur deux mesures
phares de notre gouvernement :
- le recrutement massif d’enseignants, rompant ainsi avec la
logique de la RGPP, mesure majeure pour notre jeunesse et pour la qualité de
l’enseignement
- la lutte contre la pauvreté, avec un peu plus de places
d’urgence, un RSA qui va augmenter, un accompagnement pour les logements.
J’arrêterai là cet inventaire, en espérant qu’un sursaut
politique viendra confirmer d’autres mesures, telles que les deux que je viens
de vous citer.
Cela étant dit, je reviens à l’objet de nos débats de ce
jour.
À la lecture des documents budgétaires, je souhaiterais tout
d’abord féliciter l’ensemble des rédacteurs de cet énorme travail. Nous n’en
doutions pas, mais cette année encore, nous constatons avec satisfaction que
notre Région est bien gérée. Très bien gérée !
Ce budget marque bien les priorités que notre Majorité a
décidées : l’économie, les transports, l’emploi, la formation ou les bâtiments
d’avenir. Pour ces derniers, l’investissement s’élève à 54 millions d’euros. Je
le rappelle ici : lorsque nous investissons 100 euros dans la réhabilitation
d’un lycée, ce sont plus de 80 euros qui sont injectés dans une société franc-comtoise.
Ce budget marque bien l’effort concentré sur un maintien de
l’investissement et sur la maîtrise du fonctionnement. Nous le savons tous,
pour continuer dans cette voie, il nous sera désormais obligatoire de supprimer
des lignes budgétaires en investissement et en fonctionnement, reconduites
d’année en année et qui, de ce fait, nous semblent légitimes. Non, nous ne
sommes pas condamnés à financer les routes ! Non, nous ne sommes pas obligés de
financer autant notre communication ! Nous devrons ainsi revisiter tant nos
investissements que notre fonctionnement.
Force est de constater que le gel des dotations de l’État,
ajouté à notre perte d’autonomie fiscale, et je ne parle pas là de l’épée de
Damoclès que représente le fonds de péréquation horiz ontale
de la CVAE (moins 550 000 euros), tout cela affecte durablement notre capacité
d’autofinancement. Notre groupe regrette d’ailleurs que nous n’ayons pas
augmenté notre ressource fiscale en alignant le prix du cheval fiscal pour les
cartes grises à la moyenne nationale. Cette ressource représente une marge de dynamisme
que nous aurions pu traduire financièrement sur des politiques fondamentales.
Le jour où nous n’aurons plus aucune dynamique fiscale, il ne nous restera plus
qu’à faire simplement une gestion comptable de nos politiques.
Heureusement, la volonté de notre Majorité a pu encore
dégager plusieurs choix stratégiques pour l’avenir de la Franche-Comté.
Nous pensons qu’un véritable cercle vertueux se met en place
dans les choix de notre collectivité. Ainsi, nous nous félicitons de la
politique « Bâtiment d’avenir » de la Région, qui a su anticiper les besoins
des lycées, notamment les aider à réduire leurs coûts de fonctionnement dans
les années à venir, dont leur facture énergétique.
Il en va de même pour la construction de la Maison des
énergies, maison à énergie positive, qui permettra aux acteurs du bâtiment en
Franche-Comté d’avoir en main tous les outils nécessaires à la rénovation et la
construction des bâtiments du futur.
Par ailleurs, en intégrant dans la nouvelle Stratégie
régionale de développement économique la politique d’économie sociale et
solidaire, ainsi que les critères d’écoconception, la Région a pris conscience
qu’une autre économie était possible. Au regard de l’expérimentation des deux
nouvelles lignes ferroviaires transfrontalières (directions Vallorbe et le
Val-de-Travers), la Région se veut volontaire quant à la réduction du nombre de
voitures sur les routes. Nous saluons cet effort où l’on peut imaginer les
prémices d’un Plan rail, comme souhaité par notre Présidente.
Nous notons également avec beaucoup de bonheur que, dans le
cadre de notre politique Énergie, notre collectivité est maintenant prête à
créer une SCIC régionale de production d’énergies renouvelables, afin
d’organiser et commercialiser les productions locales.
Pour information, le cabinet d’audit Ernst & Young a
analysé le potentiel de création de valeur de l’éolien. Ainsi, côté emploi,
chaque million d’euros investi dans l’éolien au sein des 27 pays de l’Union
contribue en moyenne à la création de 20 emplois. En France, chaque million
d’euros investi crée seulement 12 emplois dont 2 directs, 5 indirects et 5
induits.
Cependant, cerise sur le gâteau, en termes de fiscalité en
France, chaque euro dépensé pour l’électricité éolienne génère une recette
fiscale de plus de 50 centimes. Nous avons là un véritable levier à mettre au
service des collectivités infra.
Concernant d’autres investissements, en particulier la phase
2 de la LGV RhinRhône, c’est avec sérénité que nous attendons les décisions de
la commission de révision du SNIT. Il sera toujours temps de redéployer ces
financements sur d’autres priorités.
Bien sûr, vous le savez ,
les élus Europe Écologie - Les Verts sont, par nature, exigeants et impatients.
C’est pour cette raison que nous apportons des critiques constructives au sein
de notre majorité. Ceci nous amène à partager et à porter avec nos camarades
socialistes des politiques efficientes. Si par un improbable hasard, un de nos
collègues siégeant dans l’opposition, venait une fois de plus essayer de
trouver là matière à démontrer une quelconque faille dans notre majorité, je le
redis solennellement : nous sommes fiers et heureux de participer à cette
majorité qui, elle, est au service des Francs-Comtois. Il serait assez
osé de la part de nos collègues de l’UMP de s’engouffrer, avec une dose de
sarcasmes, dans une quelconque brèche, alors qu’au sein même de l’UMP – ou
faut-il l’appeler maintenant le RUMP ! –, la crise se joue au plus bas niveau.
À vrai dire, chers collègues, je m’en soucie comme de coller
un tampon !
(Rires.)
Merci de votre attention
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