"La Loue est Morte, Vive la Loue !
Devrait-on dire aujourd’hui. " C'est ainsi que commence le discours d'Eric Durand, conseiller régional, à l'enterrement de la Loue (manifestation organisée par Europe Ecologie et les associations environnementales).
"Car ce que nous enterrons ce jour n’est pas le cours d’eau emblématique et poissonneux que nous aimons, mais un cours d’eau qui ne peut plus jouer dans sa catégorie, et je ne le dis pas que pour les pécheurs, qui se voit rétrogradé au rang d’une rivière banalement triste nous offrant un spectacle affligeant de poissons sur le flanc.
Je dis cela en préambule pour assurer à tout le monde que nous ne baissons pas les bras . Nous voulons faire de cet acte, un acte symbolique, reprenant le tableau mondialement connu de Courbet qui a su si bien peindre la Loue, un acte d’une mobilisation sans précédent pour sauver notre rivière.
Pour ma part je préfère par cet acte symbolique marquer le fait que nous enterrons la Loue polluée, et que demain nous retrouverons une nouvelle Loue, telle que nous l’avons connue dans un passé pas si lointain, sans remonter à l’époque de Courbet.
Nous avons choisi d’organiser cette manifestation pour montrer combien de personnes sont attachées à cette rivière, au-delà des écologistes et des pêcheurs.
La Loue irrigue les territoires de notre région et lui a imprimé son caractère.
L’utiliser comme simple produit d’appel touristique, ne suffira plus dorénavant. La Loue est un tout, c’est une rivière qui doit vivre et faire vivre, et non pas seulement un filet bleu dans un écrin de verdure pour dépliant touristique et carte postale.
Alors il est temps, de sortir des prêches habituels (désolé Mr. Le Curé), et des incantations et d’agir concrètement.
Déjà quelques pistes ont été lancées la semaine dernière lors de la table ronde organisée par le Conseil Général. Des signaux encourageants ont été donnés par les chambres consulaires, agricoles ou industrielles, mais sans doute faudra-il aller plus loin.
Il faut des mesures de court terme et d’autres qui devront être menées sur la durée. Il faut repenser des pratiques.
Les pratiques agricoles, tout d’abord qui ont glissé tout doucement ces 20 dernières années d’un système d’élevage des vaches sur paille vers un élevage sur lisier. Lisier dont il faut vite se débarrasser à la sortie de l’hiver en l’épandant sur des sols gelés ou détrempés, pour éviter un débordement de cuves non couvertes et sous dimensionnées.
Ces pratiques d’épandage seront à revoir tout comme la couverture des fosses à lisiers et des fumières ainsi que leurs redimensionnement. Le rééquilibrage vers un élevage moins dense avec des animaux élevés sur paille est une piste de long terme qu’il faut envisager sérieusement.
De leur coté, les artisans et les industriels, doivent considérer que les égouts et le milieu naturel ne peuvent accepter aucun rejet de produits toxiques. Des traitements du bois dans les scieries, aux rejets des ateliers de traitement de surface, nous devons parvenir au rejet zéro.
Les particuliers doivent aussi revoir leurs pratiques. Du jardinier du dimanche qui nettoie ses abords à coup de Roundup « pour faire propre », au bricoleur qui nettoie ses pinceaux dans son évier, il y a du chemin à faire. Chacun doit faire le lien un moment ou un autre, entre ses propres pratiques et le spectacle de désolation observé ces derniers mois.
L’assainissement collectif, avec ses stations d’épuration qui ne traitent pas tout le phosphore ou qui sont défaillantes et qui, de toute manière, ne fonctionne pas quand il pleut, ou l'assainissement individuel qui ne bénéficie pas d’un suivit attentif, devront afficher des objectif de résultats plus stricts.
La loue agonise depuis bien longtemps, elle risque de mourir d’une longue maladie comme on dit pudiquement mais pas d’un accident. Finalement je me demande si les poissons morts ne nous rendent pas service en rendant visible les effets d’une longue dégradation qui a lieu sous nos yeux et dont seuls les spécialistes et les pêcheurs en observaient les stigmates.
Pas d’écrevisses les pattes en l’air pour nous alerter de leur disparition depuis 30 ans, pas de changement de couleur de l’eau pour rendre visible l’augmentation des teneurs en nitrates depuis 20 ans, pas de signes spectaculaire de la pollution des sédiments en métaux lourds et autres éléments toxiques, pas de thermomètre pour nous indiquer l’augmentation de la températures etc.
Une mortalité subite identique à celle de cette année, a déjà eu lieu dans les années 70, et ne pensons pas trouver une cause unique à la mortalité de ces poissons, et même si on a détecté des teneurs très élevés en cyanobactéries, on ne peut espérer traiter la cause, juger le coupable et retrouver une Loue saine et en bon équilibre.
Il faudra agir collectivement sur tous les fronts sans jeter l’opprobre sur l’un ou l’autre, mais sans non plus refuser de voir les choses en face, comme certains le font actuellement.
L’Etat est responsable de la politique de l’eau. La France est régulièrement condamnée par L’Europe pour son manquement à la réglementation européenne dans ce domaine.
Dans le cas de la Loue, L’Etat doit reprendre sa responsabilité, les collectivités doivent l’accompagner et exiger des objectifs précis pour atteindre un bon état de la rivière et une protection définitive de sa qualité.
Après 6 années de contrat de rivière Loue, force est de constater que le résultat n’est pas au rendez-vous. Ce contrat de rivière est il le seul pour lequel l’état de la rivière s’est aggravé plutôt qu’amélioré ?
Des avancées significatives sur l’hydraulique de la rivière ont certes eu lieu, des passes à poissons et à Kayak pour les barrages, des réfections de berges etc. Mais sur le volet qualitatif, c’est à dire la qualité environnementale du milieu, le contrat de rivière n’a pas été à la hauteur. Sans doute est il plus compliqué de lutter contre des rejets de tout nature que de réaliser des aménagements sur le cours d’eau.
Le prochain programme d’action, qu’il s’appelle contrat de rivière ou pas devra prendre des mesures concrètes sur ces rejets. Il devra s'élaborer sur l'ensemble du bassin versant de la rivière.
Il faudra rester juste, ne pas raconter n’importe quoi, en inquiétant la population, mais sans non plus se masquer de la réalité et feindre que tout va bien tant que l’on ne voit rien.
Il faudra du courage politique, pour redonner à la Loue ce qu’elle mérite, une qualité à l’image de sa beauté.
Après l’enterrement à Ornans, programmons la re – naissance, comme une « origine du monde », pour rester dans l’allégorie courbetienne."
Retrouvez les photos de la manifestation en cliquant ici
A lire sur le site de la CPE : Dans l’inexorable dégringolade de la Loue, la dernière mortalité piscicole est un témoignage à charge de plus contre le laisser faire.
24 juin 2010
Enterrement de la Loue - Ornans 19 Juin 2010
Publié par Les Conseillers Régionaux Europe Ecologie-Les Verts à 17:01
Sujets : Environnement/Agriculture, Eric DURAND
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2 commentaires:
Bonjour M. Durand,
je suis un des trop peu nombreux pêcheurs qui sont venus à la manifestation du 19 juin.
(Comme je le supposais, parmi les pêcheurs présents il n'y avait presque que des pêcheurs à la mouche passionnés, de plus majoritairement situés à 1h30 de route ou plus d'Ornans. )
Je tiens à vous remercier pour l'organisation de cette manifestation et aussi pour la responsabilité de votre discours et votre connaissance du dossier.
J'ai particulièrement apprécié l'absence de politisation durant votre intervention, ton que j'ai retrouvé dans le débat télévisé sur France 3 auquel vous avez participé ce matin.
Merci encore et bon courage pour la suite de ce combat de longue haleine.
P.S: Essayez d'inclure le Doubs pour la suite, car cette rivière (notamment sa superbe partie Doubs-frontière) est dans le même état que la Loue et draine les mêmes pêcheurs à la mouche amoureux de ces deux ex- joyaux. Idem pour le Dessoubre même si dans ce cas, les "locaux" sont tellement obtus et fermés que c'est à désespérer . Je pense que vous avez déjà goûté à ces ambiances de Clochemerle doublées d'une sorte de clanisme paranoïaque
Philippe
EDGAR FAURE?
IL Y A BIEN LONGTEMPS,
pour se concilier les bonnes gràces des municipalités riveraines aiguillonnées par les agriculteurs qui se plaignaient des inondations sporadiques de la rivière (Des électeurs potentiels)
a décidé, à grand renfort de travaux au coût faramineux de transformer cette rivière citée en exemple en Europe pour ses qualités aquatiques et la présence d'une quantité considérable d'espèces de poissons,dont la truite en
UN CHENAL !
Le niveau moyen à Parcey était de l'ordre de 2,5 M !
Maintenant 50 Cm l'été
Aujourd'hui, les agriculteurs se plaignent amèrement qu'après 15 jours sans pluie leurs cultures ne recoivent pas l'eau qui du fait du niveau de la rivière alimentait auparavant leurs champs par capillarité !
Quel "Politique" aujourd'hui acceptera de soutenir un retour en arrière en reconstituant les méandres de la Loue !
PERSONNE !
Pas rentable électoralement !
JACOT
(qui a le dossier complet de l'assassinat de la Loue.)
Toujours en colère après
5O ans !
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