Intégristes ?

Combien de fois ai-je entendu ce qualificatif à l’égard des écolos, des agriculteurs bio, des antimilitaristes, des végétariens, enfin de tous ceux qui pratiquent une activité qui sort du lot ou qui militent pour une cause servant l’intérêt général.

On le sort comme cela, en le banalisant, mais en sachant très bien pourquoi on l’utilise usuellement. J’ai même entendu des qualificatifs du genre c’est le « Ayatollah de l’écologie », le « Taliban de l’anti-chasse », et aussi l’inévitable « Khmer vert ». Quand il s’agit de dénigrer une cause rien ne vaut un bel excès verbal… Comme si l’outrance pouvait être au service de la discussion.

Au contraire, l’excès de langage évite de se poser la question de fond, coupe court à la discussion, clos le débat. Vous passez de l’état de militant à celui de fanatique, votre cause servant l’intégrisme, devient inacceptable, et cela est finalement bien confortable pour celui qui ne veut pas entendre.
Dans notre société du consensus mou, du politiquement correct, il est stratégiquement utile d’écraser les nuances, de forcer le trait quand on veut démolir la cause et de prêter des intentions irresponsables, voire dangereuses à celui qui la défend.

Dans ce renchérissement du dénigrement, bientôt on dira le Mollah de l’homéopathie, le kamikaze de la macrobiotique, l’inquisiteur de la biodiversité et pourquoi pas le fasciste de...
Cette limite très douteuse a été franchie samedi 14 octobre à Besançon par des gens réclamant le rétablissement d’un droit fondamental, dénonçant une « atteinte grave » à la Liberté (avec un grand L), revendiquant le droit de pratiquer une activité naturelle, celle de circuler en véhicule tout terrain dans la nature.

N’hésitant pas à sacrifier une belle journée d’automne dans les bois, ils étaient 400 à venir manifester au volant de leur engin, leur volonté d’en découdre avec le ministère de l’écologie qui a eu le malheur de rappeler la teneur d’une loi datant de 20 ans.
La cause devait être juste, et l’esprit de tolérance grand, puisque les manifestants, pensant que l’intégrisme était du coté de l’écologie ont osé, inscrire sur une banderole ce slogan « Ministère écolo, retour à la Gestapo ».
Les résistants, les vrais, ceux qui ont risqué leur vie et ceux de leurs proches pour défendre une noble cause, apprécieront. Ils se sont battus pour que notre pays retrouve ses libertés, toutes les libertés, même celle de pouvoir manifester pour une cause débile et une pratique égoïste en utilisant des slogans abjects.

Eric DURAND
Parmi d’autres civilités exprimées sur les banderoles et relevées par la presse : « Circuler sur un chemin, c’est 1500€. Brûler des voitures, c’est gratuit »
Au moins, nous sommes sûr que les auteurs des ces propos poujadistes, ne nous donnerons pas leurs voix.