Une semaine ordinaire de Michel Perrier.

Michel PERRIER, conseiller régional. Membre de la commission Infrastructures, transports et déplacements

Contrairement à de nombreux collègues conseillers régionaux, je ne suis pas inscrit sur « facebook » ou sur un réseau similaire, raison de plus pour vous faire des compte rendus réguliers… que vous pouvez commenter pour donner votre avis. Difficile de trouver un temps suffisant pour m’astreindre à le faire journellement, mais cela m’a semblé intéressant, même de temps en temps. Pour cette première fois, je le ferais pour la semaine du 19 au 25 septembre, normalement une semaine ordinaire (sans session) d’un conseiller régional de base …mais pas si ordinaire que ça, en fait, actualité oblige !

 

THT et vies brisées.

Dimanche Direction le nord ouest du département pour une commune impactée par la ligne THT Cotentin Maine. Je suis invité à un pique nique de l’association « Larchamp Hors Tension » qui se bat encore et toujours, et qui mérite le soutien de tous les écologistes. Le pique nique a lieu au « petit mortain » chez une charmante dame d’origine anglaise. Sa maison, et le souvenir de son compagnon décédé, risque de se retrouver à moins de 100 m des cables. Une horreur !

 

Aujourd’hui : un paysage remarquable, un petit bois (qu’on me dit « déclassé » pour permettre l’arasement), un ruisseau en contre bas (le rollon). Une randonnée nous fera découvrir ce bocage préservé, où quelques résidences secondaires et plusieurs petits étangs apparaissent. Facile de comprendre l’ attachement des habitants à ce coin tranquille…

 

Plus d’une cinquantaine de potentiels riverains sont présents : des familles avec enfants (certains jeunes viennent d’arriver dans la commune), des personnes plus âgées, .. le désarroi est palpable, la colère digne.

 

La ligne n’est pas encore construite, et l’espoir existe encore. C’est ce que je répète pendant l’après midi. Impossible d’accepter ce diktat de Borloo, en faveur de l’EPR de Flamanville ( qui accumule les retards et les surcouts) et qui ne prend pas en compte les demandes quasi unanimes des élus locaux et le principe de précaution pour les riverains. La santé humaine n’est pas à vendre !Maintenant que les conséquences des champs électromagnétiques sur les personnes fragiles (enfants, personnes âgées, …) sont relativement bien connues, il ne devrait plus être possible de construire une telle infrastructure comme dans le passé.

 

Pour sa part, la région Pays de la Loire à l’initiative de Françoise Marchand avait demandé un minimum de 300 m entre les habitations et les cables, en vain, et a condamné publiquement la récente DUP (j’ai défendu le voeu en ce sens). A comparer au Conseil général de la Mayenne qui n’est pas intervenu publiquement et n’a rien fait pour s’y opposer…

 

Les recours déposés apparaissent comme une bouée de sauvetage. D’autant qu’il y en a six (dont celui des Verts et de Christophe Démas, un conseiller municipal d’Ernée), ce qui veut dire 6 cabinets d’avocats à rechercher une « faille » qui arrêterait au moins provisoirement le rouleau compresseur de l’Etat nucléaire . Pour info, je suis d’ailleurs requérant au nom de Stop THT, étant toujours co-président de ce collectif (qui n’avait pas procédé à mon remplacement officiel).

 

Une après midi sous le soleil qui renforce l’envie de stopper ce projet dangereux.

 

Une journée nantaise

Lundi : réunion du groupe Europe Ecologie le matin. Nous sommes 18, et nous essayons d’avoir régulièrement du temps collectif pour préparer les enjeux importants et assurer une cohésion importante. La campagne électorale nous avait déjà donné une expérience collective, et depuis 6 mois, un vrai groupe se constitue. A l’ordre du jour le recrutement d’Hélène Naulin, une nouvelle collaboratrice (ce sera la 4 ème et elle ne sera pas de trop). Celui-ci s’est fait après appel de candidatures, entretiens, et l’avis unanime d’une commission ad’hoc de 5 élus. Le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes occupe la majeure partie de cette réunion. Si chacun est d’accord pour s’y opposer et en faire un des enjeux symboliques de 2012, il y a bien évidemment des sensibilités différentes dans la tactique au jour le jour. Mais ces débats permettent d’avancer ensemble et de s’opposer le plus efficacement possible à la volonté des socialistes, nos partenaires de la majorité régionale.

 

L’après midi réunion de travail de cette majorité justement autour de l’agenda 21 de la région. Vous pouvez trouver toutes les infos sur le document actuel.

 

Il s’agit de définir une méthode pour le mettre à jour en l’améliorant. La discussion est intéressante, et beaucoup de conseillers font des propositions à partir de leurs expériences passées. Il est question de « développer les transports collectifs et les mobilités durables », un ange passe, et personne n’évoque le nouvel aéroport…

 

Fin d’après-midi, retour dare dare à Laval pour une rencontre collective avec un candidat possible aux prochaines élections cantonales. C’est réjouissant : il y a de sa part une formidable envie de se battre et de gagner. Il pourra sans aucun problème intégrer une équipe dynamique autour des sortants dont mon ami Claude Gourvil. La position des écologistes, et celle des socialistes, est évidente : présenter le ou la meilleure candidate, connue, implantée, quelque soit sa famille politique d’origine. Il n’est plus possible de présenter des candidatures de témoignage ou simplement pour mesurer l’influence de son parti. En Mayenne, comme dans de nombreux départements ruraux pourtant conservateurs, l’UMP et Sarkozy peuvent être des repoussoirs après les mesures prises (retraites, Roms, réforme territoriale,…), et les centristes comme Arthuis n’ont guère d’autres perspectives au final qu’un accord avec cette droite bling, bling, autoritaire et au service exclusif des plus riches…

 

Au boulot

Mardi, je reprends mes activités professionnelles à la CPAM. Je veux y consacrer au moins un mi-temps (le temps pris pour mes activités politiques étant comptabilisé en congé sans solde) pour continuer à effectuer des tâches que je trouve intéressantes, et au service des plus démunis. Malgré une petite réorganisation, une partie de mes fonctions passées se reportent sur ma collègue, ce qui n’est pas toujours facile à vivre pour elle. Il faut le reconnaître…

 

Le soir, covoiturage pour Angers avec Jean Michel Braud et Daniel Landelle. Nous allons participer au CAP régional (comité d’animation politique) où nous représentons la Mayenne. Pour ma part, j’y suis en tant qu’ancien tête de liste départementale aux régionales. Le mouvement « Europe Ecologie/les Verts » est dans une phase de structuration, toujours délicate. Un calendrier a été adopté : assises régionales le 9 octobre, puis nationale le 13 novembre à Lyon. Des textes sont soumis au débat (manifeste, statuts, …). Il faut donc préparer toutes ces échéances pour que demain chacun se sente bien dans le nouveau mouvement. Ensuite, il faudra légitimer nos représentants, nouveaux ou anciens. C’est un point que j’estime primordial : à côté des élus (locaux, régionaux, nationaux, européens), il faut un mouvement organisé avec de nombreux adhérents et militants qui élabore des positions, et les défendent dans la société. Les élus peuvent et doivent jouer leur partition, mais la petite musique des écologistes doit se diffuser beaucoup plus largement. Votre adhésion, celle de vos proches, est urgente… C’est le meilleur signe de soutien pour que se développe un mouvement écologiste qui pèse tant dans les mouvements que dans les institutions. Rendez vous sur http://www.europe-ecologie.fr

 

Un moment important est aussi consacré à Notre Dame des Landes. Les conseillers régionaux présents (Jean Philippe Magnen, Christophe Douge, Sophie Bringuy, moi) reviennent sur les événements de l’été (visite de Bussereau, déplacement de Cécile Duflot, Dany, Eva Joly et bien d’autres sur le terrain, votes à venir sur la participation des différentes collectivités locales). Pour la région, l’accord de deuxième tour interdit tout financement de nouveau programme routier, et nous sommes farouchement déterminés à le faire respecter. C’est aussi devenu maintenant un enjeu national dans le cadre d’un accord pour 2012. Là aussi, nous avons besoin du plus grand nombre. Plutôt que de commenter les propos de tel ou tel élu, il est indispensable de réouvrir le débat avec les éléments actuels. Ainsi, les déclarations des socialistes de Loire Atlantique demandant la fermeture de l’aéroport d’Angers ont été reçus très froidement par les socialistes du Maine et Loire. Ainsi, l’arrivée programmée de la ligne LGV jusqu’à Sablé et jusqu’à Rennes rapproche Nantes et Rennes de Paris, et aussi d’ailleurs de Roissy et de ses dessertes internationales, cela aura forcément des conséquences sur la fréquentation des aéroports de l’ouest. Ce ne sont que deux exemples…

 

Question cantonales, nous sommes aujourd’hui le seul département où les socialistes montrent une volonté sans équivoque d’avancer vers un accord, tant sur un programme départemental que sur la présentation de candidats uniques où les composantes de la gauche et des écologistes seront représentés. Le résultat de 2004 (6 cantons gagnés contre 2 auparavant) n’y est surement pas pour rien.

 

Non, je ne retraite rien.

Jeudi, manif.C’est la nouvelle journée d’action contre la réforme des retraites. FO, à la CPAM, avait parlé de journée « mortifère » et on me dit qu’à l’URSSAF, ce syndicat ne voulait pas déposer de préavis de grève… De telles polémiques caricaturales ne renforcent pas la mobilisation. Mais s’il y a des interrogations sur les méthodes de luttes, légitimes, les confédérations dirigent la mobilisation dans la durée, durée indispensable face à ce gouvernement et ce président autiste. C’est toujours un vrai bonheur de se retrouver si nombreux encore une fois. Pratiquement autant que le 7 septembre dernier, après le vote de la loi par l’Assemblée, c’est un succès dont les manifestants sont fiers. Woerth, Sarkozy et sa clique n’ont pas endormi les gens qui se rendent bien compte qu’on veut leur voler une partie de leur temps de vie sans contraintes. Je rencontre beaucoup de monde, certains perdus de vue (des anciens collègues, des syndicalistes de tous horizons, des amis, des militants des bonnes causes). Je discute surtout, du contexte politique, de la nécessaire alternative, et aussi des petites ou grandes nouvelles de chacun. Le tourbillon de la manif ne permet pas toujours d’aller au bout d’une discussion, de fixer la soirée ou le rendez vous attendu.

 

Le mouvement doit continuer, le gouvernement doit céder, c’est cette volonté que les manifestants expriment et quelques soient les nuances d’appréciation, chacun se félicite de l’unité réalisée dans la rue. Aux salariés dans les entreprises de décider leurs moyens d’action, aux confédérations de proposer, rapidement, de nouvelles perspectives…

 

Sur le terrain politique, si en 2012, nous participons au pouvoir, nous rétablirons le droit de partir à 60 ans, et à 65 ans sans abattement. C’est un minimum de justice dans le cadre d’une réforme plus globale, durable, qu’il faudra réaliser.

 

L’après midi, petite réunion de travail avec Jacques Hériveau (ancien cheminot, et secrétaire départemental des Verts) et Fabrice Eymon (responsable de la FNAUT). Je les ai sollicités pour prendre en compte leurs positions sur les projets ferroviaires dans la région : la ligne LGV, la virgule de Sablé (qui diminuera de moitié le temps de parcours Laval/Nantes), et la réouverture de la ligne Laval/Mayenne. Une longue discussion, toujours passionnante, où leurs compétences me sont bien utiles. Leurs points de vue, l’un à partir des usagers, l’autre des salariés de l’entreprise ne m’ont jamais autant apparus complémentaires.

 

Douche froide en soirée. La pluie tombe drue, mais l’annonce commune Le Drian/Auxiette (au nom des régions Bretagne et Pays de la Loire) fait monter l’adrénaline. Les deux Présidents, dont l’un d’ailleurs a refusé un accord avec les écologistes au second tour, annonce tout de go le financement de la plateforme aéroportuaire, de ses dessertes et un vaste programme de liaisons ferroviaires à grande vitesse, vers une transversale est/ouest. L’impression de retourner au siècle dernier… C’est d’autant plus désagréable que nous faisions confiance aux socialistes pour élaborer une solution qui respecterait l’accord passé.

 

Certes, quelques projets sont positifs. La modernisation tant attendue des lignes bretonnes notamment et pour les mayennais l’ajout de la virgule de Sablé à la nouvelle ligne LGV qui permettra de rapprocher Laval de Nantes et d’Angers et de développer les trajets régionaux. Mais l’ensemble tourne le dos à tout développement soutenable en multipliant les infrastructures ( pour faire plaisir à De Villiers, il est même prévu un nouveau franchissement de la Loire). Dans une période de difficultés budgétaires, ce n’est vraiment pas responsable. Ecartés de la décision, et de l’information, les collègues d’Europe Ecologie sont stupéfaits, et le font savoir sur notre liste interne. Cette déclaration ne sera pas sans conséquences.

 

Rififi dans la majorité régionale

Vendredi Je pars pour une réunion à Nantes , prévue depuis longtemps, des conseillers transports de la majorité régionale. A 6 H 25, je prends le car pour Angers à la gare routière de Laval. Celle-ci n’en a que le nom ! Il faut d’abord cheminer entre deux grillages, puis le long d’un hangar désaffecté. Glauque. Au petit matin, dans la pénombre, il est facile de s’imaginer dans un vieux film d’espionnage. Cette zone n’est pas digne de recevoir des voyageurs…

 

Le car a un peu de retard, et à la gare d’Angers, je n’ai que 2 minutes pour monter dans le TGV pour Nantes. Pas toujours facile l’intermodalité ! A noter le très utile site Destinéo qui permet de connaître toutes les possibilités de déplacement dans la région. C’est une excellente initiative de la région, et c’est une réussite.

 

A l’hôtel de région, c’est le branle bas de combat. Jean Philippe Magnen a demandé de boycotter toutes les réunions prévues ce vendredi et de tenir en urgence une réunion de groupe. Il y a besoin de réagir collectivement à l’attitude et aux décisions des socialistes à propos de l’aéroport et de ses dessertes. Avec Marie Laure Motreuil, une collègue de la Sarthe, nous allons annoncer cette décision à Gilles Bontemps, le Président de notre commission transports/infrastructures. Moment de surprise passé, celui-ci cherche malgré tout à nous convaincre que les déclarations du Président Auxiette ne sont pas contradictoires avec l’accord du 2ème tour. En vain. Je ne participerais pas non plus à la visite prévue, par le Préfet de la Mayenne, avec Gilles Bontemps sur le site des fouilles archéologiques à Moulay.

 

Les élus d’Europe Ecologie arrivent les uns après les autres, mines souvent renfrognées, quelques uns inquiets, mais tous semblent conscients de l’importance pour l’avenir des décisions à prendre. Les propos échangés confirment cette impression. C’est avec un grand sérieux que les différentes hypothèses sont étudiées, avec les conséquences qu’elles entrainent. Assez rapidement, un consensus fort s’établit et les multiples interventions des uns et des autres permettent de le peaufiner. Les quelques absents font part d’une position similaire. :il n’est pas possible de tergiverser ! Ce rapport de force que nous voulons utiliser, avec nos 18 élus, provient de notre excellent score du 1er tour en autonome. Il faut toujours s’en rappeler…

 

Dans cette situation conflictuelle, la cohésion du groupe est réelle. C’est une excellente surprise. Néophytes ou politiques expérimentés, conseillers de base ou avec des responsabilités, tous arrivent aux mêmes conclusions. Ce sont nos convictions collectives qui s’affirment, et la situation de chacun reste secondaire. Dans le contexte actuel, je crois réellement que cela participe à la réhabilitation de la politique et des politiques.

 

Pendant tout ce temps, les liens sont fréquents avec les élus bretons d’Europe Ecologie (qui sont eux dans la minorité face aux socialistes), avec Cécile Duflot, avec beaucoup de responsables écologistes dans la région… Et toutes les réactions sont convergentes ! Un communiqué partira dans l’après midi : Nous décidons de rendre public notre position dans une conférence de presse spécifique lundi après midi, après celle d’Ayrault, d’Auxiette et de Mareschal (président du Conseil général de Loire Atlantique). Le message sera clair. Et pour d’ici là, malgré les pressions médiatiques et les demandes socialistes, nous n’interviendrons pas publiquement.

 

En fait, le plus dur sera de ne pas répondre aux légitimes questions sur les listes des adhérents EE et Verts, d’autant que quelques uns alimentent la suspicion envers les élus régionaux ou certains d’entre eux. Vivement que la structuration du nouveau mouvement écologiste soit réalisée…

 

Aide publique au développement

Samedi après midi, la CASI (coordination des associations de solidarité internationale ) organise une conférence débat à Laval. J’y participe chaque année, et je serais donc absent au déboulonnage symbolique d’un pylone THT prévu à Isigny le Buat (50). Cette action a le mérite de montrer que le fatalisme n’est pas de rigueur et plusieurs amis y seront.

 

La CASI a invité Philippe Barrieu, un professeur d’économie bien connu, sur le thème :« 50 années d’ aides internationales, pour quels résultats ? ». Faute de temps, l’orateur centre uniquement son intervention sur l’aide publique, en excluant la coopération et l’aide privée. Difficile de faire autrement , mais cela limite forcément la réflexion et la compréhension.

 

Il présente beaucoup de chiffres, cela donne des repères, et il insiste particulièrement sur quelques points qui me paraissent essentiels : la moitié de l’aide française reste dans notre pays (annulation de dettes, aide aux étudiants qui reste ici ensuite, …), l’aide attribuée est trop souvent bilatérale et « liée », et reste bien loin des objectifs fixés pour répondre aux besoins.

 

Sans condamner totalement l’aide publique, Philippe Barrieu met en exergue les politiques suivis qui la rendent nécessaires, tel un véritable cercle vicieux. La taxation importante des produits venant des pays les plus pauvres, et à contrario les subventions importantes versées à nos exportateurs et notamment aux agriculteurs. Albert Ody, de la Confédération Paysanne, dans son intervention obtient un consensus des participants avec l’idée du droit à la souveraineté alimentaire. Cela devrait être effectivement la priorité comme l’a souvent défendu José Bové notamment. Je continue la discussion avec plusieurs animateurs du centre des Trois Mondes (dont le local avec plein de documentation est au 37 rue Victor, toutes les infos.) N’hésitez pas à aller les voir…

 

Michel PERRIER

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